L'Honorable Mackenzie King, à Liguori Lacombe, dans une lettre datée du 13 avril 1942 :
"Vous n'ignorez pas sans doute que le gouvernement n'a aucune autorité de donner des ordres à Radio-Canada."
Augustin Frigon, directeur de Radio-Canada, dans un télégramme à Liguori Lacombe, daté du 11 avril 1942 :
"Je n'ai pas l'autorisation de louer des stations ou le réseau de Radio-Canada à qui que ce soit... Les instructions que j'ai reçues sont explicites et catégoriques."
D'où viennent donc les instructions et qui en porte la responsabilité ? Il n'y a probablement pas de responsables, les ordres sont écrits sur les murs par une main invisible !
Il y a quelques jours, on nous annonçait un programme en série à Radio-Canada. De ce programme, un journal de Québec disait qu'il est destiné à nous faire connaître : 1° le magnifique effort fourni aux alliés par la Russie depuis un an ; 2° comment les méthodes en usage en Russie ont amené le relèvement économique de ce grand pays. Autrement dit, comment le communisme, tel qu'appliqué en Russie, a tiré ce grand pays du marasme. Juge-t-on que c'est une lacune à combler dans l'éducation des Canadiens ? Ignorer l'efficacité du système soviétique pour faire la grandeur d'un pays — voilà qui n'est plus permis, pense donc l'autorité inconnue qui donne des ordres à Radio-Canada.
Mais pourquoi vouloir connaître qui donne des ordres à Radio-Canada ? Autant demander qui tint l'univers civilisé dans la privation en face d'une abondance inouïe pendant toute une décade. Autant demander qui manœuvre pour jeter en guerre trente nations chez lesquelles tout le monde chérit la paix.
Ne suffit-il pas à l'intéressé de savoir quand il doit se battre, quand il doit se priver, quand il doit payer ? Et là, personne ne peut prétexter ignorance.