Très canadien !

le jeudi, 01 janvier 1942. Dans Réflexions

Prenez l'Annuaire de la compagnie de téléphone Bell, de Montréal. Vous y pouvez compter 113 compagnies dont le nom commence par Canada et 425 dont le nom commence par Canadian.

Il serait intéressant de savoir combien, parmi ces 528 compagnies, sont canadiennes de toute pièce. Combien, par ailleurs, se servent de ce qua­lificatif pour signifier qu'elles sont une extension canadienne de la compagnie de même nom (moins le qualificatif), américaine ou internationale.

Vous lisez : Canadian General Electric Co. Com­prenez : succursale canadienne de la General Elec­tric.

Vous lisez : Canadian Linotype Co. — Simple succursale d'une compagnie de Brooklyn.

Vous lisez : Canadian International Paper Co. N'allez pas croire qu'il s'agisse d'une compagnie canadienne avec des ramifications dans tous les pays. Au contraire : compagnie internationale, dont une puissante griffe s'est étendue sur les fo­rêts, les pouvoirs hydrauliques et les moulins du Canada.

On pourrait continuer la liste. Dans combien de cas le mot Canadien est-il un certificat de naissan­ce, et dans combien de cas une marque d'immigra­tion ?

À la vérité, il y a du canadien dans ces succur­sales : des travailleurs canadiens avec leurs sueurs ; du matériel, des richesses naturelles. Ce qu'on exploite est canadien. Mais ce qui contrôle l'objec­tif, ce qui donne la puissance, ce qui détermine le bureau de direction — l'argent — y est une impor­tation. L'exploiteur est étranger.

Canada... Canadian... Co. Très canadien !

Poster un commentaire

Vous êtes indentifier en tant qu'invité.