Notre mission, femmes... No. 3

le vendredi, 01 décembre 1939. Dans Notre mission, femmes...

- Maman, tu me prêches toujours la perfection, mais on n'est pas tous des saints.

- Malheureusement, nous ne sommes pas tous des saints. Mais nous devrions tous l'être.

- Tu crois que c'est possible, maman ?

- Je crois que c'est nécessaire, Pierre. Et à cause de cela, ce doit être possible.

- C'est nécessaire ? Alors, le monde entier manque son coup !

- Exactement, le monde entier manque son coup. Le monde entier est en désordre. Et ce n'est que lorsque des saints vivent sur la terre qu l'humanité produit quelque chose de bon.

- N'exagères-tu pas un peu, maman ?

- Pierre, dis-moi, quels sont les hommes qui font avancer l'humanité ? Quelle sorte d'hommes peut-on appeler des constructeurs, des bâtisseurs pour la société ?

- Les savants. Les philosophes, Les prêtres. Les conquérants. Les...

- Attends un peu, mon fils. Tu te places à un mauvais point de vue. Ceux qui sont éclairés par les lumières de l'esprit, de la vérité, ne sont pas tous pour cela des lumières pour les autres, pour le monde. Leur science est souvent stérile. Il y a deux sortes d'hommes et de femmes qui sont des créateurs de progrès. On peut les trouver dans les bois et dans les universités, chez les pauvres et chez les riches, parmi les savants ou les non-diplômés, dans les foyers, les sanctuaires, les salons, les ateliers ou même dans les rues, à la tête de l'État ou au guichet du secours direct. Ni le nom, ni l'habit, ni la fortune, ni les fonctions n'y font rien. Il y a deux sortes de gens qui rendent service au monde. C'est d'abord ceux qui souffrent. Ils expient devant Dieu. Puis, c'est ceux qui travaillent pour les autres. Ils bâtissent la gloire de Dieu.

- Oh ! je comprends cela, maman. Mais ceux qui souffrent et ceux qui travaillent pour les autres ne sont pas tous parfaits.

- Voilà pourquoi, ils ne réussissent pas aussi bien et aussi vite qu'ils le feraient s'ils étaient meilleurs. Tu vas très bien me comprendre. Supposons que tu es un violoniste de premier ordre. Tu connais très bien la musique. Tu connais aussi la technique du violon. Tu as tout ce qu'il faut pour rendre une œuvre de Beethoven à la perfection. Mais on te présente un violon qui n'a que trois cordes, et un violon de dernière qualité. Penses-tu que tu réussiras aussi bien que si tu avais dans tes mains le Stradivarius de Beethoven lui- même ?

- Bien sûr que non.

- Parce que l'instrument avec lequel tu travailles est mauvais. C'est la même chose pour tout ce que tu fais. Tu veux que ta vie soit productrice. Tu veux être celui qui fait quelque chose, qui bâtit des œuvres d'ordre, qui rend service à l'humanité. L'instrument de ton travail, c'est toi-même, c'est avec tout toi-même, ton corps et ton âme que tu vas produire ton œuvre. Plus ton instrument sera parfait, mieux tu réussiras ton travail.

MARIE

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