Notre mission, femmes... No. 1

Gilberte Côté-Mercier le mercredi, 01 novembre 1939. Dans Notre mission, femmes...

La femme qu’il lui faut

— Tu es bien gai, ce matin, Pierre ! Tu aurais passé une belle soirée, hier ?

— Très belle, maman. Je me suis fait une nouvelle amie.

— Tiens !

— Et, je l’aime.

— Oh ! Elle est jolie ?

— Même belle.

— Charmante ?

— L’amabilité en personne. Pour tout te dire, je serais prêt à l’épouser si...

— Si ?

— Elle est très riche, tu sais. Je me demande si son père ne voudrait pas lui voir épouser un banquier.

— Et, comme tu n’es que gérant de banque... Il pourrait bien se faire que le père voie la différence entre toi et l’idéal qu’il peut proposer à sa fille pour mari.

— Tu es méchante, maman. Tu te moques de moi quand j’aurais besoin de pitié.

— Mais, je te plains, mon fils. Non pas parce que tu n’es pas un banquier. De cela, je te félicite. Je te plains pour une autre raison. Dis-moi, tu serais prêt à épouser ta nouvelle amie si ni son père ni elle-même (car je suppose bien que tu ne l’as pas encore demandée en mariage, et elle pourrait refuser) n’y voyait d’inconvénient ?

Tu crois que tu peux faire de cette femme que tu as vue un soir, que tu aimes parce qu’elle est belle et charmante, dont tu ne connais rien d’autre, tu crois que tu ferais bien d’en faire la compagne de ta vie et la mère de tes enfants ? Car, c’est cela, mon Pierre, une femme, c’est une compagne et une maman. Y as-tu déjà pensé ? Non ? Bien, c’est pour cela que je te plains.

— Une maman, c’est comme toi, ça donne la vie et l’amour ?

— Tu dis bien, mon fils, la maman, elle doit prodiguer l’amour, source de vie. La maman, elle doit FAIRE des hommes, FORMER des hommes, de vrais hommes, des hommes libres, non des esclaves de leurs passions, ni des esclaves des passions des autres. Des hommes, des volontés et des intelligences qui bâtissent des œuvres d’ordre, de progrès, de vie.

Et la compagne, elle est l’amie gaie, fidèle et courageuse qui, aux côtés de son mari, travaille avec lui à la grande mission à laquelle tout homme et toute femme sont appelés : l’accomplissement du règne de Dieu.

Mon fils, réfléchis bien là-dessus, et lorsque tu rencontreras une jeune fille belle et charmante, tu pourras apprécier ces qualités extérieures qui ne sont pas à dédaigner, qui au contraire sont des rayons de la beauté de Dieu. Mais avant de vouloir épouser la poupée, demande-toi si elle renferme une compagne pour toi et une mère pour tes petits.

Gilberte Côté-Mercier

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