Prêt et cadeau

le vendredi, 01 mai 1942. Dans Réflexions

Un cultivateur de Kingscroft (comté de Stan­stead) écrivait à l'Honorable Wm. Mackenzie King le 7 avril :

"Bien cher Premier-Ministre,

"J'aimerais à contribuer à l'effort de guerre. J'aimerais à produire plus de produits agricoles. Je ne suis pas capable, parce que je n'ai pas d'argent pour acheter des semences et des engrais chimi­ques, ni pour la réparation d'instruments aratoires. J'aurais besoin d'environ $300. Je ne suis pas ca­pable de les emprunter de la banque ni des parti­culiers. Est-ce que le gouvernement pourrait me les prêter ? S'il n'y a pas moyen d'emprunter nulle part, je ne pourrai pas faire plus de semences que pour l'utilité de ma famille.

"P. Octave Desruisseaux."        

En réponse, il a reçu de la Commission du Prêt Agricole Canadien, par M. J. D. McLean, une lettre dans laquelle cette phrase : "Pour obtenir un prêt de la Commission, il vous faut donner une première hypothèque sur votre ferme comme ga­rantie pour le remboursement du prêt."

M. Desruisseaux ne digère pas cela. Il ne paraît pas savoir que l'argent a des droits sacrés qui pas­sent avant l'homme ; que dans un monde à civili­sation bancaire, il faut mettre les hommes dans le chemin et leur arracher le travail de toute une vie plutôt que de manquer un remboursement d'ar­gent.

Et Monsieur Desruisseaux nous demande : "Que pensez-vous d'un gouvernement qui exige la pre­mière hypothèque d'une personne qui veut aider à son pays ? Je ne crois pas que le gouvernement ait eu la première hypothèque de l'Angleterre pour le cadeau d'un milliard."

Non, certainement. Et lorsqu'un gouvernement canadien voudra faire un cadeau — oh ! beaucoup moins gros — aux cultivateurs du Canada, il n'exi­gera pas d'hypothèque. Mais, jusqu'ici, le gouver­nement ne pousse pas la bienveillance pour ses nationaux plus loin que les prêts, prêts à intérêts, garantis par des premières hypothèques sur les biens de l'emprunteur.

Le régime de dividendes aux citoyens du pays, dividendes aussi clairs d'hypothèques et de rem­boursements que le cadeau à l'Angleterre, ne vien­dra que sous un gouvernement créditiste. M. Desruisseaux s'en rend sans doute compte. Aussi croyons-nous qu'il va s'unir à des concitoyens avi­sés comme lui pour établir rapidement et forte­ment l'Association Créditiste dans sa paroisse. Ce sera beaucoup plus fructueux que des lettres aux politiciens du jour.

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