Dieu reste le maître de l’Histoire

Alain Pilote le lundi, 01 janvier 2024. Dans Éditorial

Un des grands mystères de la foi chrétienne — et une grande consolation pour nous tous — c'est que malgré tous les égarements et mauvaises décisions humaines (guerres, injustices, crimes, etc.), Dieu reste maître de l'Histoire humaine, et accomplit son plan d'amour, tout en respectant la liberté humaine. C'est-à-dire que l'amour et la puissance de Dieu sont tellement grands qu'Il peut faire tourner en bien ce qui était intrinsèquement mal.

Prenons l'exemple, dans la Bible, de Joseph vendu par ses frères (Genèse 37). Il a été certainement vendu par haine et jalousie, ce qui est évidemment mal, mais Dieu a fait en sorte que cette action aboutisse plus tard en bien, puisque par la suite, c'est Joseph, devenu l'homme le plus puissant d'Égypte, aux côtés du Pharaon, qui a pu sauver ses frères et toute la tribu de Jacob de la famine.

Cela dépasse bien sûr notre entendement, mais ce qui est impossible à l'homme est possible à Dieu. Il suffit de faire confiance à Dieu en toutes circonstances puisque, comme le dit saint Paul, « Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (Romains 8, 28).

On peut tirer des exemples similaires dans la vie de Louis Even, le fondateur de Vers Demain, dont nous célébrons en 2024 le 50e anniversaire de son décès. Premièrement, dans sa jeunesse, alors qu'il était Frère de l'Instruction Chrétienne en France, une loi anticléricale du gouvernement français en 1903 chassa tous les religieux de France ; Louis Even fut donc envoyé par ses supérieurs au Canada.

Deuxièmement, Louis Even dut quitter l'enseignement, dans la région de Montréal, car il était devenu sourd, et les appareils auditifs à l'époque n'étaient pas ce qu'ils sont aujourd'hui. M. Even fut donc réassigné par ses supérieurs à l'imprimerie de la communauté, à Laprairie. En 1920, M. Even fut relevé de ses vœux et s'engagea à l'imprimerie de Garden City Press, à Ste-Anne de Bellevue, à l'ouest de Montréal.

Lui et son patron, J.J. Harpell, avaient un grand souci de justice sociale, et c'est là qu'en 1934, Louis Even découvrit la solution lumineuse de la Démocratie Économique (ou crédit social), qui allait changer le cours de sa vie (voir page 5). M. Even s'écria : « C'est une lumière sur mon chemin, je dois la faire connaître à tout le monde. » Si Louis Even n'avait pas été envoyé au Canada, et n'était pas entré à l'emploi de l'imprimerie de Garden City Press, il n'aurait jamais connu le crédit social, et n'aurait jamais fondé Vers Demain.

Dans sa Providence, Dieu agit parfois de façon mystérieuse, mais il faut savoir s'abandonner et Lui faire confiance. Un exemple remarquable de cette confiance en Dieu est celui de sainte Thérèse de Lisieux, à laquelle le Pape François a récemment consacré une exhortation apostolique qui débute par ces mots : « C'est la confiance et rien que la confiance qui doit nous mener à l'Amour ».

Alors que les médias nous abreuvent de nouvelles inquiétantes (les guerres, l'argent numérique qui remplacerait le papier-monnaie, l'intelligence artificielle qui pourrait servir à contrôler les gens), on peut logiquement craindre l'avenir, et même être paralysés par la peur. En regard de cela, il est bon de relire ce que le Pape a écrit dans son Exhortation :

« La pleine confiance, qui devient abandon dans l'Amour, nous libère des calculs obsessionnels, de l'inquiétude constante pour l'avenir, des peurs qui enlèvent la paix. Dans ses derniers jours, Thérèse insistait sur ce point : "Nous qui courons dans la voie de l'Amour, je trouve que nous ne devons pas penser à ce qui peut nous arriver de douloureux dans l'avenir, car alors c'est manquer de confiance". Si nous sommes entre les mains d'un Père qui nous aime sans limites, cela sera vrai en toutes circonstances, nous nous en sortirons quoi qu'il arrive et, d'une manière ou d'une autre, son plan d'amour et de plénitude se réalisera dans notre vie. » Avons-nous assez la foi, faisons-nous assez confiance à Dieu, pour penser et agir ainsi dans nos vies ?

Vous remarquerez que ce numéro parle beaucoup d'économie, de réforme monétaire, dans le but de mettre fin au scandale de la pauvreté, et d'assurer au moins le nécessaire à tous. Cela ne signifie pas que Vers Demain soit devenu matérialiste — le salut des âmes reste l'objectif principal —, mais tout simplement que si une suffisance de biens matériels ne rend pas nécessairement l'homme vertueux, l'absence de biens matériels rend la pratique de toute vertu impossible. On peut lire d'ailleurs dans le Livre des Proverbes (30, 8-9) : « Seigneur, ne me donne ni pauvreté, ni richesse, accorde-moi le pain qui m'est nécessaire : de peur que, rassasié, je ne te renie et ne dise : "Qui est Yahweh ?" ; et que, devenu pauvre, je ne dérobe, et n'outrage le nom de mon Dieu. »

 Le pape saint Paul VI écrivait dans son encyclique Populorum Progressio (paragraphe 75) : « Plus que quiconque, celui qui est animé d'une vraie charité est ingénieux à découvrir les causes de la misère, à trouver les moyens de la combattre, à la vaincre résolument. » Cela décrit très bien l'action de Louis Even, il a vraiment cherché à éduquer les gens sur les causes de la pauvreté – le système d'argent-dette actuel – et les moyens de la combattre — les propositions financières du Crédit Social, ou Démocratie Économique. Bonne lecture !

Alain Pilote

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