La politique - Vers le socialisme

Louis Even le mercredi, 01 juillet 1942. Dans La politique

Le monde marche vers le socialisme d'État. Il y est déjà parvenu dans des pays totalitaires, et les démocraties courent exactement vers le même but, bien que par des méthodes différentes.

À titre de mesures de guerre, les gouvernements d'Angleterre, des États-Unis, du Canada exercent de plus en plus la main-mise de l'État central, non seulement sur des prérogatives provinciales, mais jusque sur les entreprises privées, jusque sur le travail, jusque sur les personnes.

Les partisans du socialisme d'État, de l'étatisa­tion à outrance, espèrent bien que cette main-mise sera conservée après la guerre. Les socialistes des États-Unis ne se gênent pas, pas plus qu'en An­gleterre, pour réclamer la consécration permanente, de l'étatisation.

Mgr Noll, l'évêque de Fort Wayne, le déclarait récemment :

"Aux États-Unis comme en Angleterre, les par­tisans du marxisme intégral ou mitigé réorganisent leurs forces jadis dispersées et profitent des cir­constances actuelles qui ont amené les gouverne­ments à prendre en main la direction du travail. Ils sont pleins de confiance et affirment que ja­mais l'occasion n'a été plus favorable pour établir le contrôle absolu par les gouvernants de toutes les ressources naturelles et de tous les moyens de production, puisque l'État en est maintenant le propriétaire, du moins en grande partie. Une vi­goureuse propagande, croient-ils, rendrait perma­nent ce qui n'est que temporaire." — (Action Ca­tholique du 20 juin.)

Cette vigoureuse propagande, on peut être sûr qu'elle va se faire (elle est commencée) et qu'elle sera toujours bien financée. C'est dans le plan judéo-maçonnique d'avoir un monde soumis à un État universel qui servira de contre-Église. Évi­demment, les protagonistes du super-État, de dé­signation démocratique ou autre, ne parlent pas d'athéisme ni d'opposition à la libre pratique de la religion ; mais une fois la centralisation du pouvoir accomplie, tout leur devient possible. Il sera toujours temps, alors, pour les forces occultes d'imposer leur volonté. Aux pays déjà détachés de la vérité, elles n'auront jamais besoin de dicter une déviation, mais au Canada français catholi­que ?

Comme le rappelle le R. P. Léry dans Relations de Juin, le caractère de la maçonnerie est le même partout ; mais elle s'efforce de parvenir à sa com­mune fin par des méthodes différentes appropriées aux tempéraments variés des peuples et aux diver­ses circonstances de lieux.

La tendance à la centralisation universelle est tellement visible aujourd'hui qu'il faut être aveu­gle pour l'ignorer. À nous, les créditistes, elle ne dit rien de bon. Le Crédit Social est, par nature, pour la décentralisation de la souveraineté et pour la décentralisation de la finance.

Nous avons déjà fort à nous plaindre de la cen­tralisation financière. Si l'on y joint la centralisa­tion politique, la centralisation policière ; s'il faut, conjointement avec les nations de trois continents, dépendre de Washington pour la finance, la police et la citoyenneté — ce à quoi les événements et des hommes nous conduisent c'en est fait de notre liberté.

On a commencé par rendre le monde économi­que impossible avant la guerre. Et pour l'après-guerre, sous prétexte de corriger le chaos, on va enrégimenter l'univers. L'état de guerre permet aux gouvernements visibles, serviteurs du gouver­nement occulte, de prendre en main les leviers de commande pour mener à cette fin.

La dernière guerre nous a donné une Russie so­viétique. Que va nous donner celle-ci ?

Hier encore, une voix non moins autorisée que celle de Lord Athlone, gouverneur-général du Ca­nada, parlant à 8,000 Rotariens réunis à Toronto, disait qu'il faut préparer dès maintenant les plans d'une paix révolutionnaire qui sera établie à la fin de la guerre. Et il ajoute que chacune des na­tions réunies autour du tapis vert de la conférence de la paix devra se préparer à céder une partie de sa souveraineté nationale dans l'intérêt de la sécurité mondiale.

On ne peut s'empêcher de lire entre, les lignes, lorsqu'on sait quelle propagande se fait, et avec quel argent, autour du plan Union Now et d'au­tres propositions centralisatrices de même nature.

Nous nous battons pour les souverainetés na­tionales lésées. Et nous terminerons la guerre en immolant nos souverainetés nationales ! C'est un peu poivré !

Qu'avons-nous, dans la province de Québec, en fait de mouvement organisé, pour résister à cette centralisation faite sous l'égide d'une finance elle-même centralisée ? Qu'avons-nous pour préparer un monde différent d'hier et cependant opposé au socialisme et à l'enrégimentation ? Rien, rien que le mouvement créditiste. Et il en est qui vou­draient assommer le mouvement créditiste... Que restera-t-il pour les protéger contre l'ascension d'un autre régime dont ils ne veulent pas et contre la pestilence d'un régime corrompu dont personne ne veut plus ?

Louis Even

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