La politique - Une corporation

Gilberte Côté-Mercier le mercredi, 15 avril 1942. Dans La politique

Voici un cultivateur C-1 qui élève des vaches. Il vend la peau de ses vaches à un tanneur T-1. Le tanneur a des ouvriers O-1. Le tanneur vend son cuir à un manufacturier de chaussures M-1. Le manufacturier de chaussures a des ouvriers V-1. Le manufacturier de chaussures vend ses chaussu­res à un marchand détaillant D-1. Le marchand détaillant vend ses chaussures à un consommateur S-1.

Un autre cultivateur C-2 vend à un autre tan­neur T-2. Celui-ci a d'autres ouvriers O-2. Le tan­neur vend à un autre manufacturier de chaussures M-2. Le manufacturier a d'autres ouvriers V-2. Le manufacturier vend à un autre marchand détail­lant D-2. Le marchand vend ses chaussures à un autre consommateur S-2.

De même pour C-3, T-3, O-3, M-3, V-3, D-3, S-3.

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Aujourd'hui, nous avons des unions de toutes sortes qui se font entre les travailleurs de même métier. Voir figure 1. Les cultivateurs s'unissent aux cultivateurs pour obtenir un meilleur prix de vente. Union collatérale. Les tanneurs s'unissent aux tanneurs pour protéger leurs bénéfices contre les salaires des ouvriers et les exigences des clients. Union collatérale encore. Les manufacturiers de chaussures s'unissent entre eux pour les mêmes fins que les tanneurs. Les ouvriers de la chaussure ont leurs syndicats contre les patrons. Les marchands ont aussi leur association qui travaille contre les fournisseurs des marchands et contre les consom­mateurs. Quant aux consommateurs, ils ont leurs coopératives de consommation pour supprimer le profit des intermédiaires.

Fig 1

On voit que chacune de ces associations a pour but de grossir ses bénéfices au détriment des au­tres. Chacune de ces associations est nécessitée par l'association voisine, et elle est en lutte avec l'asso­ciation voisine. Unions collatérales toujours en vue de l'objectif profit, comme si la fin du travail était le profit pour chacun et non le service pour tous.

L'objectif n'étant pas ce qu'il doit être dans nos associations d'aujourd'hui, on comprend que ces associations ne réussissent pas à mettre de l'ordre dans les États. Les créditistes savent que l'objectif n'est pas le bon parce que l'argent est maintenu rare par un mauvais système financier.

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Pour redresser la chose, il faut d'abord considé­rer la vraie fin, l'objectif véritable, qui est le servi­ce du consommateur. L'argent, lui, ne doit pas être un obstacle. Dans un régime sain, il ne fait jamais défaut en présence des produits.

Tous les consommateurs de la chaussure ont le même but légitime : obtenir des chaussures pour couvrir leurs pieds. Qu'ils s'unissent donc ensem­ble. Voir figure 2. Puis, qu'ils réclament des servi­ces du marchand détaillant. C'est l'association des consommateurs qui devrait commander.

Si les marchands rencontrent des difficultés de la part des manufacturiers, qu'ils s'unissent entre eux et avec les consommateurs dans une seule as­sociation. Figure 2.

Si les manufacturiers rencontrent de la résistan­ce de leurs ouvriers ou des fournisseurs, qu'ils joi­gnent leur union avec celle des ouvriers et celle des détaillants et celle des consommateurs. Figure 3.

Fig 3

Puis, que tous s'unissent aux tanneurs et aux cultivateurs pour régler ensemble leurs problèmes. Figure 4.

Fig 4

Ainsi, nous aurons la corporation de la chaussu­re bien ordonnée parce que déterminée par un ob­jectif sain, le service du consommateur. Figure 5.

Fig 5

Quant au motif profit, il est par le fait même réglé entre tous, puisque tous collaborent dans un même but. L'on suppose toujours, bien entendu, que le système d'argent est sain lui aussi, étant un système de Crédit Social.

Les autres services du consommateur doivent tous être unis chacun dans une corporation dont la nature est définie toujours par la fin, le service lui-même.

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D'où l'on conclut que :

    1) le service du consommateur ne peut être at­teint que dans la véritable corporation ;

    2) les unions actuelles ne sont pas de véritables corporations ;

    3) sans un système monétaire qui place l'argent en quantité voulue, là où il doit être, les corpora­tions sont impossibles.

Gilberte CÔTÉ

Gilberte Côté-Mercier

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