Une lettre d'Alberta

le lundi, 01 juin 1942. Dans L'économique

Un député du parlement créditiste d'Edmonton, M. J.-William Beaudry, écrivait récemment à l'un de ses amis de l'Abitibi. M. Beaudry est Canadien français, catholique aussi. il venait justement de terminer une retraite fermée lorsqu'il écrivit à son ami. Les députés créditistes ne sont absorbés ni par le culte de Banco ni par les cabales pour trom­per l'électorat, il leur reste un peu de temps pour penser à leur âme.

L'ami de l'Abitibi nous ayant communiqué cet­te longue lettre, nous en citons quelques passages qui, croyons-nous, intéresseront le lecteur.

"L'Alberta est peuplé en partie de gens auda­cieux qui travaillent à opérer des réformes tempo­relles dans le monde. Beaucoup a été accompli jusqu'ici, mais il reste encore un long trajet à parcourir, car il faut lutter contre une force mon­diale puissante et quasi-invincible. Je veux dire le pouvoir financier international, qui contrôle tout — production, distribution, consommation — par l'intermédiaire du monopole de l'argent. Il est aussi la cause de la guerre, qui arrêtera quand la finance le voudra, à moins que la Providence in­tervienne miséricordieusement.

"Les gouvernements de la plupart des pays sont sous la dictée de cette puissance monétaire, tout en amusant le peuple, qui se laisse tromper et ne sait plus de quel côté se jeter pour obtenir protec­tion et secours. La sincérité, la vérité est reléguée après les intérêts matériels. Mais il y a encore du bien dans l'univers, et on retrouve des consola­tions parmi les pauvres, qui semblent être les meilleurs amis de l'homme, lorsque les privations accumulées ne les ont pas tout à fait conduits au découragement et à la haine de la société désor­donnée dans laquelle nous vivons.

Puis, après un tableau de la pauvreté au sein de l'abondance, M. Beaudry continue :

"Depuis 1935, le gouvernement d'Alberta tra­vaille à remédier à cet état de choses anti-chrétien, mais l'ennemi est très puissant, et nous le rencon­trons tous les jours, car il couvre l'univers comme d'une toile d'araignée. Chaque fibre de la société est tenue par l'araignée financière qui est au cen­tre et cherche à centraliser les pouvoirs, à former un État mondial avec contrôle militaire et moné­taire et avec le pouvoir d'accorder ou de refuser les droits civils à chaque citoyen.

"...Un étranger qui n'a que les journaux serviles pour se renseigner ne connaît pas ce qui se passe en Alberta. Le pouvoir fédéral usurpe les droits des gouvernements provinciaux. Il se fait le pro­tecteur de nos ennemis et désavoue nos lois. À cause de cela, nous n'avons pu encore établir le système créditiste que le peuple a réclamé par son vote. Nous y arriverons cependant indirectement. C'est dans ce sens que notre gouvernement a éta­bli ses trésoreries.

"Comme résultat de notre administration en Al­berta, nous avons cessé d'emprunter ; nous avons réduit la dette provinciale, augmenté les services publics et fait plus de travaux qu'aucun gouver­nement passé sans augmenter les taxes. Nous avons diminué les taxes des pauvres et imposé da­vantage les riches corporations. Si on nous per­mettait d'établir le système créditiste, avec émis­sions d'argent, les taxes disparaîtraient et nous au­rions la médecine et beaucoup d'autres services gratuits, car ce sont des choses physiquement pos­sibles.

"En Alberta, nous soignons gratuitement les malades du cancer ; nous procurons gratuitement l'hospitalisation aux tuberculeux ; nous soignons aussi gratuitement les victimes de la paralysie in­fantile. Nous donnons aux mères nécessiteuses un boni de quinze dollars pour chaque nouveau-né. Nous payons aux veuves une pension basée sur le nombre d'enfants au-dessous de seize ans. Nous avons monté à $25.00 par mois la pension de vieil­lesse.

"Le gouvernement donne un boni de cinq pour cent sur leurs achats à ceux qui se servent de la monnaie provinciale ; c'est-à-dire à ceux qui font leurs paiements par l'intermédiaire des trésoreries, Pourvu qu'au moins la moitié de leurs achats por­tent sur des produits de l'Alberta.

"Par exemple, je dépose cent dollars d'argent bancaire à la Trésorerie de Saint-Paul. Puis, je vais au magasin Brosseau, ou à la coopérative, et j'achète pour $80 de marchandises, que je paie au moyen d'un chèque (trade-claim) tiré sur la Tré­sorerie de Saint-Paul. Le marchand marque sur, le coin du chèque quel montant de mon achat est pour de la marchandise produite en Alberta. Lors­que le chèque rentrera dans la Trésorerie de Saint-Paul, le gérant me créditera, dans mon compte, la somme de quatre dollars. Je crois que l'Alberta est le seul gouvernement au monde qui paie ainsi un boni de cinq pour cent à ceux qui dépensent leur argent. Si j'achète seulement des marchandi­ses non produites en Alberta, mais que je paie de la même manière, le gouvernement me donnera seulement deux pour cent.

"...Lorsque nous aurons un gouvernement cré­ditiste à Ottawa, nous pourrons contrôler et émet­tre notre argent par l'intermédiaire de la Banque du Canada, cesser les emprunts, développer notre pays, faire jouir tous les citoyens des richesses que nous avons, sans enlever un cent à personne ; car le système créditiste n'est ni C.C.F., ni socialiste, ni communiste, mais il favorise l'individu et prê­che l'émission de l'argent par l'État, au lieu d'un État esclave du banquier international qui con­trôle tout... Le système créditiste est chrétien et travaille dans l'intérêt de l'individu, qui n'est pas fait pour l'État. L'État a été constitué pour la protection des individus ; chaque personne a droit d'avoir accès aux biens de l'univers, créés pour permettre à la personne d'arriver à sa fin, qui n'est pas de cette terre..."

J.-William BEAUDRY, C.R., M.P.P. Saint-Paul (Alta).

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