Ce n'est pas un conseil, c'est une obligation que la finance internationale veut imposer au monde d'après-guerre : "Vous avez besoin d'argent, vendez votre souveraineté nationale".
Les financiers qui ont conduit le monde jusqu'ici croient sans doute que nous nous battons pour affermir leur domination. S'ils ont à se plaindre du passé, c'est d'avoir rencontré trop de souverainetés nationales sur leur chemin. Ils ne peuvent espérer faire tomber toutes les frontières, supprimer toutes les nationalités, mais ils réclament au moins une autorité centrale, une police internationale à leur service.
Nous n'inventons pas cela. En voici un nouveau témoignage. La citation provient d'un article publié dans "The Voice of Austria", édition d'août 1941. Cette publication de New-York est sans doute rédigée par ces évadés d'Europe qui, après avoir contribué pour leur part à placer le vieux continent dans l'état où l'on sait, viennent maintenant semer leur philosophie en Amérique.
L'auteur de l'article cité est Ludwig von Mises, récemment professeur de relations économiques internationales à l'Institut des Études Internationales de Genève, autrefois professeur d'économie politique à l'Université de Vienne (Autriche).
M. Mises écrit donc :
"Si l'on veut tant soit peu espérer obtenir du capital étranger pour la reconstruction de l'Europe après la guerre, il est essentiel d'établir un nouveau système légal pour la sauvegarde de ces placements. Aucun pays qui s'obstine à chercher le maintien de sa pleine souveraineté dans ce domaine ne peut s'attendre à attirer le capital étranger.
"Le nouveau pacte de la Ligue des Nations devra inclure des restrictions sévères aux droits souverains de toute nation qui désire emprunter à l'étranger ou obtenir des placements étrangers. Toute mesure unilatérale qui affecterait les obligations contractuelles, le systèmes monétaire, les taxes et autres matières importantes, devra être rendue illégale. Les pays débiteurs ne devraient pas avoir plus de droits que des débiteurs privés. Nul pays ne devrait avoir le droit de léser des placeurs étrangers.
"Toutes ces stipulations devront être efficacement mises en vigueur par des tribunaux internationaux et des sanctions que la Ligue devra appliquer avec plus de succès que dans le passé. Des mesures cœrcitives sont indispensables pour faire payer des pays débiteurs peu empressés.
"Naturellement, cela équivaut à imposer des limites très rigides à la souveraineté nationale. Mais il n'y a pas d'autre moyen de rendre de nouveau possible les transferts de capitaux internationaux. Les nations intéressées auront à choisir entre la renonciation au secours du capital étranger ou l'abandon de leurs pouvoirs souverains illimités."
Ces paroles sont sans doute destinées à échauffer l'ardeur des nations combattantes qui, comme le Canada, appellent le capital étranger par toutes leurs fenêtres.