Sur la montagne

Gilberte Côté-Mercier le lundi, 15 juin 1942. Dans Réflexions

Avant d'arriver à Magog, sur la route qui vient de Montréal, l'on voit le Mont Orford, le plus haut des environs.

On le distingue de très loin dans la brume. Alors, il paraît petit.

Si on s'avance, il se précise, les arbres se des­sinent. Il est beaucoup plus beau, mais on dirait qu'il s'éloigne. On est surpris de l'avoir cru si près.

Bien sûr qu'il doit se rapprocher de plus en plus, mais on ne l'atteint pas encore. Pas même maintenant qu'on a beaucoup marché.

Mais, voyez donc comme il s'élève et s'embel­lit toujours ! C'est magnifique. Il faut y toucher à tout prix !

Et il recule encore...

Il est déconcertant ce Mont Orford ! Si beau, mais..., inaccessible.

Marchons encore. Bon ! Le voici à nous ! Ah ! cette fois, nous le tenons.

Bravo ! Nous sommes au pied de la monta­gne !

Il a fallu parcourir tant de chemin avant de seulement commencer à l'escalader. Et elle est abrupte, la montagne.

Bah ! Nous avons de l'entraînement. Et nous ne sommes pas venus jusqu'ici pour nous arrê­ter. Et elle est si belle ! Et dominer avec elle tou­te la plaine doit être un délice qui vaut bien une ascension pénible.

D'ailleurs, les fatigues, ça s'oublie avec la vic­toire.

En avant ! Montons !

Toutes les montagnes élevées et belles sont comme le Mont Orford. Elles nous causent les mêmes émotions et nous procurent les mêmes joies.

Le Crédit Social ne semble-t-il pas aussi être une magnifique et très haute montagne ?

Lorsqu'on commence à marcher vers lui, on le voit dans la brume, on le croit tout près de soi.

À mesure qu'on arrive, il est plus élevé et plus loin, mais de plus en plus beau.

Actuellement, dans la province de Québec, nous entreprenons une petite réalisation de Cré­dit Social avec l'Association Créditiste. Ce sont les approches de la montagne.

L'Association Créditiste est peu de choses à comparer au sommet du Crédit Social. Ce peut même être décourageant parfois de voir l'objec­tif de plus en plus élevé et de plus en plus éloi­gné.

Ce qui fortifie le moral et donne des ailes pourtant, c'est que l'idéal, comme la montagne, se précise et s'embellit toujours.

La technique actuelle de l'Association Crédi­tiste est une première étape, une première vi­sion de la montagne.

Lorsque cette première étape sera traversée, lorsqu'elle aura produit tous ses effets, c'est-à-dire permis de faire une sélection parmi les cré­ditistes, fortifié les lutteurs, augmenté leur nom­bre et organisé l'armée pour cette guerre, alors, le passage à la seconde étape se fera facilement. Nous espérons que ce sera au printemps de 1943.

Les arbres, alors, dans la montagne du Crédit Social, nous apparaîtront dans toute leur splen­deur.

Nous commencerons même à grimper sur le flanc abrupt. Ce sera la grande lutte, à grands coups d'argent, contre cette puissance d'argent qu'on ne peut vaincre que par les mêmes armes de l'argent.

Puis, enfin, nous atteindrons le sommet qui domine. Et nous dominerons avec lui, et nous profiterons de l'air des hauteurs, et nous joui­rons des magnificences de la plaine.

Cet idéal, est-il accessible ? Mais, oui, bien sûr, il est aussi accessible que le sommet de la montagne. Il suffit de tenir. Et nous tiendrons, malgré tout.

Mais, cet idéal ne viendra pas lui-même à nous, pas plus que le sommet de la montagne n'est venu à nous.

Lorsque la montagne ne vient pas à nous, il faut que nous allions à la montagne.

Tous ensemble, donc, avec courage et patien­ce, allons à la montagne du Crédit Social en fixant le sommet !

Gilberte COTÉ

Gilberte Côté-Mercier

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