En juin 1936, le gouvernement d'Alberta réduisait, par législation, le taux d'intérêt sur les obligations de la province.
En guise de protestation, le "comité des obligations" recommandait aux porteurs de titres de ne pas encaisser les coupons d'intérêt. Et les deux côtés sont restés en présence depuis lors.
Mais la ténacité finit par remporter des victoires, même contre la finance. En vertu de lois albertaines que le Fédéral ne songea pas à désavouer dans le temps, les coupons d'intérêts peuvent devenir prescrits au bout de six ans après être devenus payables. Aussi, cette année, le même comité recommande aux porteurs de titres d'accepter les coupons d'intérêts à mesure qu'ils tirent à leur sixième année, tout en refusant les moins âgés.
En publiant ces instructions, le texte des journaux dit :
"Depuis juin 1936, alors que l'Alberta a réduit arbitrairement le taux des intérêts,..."
Les journaux n'ont pas autant parlé de la réduction arbitraire du crédit en circulation en 1929. Pendant 12 années de crise, qui donc a protesté contre la décision arbitrairement prise par les financiers internationaux ? Est-ce que les hausses et les baisses du taux d'escompte, les réductions des découverts, les compressions de crédit ne sont pas des décisions unilatérales, faites sans consulter ceux qui vont en souffrir ?
Mais lorsque ce sont les financiers promoteurs d'intérêts privés, qui décident, tout le monde s'incline. Lorsque c'est un gouvernement représentatif, responsable du bien commun, qui décide, on crie à l'arbitraire. Démocratie ou bancocratie ?