Nous reviendrons sur le sujet et nous aurons alors l'occasion de démontrer que le Crédit Social offre, sur le plan monétaire, la vraie solution personnaliste aux maux actuels, car, en libérant réellement et concrètement la personne humaine, il ouvrira la voie à toutes les réformes économiques qui s'imposent, telles que le corporatisme et une législation familiale ; il ouvrira la voie au renouveau spiritualiste et culturel qu'il postule, et sur lesquels il compte, et qu'il travaillera ardemment et naturellement à promouvoir.
Le Crédit Social sait que, s'il délivre initialement la personne, en lui assurant le minimum de liberté par le minimum de sécurité économique, il appelle par le fait même, pour voir le couronnement adéquat de son dynamisme spirituel, les solutions complémentaires des plans supérieurs de la hiérarchie du savoir. Et nul ne sait mieux cela que le vrai créditiste, car le créditisme n'est rien moins qu'empiriste, quoi qu'en ait pu imaginer des penseurs, qui se sont plus arrêtés aux contingences de sa naissance et de son élaboration première qu'à ses principes essentiels, exceptionnellement féconds.
"Le monde n'échappe pas aux anges.", ne nous lassons point de le répéter et surtout de le méditer.
Nous pouvons être de multiples façons "la proie et le jouet des esprits impurs de l'air. Car il y a plusieurs manières de sacrifier aux anges rebelles." — (Augustin).
Le monde économique, le monde de l'argent est devenu la terre d'élection des anges rebelles, et l'on pourrait dire à toute la valetaille qui le régit, comme le Christ aux pharisiens : "Vous avez le diable pour père."
Il est devenu bien facile de comprendre cette parole : "C'est sur le terrain économique que le salut des âmes est en jeu." Maintenant ! Aujourd'hui !
Une des preuves capitales de cette régence de Satan sur le monde économique, de sa présidence à la naisance et à l'évolution du monde moderne, c'est précisément une preuve d'ordre monétaire et financier. La voici.
La première réalité ici-bas, c'est la personne humaine. Or regardons notre monde : la personne humaine y est royalement méprisée, au dernier échelon des valeurs. L'argent est au sommet. Le signe est roi.
L'homme véritable, éternel, réaliste, donc aussi spiritualiste, présent à son être véritable, est plus apte à travailler, à réussir, dans un monde réel, intégral, hiérarchisé, comme il se doit. L'homme moderne, "retiré au centre de son égoïsme et toujours absent de son être véritable, espèce de robot fonctionnaire et technicien, à l'image de ses mécaniques", est plus apte à travailler, à réussir, au sein "d'un idéalisme destructeur, qui supprime les rapports réels des hommes entre eux, pour suggérer à leur place un semblant d'existence" à des êtres de raison, surtout mathématiques.
Le financier... moderne se "joue comme un poisson dans l'eau dans ce monde d'illusions, ce monde qui nous asphyxie, mais où lui triomphe avec une implacable logique." Il crée des sociétés financières savamment agencées sans aucune base de richesses réelles. Exemple : Stavisky en France ; au Canada, l'Industrie Textile et presque toutes les industries d'ailleurs.
Ô ironie ! On considère tel ou tel financier comme le prototype du réalisme, et il n'est qu'un type idéal de la spéculation.
C'est cette finance, cette monnaie d'un monde cauchemardeux, qui est le sang nourricier et sauveur du corps mystique de la Contre-Église, ce sang issu de la prostitution de tous les progrès modernes, (dont le machinisme et la monnaie-crédit pour citer deux de ces progrès), grâce à la complicité d'entremetteurs de tout acabit.
Le lecteur connaît déjà les principaux organes que nourrit, de nos jours, un tel sang. J'en mentionne un autre : la juiverie, pourtant pas dans un sens raciste, mais en soulignant bien que, pour le vrai penseur, il ne s'agit pas tant d'une question de race que d'une question d'esprit, et que, sur ce point, beaucoup de Gentils sont au moins, aussi juifs que les Juifs visés.
Ce qui ne signifie pas non plus que le Juif, en raison de sa vocation invertie, et c'est en outre prouvé par les faits, n'a pas une appétence particulière pour le monde de mensonge que nous vomissons. Mais c'est que le Juif a trahi l'appel d'En-Haut, et c'est le cas aussi de combien de chrétiens !
C'est une question d'esprit et de mystique ! Pas de race d'abord ! Et je regrette, en passant, que tant d'écrivains, qui nous fournissent par ailleurs une documentation intéressante et à exploiter, avec circonspection sans doute, réduisent un tel problème aux fausses perspectives d'un racisme intégral.
Non seulement c'est là rapetisser le problème, mais c'est le fausser ; c'est bifurquer vers l'injustice, au nom de la justice ; c'est faire encore le jeu de la Contre-Église qui sait profiter de toutes les erreurs.
Dans cet esprit, je paraphrase, en me permettant des retouches dans le cadre de mes conceptions, un passage de Robert Vallery-Radot, auteur déjà cité plus haut :
"La notion de richesse est ramenée, selon le génie de la finance moderne, le génie de la Contre-Église, à la possession des signes. La terre n'est plus qu'un immense tapis de jeu où les financiers rassemblent dans leurs mains toute la puissance sous le nom de Crédit. L'or, pas même l'or, le chèque est devenu le maître absolu. Blé, Pétrole, Charbon, Fer, Électricité, Laine, Sucre, n'appartiennent plus aux producteurs, mais s'achètent et se vendent en Bourse, au gré des spéculateurs. Aucune loi contre celui qui détient le plus de capitaux anonymes ; il peut, par la publicité, faire baisser les actions d'un rival et s'en rendre maître par des intermédiaires.
"Comme l'avait dit Rathenau : Il n'est d'autre accès à la richesse que le monopole. Les Juifs n'ont pas inventé les abus du capitalisme. Rome connaissait — et avec quelle férocité, la Loi des XII tables en témoigne — l'usure et le commerce de l'argent. Mais le génie juif et la rapacité des financiers modernes devaient contribuer à communiquer au capitalisme vicié cette valeur absolue qui a fini par instaurer la prédominance du courtier sur la production, des affaires sur le travail réel.
"Le système économique comme le système politique n'engendre plus que d'immenses sociétés anonymes où plus personne n'est responsable, puisque personne ne gouverne plus par lui-même, mais est censé ne représenter que la somme fortuite d'une machine arithmétique truquée par les partis et commanditée par l'apport d'une monnaie de crédit créée et contrôlée par la Haute Banque."
"Dans ce monde sans corps en quelque sorte, comme sans âme," la personne humaine agonise, même si les bons bourgeois de nos sociétés décrépies continuent d'engraisser et de rouler le petit traintrain d'une vie insignifiante.
Tous nos trésors sont dilapidés : la richesse s'est pourrie en luxe, l'abondance s'est muée en superfluité lorsqu'elle n'est pas détruite.
Toujours aux dépens de la personne et au profit d'un certain nombre d'individus.
Trop d'âmes râlent parce que, comme s'en plaint la Jeanne d'Arc de Péguy dans le "Mystère de la Charité", celui qui manque trop du pain quotidien ou qui doit l'acquérir comme une bête de somme n'a plus de goût au pain éternel.
Mais l'espoir monte dans notre ciel, chez nous, même sur les plans politique et économique, grâce au Crédit Social et aux apôtres ardents qu'il entraîne dans son sillage.
Le monstre siffle de rage. Il hurlera bientôt, car nous le poursuivons avec les armes qu'il craint le plus : la Lumière et l'Amour... et pas seulement en rêve, pas seulement dans le calme de nos bureaux.