On nous parlera dans l'article suivant du livre « Le terrorisme à visage humain » de Mgr Michel Schooyans, « éminent théoricien en politique », membre de l'Académie pontificale des Sciences sociales à Rome :
Mgr Michel Schooyans, professeur émérite à l'université de Louvain (Belgique), dans son ouvrage « Le terrorisme à visage humain », montre les conséquences mondiales d'une idéologie qui considère le corps humain comme une chose.
Il dénonce le « bioterrorisme » aussi meurtrier que le « terrorisme guerrier » qui déstabilise l'équilibre démographique du monde. Ainsi, selon le Fnuap (Fond des nations unies pour la population) 45 millions d'avortements sont pratiqués par an et 70 000 femmes en meurent.
Pour Mgr Schooyans, c'est le fruit de « l'idéologie malthusienne mise en œuvre depuis la seconde guerre mondiale » qui ne reconnaît pas que l'homme puisse être créateur de richesses. Cette idéologie part du principe que plus il y a de pauvres, plus il faudra partager les richesses avec eux. Donc il faut les empêcher de se reproduire. Ainsi 40% de la population féminine du Brésil et du Mexique est stérilisée. Mgr Schooyans dénonce l'erreur de cette idéologie avec l'exemple de l'Inde. Ce pays qui « vers 1960 comptait 250 millions d'habitants, dont une majorité d'affamés, alimente aujourd'hui un milliard d'habitants et exporte des céréales ».
Mgr Schooyans montre que l'industrie pharmaceutique a largement investi et profité des choix malthusiens. Le marché de la contraception est assez énorme puisqu'il s'étend à toutes les femmes de 15 à 49 ans. Dans nos pays, 70% des femmes en âge de procréer prennent une contraception. Ce marché est en plus porté par une mentalité hédoniste : « le droit au plaisir, à la consommation sexuelle sans risque ».
Mgr Schooyans montre comment la terminologie est utilisée pour véhiculer des idées fausses. Il prend plusieurs exemples comme celui de l'embryon. Les mots zygote, morula, blastocyste sont souvent utilisés non pas simplement pour décrire les différentes étapes du développement de l'embryon mais pour faire croire que l'œuf fécondé passe de stade en stade avant de devenir un petit homme. « On laisse croire qu'à chaque terme correspond une réalité distincte » si bien que « supprimer un embryon ne serait donc pas supprimer un enfant ». Sur la contraception, le raisonnement général veut que la pilule agisse avant la nidation et de ce fait ne soit pas abortive. Pourtant les chercheurs ont eux-mêmes informé de l'action de la pilule « sur l'embryon et sur ses dangers pour la femme ».
Cette manipulation sémantique conduit les gens à souscrire petit à petit, tranche par tranche, à des programmes anti-vie « qu'ils refuseraient en bloc ». C'est ce que Mgr Schooyans appelle « la tactique du salami ». La raison de l'être humain est ainsi « bridée, déprogrammée-reprogrammée ». « Nous sommes tous exposés aux bombes d'une terreur douce, subventionnée par les États, votée par les parlements, célébrée dans les médias ».
Mgr Schooyans fait référence à Humanae Vitae rédigée par Paul VI (1968). Il rappelle que Paul VI n'avait pas tenu compte des conclusions de ses conseillers dont la pression visait trois objectifs : une éthique du plaisir, le contrôle démographique des pays pauvres et la révisibilité d'un enseignement pontifical.
Pour Mgr Schooyans, nous sommes « bel et bien aux prises avec une révolution culturelle qui n'est pas étrangère aux « pathologies de la raison ». Il appelle à revenir aux philosophes « qui posent, au point de départ de l'activité intellectuelle, l'admiration de la réalité ». Il encourage l'Église à mobiliser ses fidèles « dans un examen lucide des lois, et une objection de conscience organisée si nécessaire ».
(« Le terrorisme à visage humain » par Michel Schooyans en collaboration avec A-M Liebert, Ed. FX de Guibert, 2006.)