Le chômeur devient débiteur social

le mercredi, 01 mai 1940. Dans Réflexions

Des journaux du 19 avril :

Le Bureau de Reconstruction Économique de la province de Québec a averti la ville de Montréal qu’à partir du 1er mai, les secourus capables de travailler quoique incapables de trouver de l’emploi devront, pour continuer à recevoir les allocations de chômage, signer une formule par laquelle ils s’engageront à travailler, quand on le leur demandera, pour rembourser les pouvoirs publics des sommes qu’ils auront reçues en secours depuis le 1er avril 1940. L’une de ces lettres est signée par l’hon. T.-D. Bouchard, ministre de la Voirie et des Travaux Publics et président du Bureau de Reconstruction Économique. Il dit que les allocations seront refusées aux secourus qui ne signeront pas l’engagement de travailler.

Nous qui pensions que la société avait une dette envers les victimes de ses négligences et de ses injustices ! La bureaucratie, qui s’implante de plus en plus chez nous, prétend le contraire. C’est l’homme qui existe pour l’institution, non pas l’institution pour l’homme, et on va le faire comprendre au chômeur ! Les croûtes que le chômeur reçoit, il devra les payer plus tard et continuer longtemps, à ce régime, à ne manger que des croûtes, même quand on lui aura imposé d’accepter un travail pour lequel il n’est pas fait. Voyez-vous un agriculteur dire à ses chevaux :

"Je n’ai pas d’ouvrage pour vous d’ici un mois. Je vais quand même vous passer une petite ration d’entretien. Mais dans un mois, je vous ferai travailler et vous me rendrez cette avoine : vous travaillerez sans manger jusqu’à ce que vous ayez tout remboursé ! "Signez-moi ça, ou crevez de faim tout de suite."

Les sportsmen de la politique sont braves : ils aiment mieux s’attaquer aux chômeurs qu’aux banquiers !

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