Le ministre fédéral des Pensions, l'hon. Ian-A. Mackenzie, parlant à l'Association des Annonceurs Canadiens, à Toronto, le 31 octobre, disait :
"Nous ne devrions jamais connaître de nouveau le monde qui a pris fin le 1er septembre 1939, pas plus que nous ne désirons le revivre.
"Nous devrons mettre au point une sorte de gouvernement et un système économique qui puissent faire disparaître le chômage. La sécurité des masses doit être le premier but de notre monde de l'après-guerre."
Bien beau. Mais quelle sorte de gouvernement et quel système économique ? Qui fera le changement ? Ceux qui ont toujours mis au ban toute proposition de changement ? Et quand commencera-t-on ? D'après le même ministre, ce devrait être trop tard de commencer après la guerre seulement, puisqu'il ajoute :
"Après la guerre, approximativement les deux cinquièmes des ouvriers canadiens devront se chercher d'autres emplois. Ce grand changement se produira si brusquement qu'il semblera s'être produit en une nuit. Vous savez parfaitement que, si les deux cinquièmes de notre population se trouvent soudainement sans travail, ces gens n'attendront pas bien longtemps pour que nos gouvernements, nos industriels et nos financiers y fassent quelque chose."
En effet, gouvernements, industriels et financiers se sont bien affairés pour faire quelque chose de 1930 à 1939 ! Ils continueront sans doute d'attendre une autre guerre après celle-ci.
Y fassent quelque chose... Quoi ? Quelle chose ?
Des dettes ? De l'enrégimentation ? Des bandes d'hommes sur les routes, dans les bois, au compte du gouvernement ?
Et quand ? Dans l'espace d'une nuit, comme le chavirement de l'industrie de guerre se fera dans l'espace d'une nuit ? On est tellement habitué à la promptitude des gouvernements en temps de paix !