Un cultivateur de Kingscroft (comté de Stanstead) écrivait à l'Honorable Wm. Mackenzie King le 7 avril :
"Bien cher Premier-Ministre,
"J'aimerais à contribuer à l'effort de guerre. J'aimerais à produire plus de produits agricoles. Je ne suis pas capable, parce que je n'ai pas d'argent pour acheter des semences et des engrais chimiques, ni pour la réparation d'instruments aratoires. J'aurais besoin d'environ $300. Je ne suis pas capable de les emprunter de la banque ni des particuliers. Est-ce que le gouvernement pourrait me les prêter ? S'il n'y a pas moyen d'emprunter nulle part, je ne pourrai pas faire plus de semences que pour l'utilité de ma famille.
"P. Octave Desruisseaux."
En réponse, il a reçu de la Commission du Prêt Agricole Canadien, par M. J. D. McLean, une lettre dans laquelle cette phrase : "Pour obtenir un prêt de la Commission, il vous faut donner une première hypothèque sur votre ferme comme garantie pour le remboursement du prêt."
M. Desruisseaux ne digère pas cela. Il ne paraît pas savoir que l'argent a des droits sacrés qui passent avant l'homme ; que dans un monde à civilisation bancaire, il faut mettre les hommes dans le chemin et leur arracher le travail de toute une vie plutôt que de manquer un remboursement d'argent.
Et Monsieur Desruisseaux nous demande : "Que pensez-vous d'un gouvernement qui exige la première hypothèque d'une personne qui veut aider à son pays ? Je ne crois pas que le gouvernement ait eu la première hypothèque de l'Angleterre pour le cadeau d'un milliard."
Non, certainement. Et lorsqu'un gouvernement canadien voudra faire un cadeau — oh ! beaucoup moins gros — aux cultivateurs du Canada, il n'exigera pas d'hypothèque. Mais, jusqu'ici, le gouvernement ne pousse pas la bienveillance pour ses nationaux plus loin que les prêts, prêts à intérêts, garantis par des premières hypothèques sur les biens de l'emprunteur.
Le régime de dividendes aux citoyens du pays, dividendes aussi clairs d'hypothèques et de remboursements que le cadeau à l'Angleterre, ne viendra que sous un gouvernement créditiste. M. Desruisseaux s'en rend sans doute compte. Aussi croyons-nous qu'il va s'unir à des concitoyens avisés comme lui pour établir rapidement et fortement l'Association Créditiste dans sa paroisse. Ce sera beaucoup plus fructueux que des lettres aux politiciens du jour.