Dans nos deux numéros du 15 mai et du 1er juin 1940, nous donnions un aperçu de l'objectif et des hommes à l'œuvre pour la constitution d'un super-état anonyme, fortement teinté de judéo-maçonnerie, dont les nations actuelles ne seraient plus que des provinces soumises.
Depuis ce temps, à la faveur de la guerre, les protagonistes de "L'Union Fédérale" ont poussé leur idée. Ils sortirent brusquement le chat du sac à la mi-juin, lorsque, profitant de l'épuisement militaire de la France, ils firent proposer au gouvernement Reynaud, sans consulter ni le peuple anglais ni le peuple français, l'union complète de la France et de l'Angleterre. Nous dirons tout à l'heure comment le projet échoua.
Un peu plus tard, un certain avocat de Londres, originaire d'Australie, R. W. G. Mackay, s'en allait en tournée de conférences dans son pays natal pour rallier l'opinion autour d'un plan d'union fédérale de l'Angleterre, de la France et de l'Allemagne. Il fut mal reçu des Australiens.
En septembre dernier, M. Clarence Streit établissait aux États-Unis un comité de "Union now" (L'Union Immédiate), pour promouvoir une fédération des démocraties. Hitler ayant procédé à faire son union économique du continent européen, les démocraties, soutient-on, doivent s'empresser de s'unir, elles aussi, politiquement, économiquement, militairement et financièrement : États-Unis, Canada, Angleterre, Afrique du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande — pour commencer.
Et voici, assure-t-on, que deux millions d'Américains sont déjà gagnés à l'idée. Exagéré sans doute, mais fort possible tout de même, puisqu'il y a aux États-Unis quatre millions et trois quarts de Juifs et des dizaines de millions de chrétiens ou païens inconscients.
Mais ça se rapproche de nous. Sous le titre "La Fédération des démocraties", le journal de Jean-Charles Harvey, Le Jour du 9 novembre, nous apprend qu'un comité temporaire du mouvement "Union Now" vient d'être formé à Toronto. Naturellement, "Le Jour" patronne cette affaire-là, et l'auteur de l'article, Paul Riverain, termine par cette phrase : "Ceux de nos lecteurs qui désirent d'autres renseignements sont priés de nous écrire."
Certains s'y laissent prendre. Nous y voyons le plus grand danger, peut-être, pour le monde d'après-guerre. Nous sommes bien en faveur d'un certain organisme pour régler les problèmes entre les nations ; mais nous n'avons que faire de cette fédération qui nous placerait sous la direction centrale d'un gouvernement situé à des milliers de milles de nous, inaccessible à nos récriminations et rendant toute réforme économique impossible. D'ailleurs, l'origine, les affiliations, le caractère des apôtres de ce mouvement devraient ouvrir les yeux. L'exposé de quelques faits aidera nos lecteurs à les connaître.
L'offre d'une union anglo-française, faite à la France en juin, prévoyait une fusion des deux pays, une constitution commune, la reconnaissance du titre de citoyen britannique à tout Français et vice-versa. Comment tout cela est-il sorti du soir au matin, sans même la consultation du parlement de Westminster ni du parlement français ? Qui cuisina toute cette affaire ?
Les renseignements suivants proviennent d'un correspondant du News Chronicle (édition du 12 septembre) — correspondant lui-même favorable au projet d'union. Le "Social Crediter" les a reproduits dans son édition du 28 septembre.
L'offre d'union anglo-française fut faite par le gouvernement anglais. C'est M. Amery qui le premier en émit l'idée. Il la transmit à M. Chamberlain, celui-ci à M. Churchill.
Ce M. Amery est un demi-juif. Avant d'être nommé au poste de Secrétaire d'État pour les Indes et Burma, il était un des directeurs de la firme Marks & Spencers. Le vice-président de cette firme est Israël Moïse Sieff, dont nous avons déjà souligné les relations avec le P.E.P. (Political and Economic Planning).
Churchill accueillit l'idée favorablement et en parla à Reynaud (premier-ministre de France) lors de sa dernière visite en France, à Tours, où le gouvernement français siégea quelques jours avant de se retirer jusqu'à Bordeaux.
Reynaud s'en montra enthousiaste, ainsi que Georges Mandel et plusieurs autres ministres.
À cette phase des événements, Reynaud avait déjà pratiquement décidé le retrait du gouvernement à Alger (dans le nord de l'Afrique), pour conduire la résistance de l'empire colonial français, la métropole étant visiblement destinée à l'occupation rapide par les armées allemandes.
M. Churchill promit à M. Reynaud de lui envoyer une copie de "L'Union anglo-française", après consultation de son cabinet, sur son retour à Londres.
Le général de Gaulle, envoyé quelques jours plus tard à Londres, en mission spéciale, vit Churchill et, l'après-midi du 16 juin, monta à bord d'un avion pour Bordeaux. De Gaulle était alors sous-secrétaire de la guerre dans le cabinet Reynaud. De Gaulle arrivait à Bordeaux le soir, avec la rédaction du projet d'union en poche.
Pétain, Weygand, Beaudoin, aussi du cabinet, avaient déjà formé leur opinion en faveur d'une armistice et voyaient de mauvais œil le projet d'union. Ce projet devenait de plus en plus un cheval de bataille entre le groupe Reynaud et le groupe Pétain au sein du cabinet.
Le cabinet français avait tenu deux séances ce jour-là, de onze heures et demie à midi et quart, et de cinq heures à 7 heures trois quarts. La dernière, très orageuse se termina par un ajournement jusqu'à l'arrivée de De Gaulle avec son message.
Sitôt le document obtenu, Reynaud convoqua une troisième séance, à dix heures du soir. On lut les termes de la proposition d'union. Des cris d'indignation partirent immédiatement du groupe adverse. Beaudoin s'en fit l'interprète : Parce que la France est écrasée militairement, l'Angleterre en profite pour la coloniser, dit-il ; c'est intolérable.
On traita d'impudente l'offre de Churchill et l'adhésion de Reynaud. Après une discussion violente qui dura moins d'une demi-heure, Reynaud posa la question de confiance, le vote fut pris et la motion battue.
Pâle, Reynaud se leva et sortit pour remettre sa démission et celle du cabinet au président de la république.
On trouvera en page deux des notes sur quelques-uns des acteurs de cette journée, sur ceux du moins qui favorisaient l'union.
Nous ne croyons pas, comme Beaudoin, que l'Angleterre voulait exploiter l'effondrement militaire de la France pour en faire une colonie ; mais nous jugeons que les promoteurs de l'union fédérale voulaient profiter de cet effondrement pour imposer leur idée sans la soumettre au verdict des deux peuples concernés.
Depuis, des interpellations eurent lieu à Westminster pour savoir si, à l'avenir, le parlement britannique serait consulté avant d'autres propositions de ce genre. M. Atlee, au nom du gouvernement, répondit que "le Parlement aurait certainement l'opportunité de discuter tout plan concernant, par exemple, une union possible entre l'Angleterre et les États-Unis."
Les fédéralistes avaient voulu aller trop vite. L'éveil était donné.
Dans le "Social Crediter" du 5 octobre, C. G. D. analyse les éléments de la cinquième colonne en Angleterre : la colonne nazie, dont on dispose sommairement ; la colonne pro-bolchéviste, suspecte, mais qu'on ménage parce qu'on ne veut pas encore froisser la Russie ; la colonne pro-américaine, qui domine la presse, le cinéma, le sans-fil, influence le gouvernement et, sous des sympathies résultant d'une communauté de sang et de langage, cache son véritable objectif, l'anéantissement de l'indépendance anglaise. Cette dernière colonne, selon l'auteur, est la plus dangereuse, non seulement à cause de ses airs bénins qui lui donnent droit de cité, mais parce que le peuple, une fois qu'il se rend compte du fait, devient défiant et cynique vis-à-vis de la propagande de son propre gouvernement à un moment où la défiance peut devenir un regrettable facteur d'affaiblissement.
"L'affaire de l'offre d'union franco-anglaise, écrit-il, a causé un choc et laisse planer des soupçons sur un gouvernement prêt à détruire subitement l'identité de notre nation sans même nous consulter. Pouvons-nous encore lui confier le soin de notre indépendance ?
"Si l'on nous présentait la même sorte de fausse alternative qui fut faite au peuple français, nous subirions le même sort qu'ils ont subi. Notre Angleterre, comme leur France, compte dix siècles de souveraineté. Si l'on nous mettait à choisir entre une Angleterre dominée par Berlin et une Angleterre dominée par New-York, quelques-uns choisiraient la première, un nombre considérable préféreraient la seconde, mais la majorité des Anglais perdraient tout intérêt à la lutte et s'en iraient chez eux, et les Nazis compteraient une conquête de plus."
Les partisans de la fédération mondiale n'ont pas démordu. Ils supputent leurs chances et enfoncent les coins qu'ils peuvent. La question financière ne semble pas se poser pour eux, et c'est une raison de plus pour les rendre suspects. Mais de quelle école sortent-ils ? Où puisent-ils leur inspiration ? Nos articles de juin ont déjà souligné certaines liaisons. En voici quelques autres.
Mackay, le propagandiste qui n'a pas très bien réussi en Australie, est un homme qui cherche la fortune politique où il croit la trouver. Il essaya d'abord dans les cercles conservateurs d'Australie. Plus tard, il épousa la cause des travaillistes. Il se rendit en Angleterre, il y a quelques années, se présenta comme candidat travailliste, mais fut battu par une femme. Depuis, il a été le bras droit de Sir Stafford Cripps. On connaît les idées communistes de Sir Stafford. Mackey déserta Cripps lorsque la fortune de celui-ci sembla s'éclipser. Le correspondant australien qui fournit ces renseignements au "Social Crediter" ajoute avoir appris que M. Mackay, avocat, appartient à la firme Guggenheim, Mackay & Cie, qui fait surtout affaire avec des gens désireux de changer leurs noms !
Clarence Streit, chairman et propagandiste No 1 des fédéralistes, est un ancien journaliste attaché au New-York Times, féal organe de la finance et de la juiverie. Il prôna d'abord la fédération de tous les états du monde dans son livre "Union Now", écrit en 1939. L'établissement d'une fédération des démocraties, pour lequel il fonda son comité en septembre, serait un pas dans cette direction.
C'est bien assez singulier tout de même : on nous assure que l'Angleterre et ses alliés se battent pour que les petites nations envahies par l'Allemagne retrouvent leur complète indépendance ; et en même temps, un mouvement bien financé même à Londres, mouvement qui réussit à circonvenir Churchill, cherche à faire table rase des indépendances nationales ! Qu'est-ce qui bout au juste dans la grande marmite ?
Une autre figure qui prend de la place dans le mouvement fédéraliste, c'est celle de H. G. Wells, auteur anglais qui fut toujours partisan de l'abolition des souverainetés nationales et de l'institution d'un super-état mondial. M. Wells ne s'arrête pas aux démocraties telles que nous les connaissons ; il veut un rapprochement avec la Russie et déclare que les bolchévistes doivent avoir voix au chapitre, le monde est incomplet sans eux. D'ailleurs les sympathies de Wells envers le régime russe ne sont pas du domaine du mystère.
Ce M. Wells est actuellement en Amérique, pour une tournée de conférences de dix semaines. Pour le compte de qui vient-il ? Qui paie les dépenses de ce voyage ?
M. Wells n'aime pas Lord Halifax, l'actuel Secrétaire anglais des Affaires étrangères. Lord Halifax n'est pas assez chaud pour la Russie. Il serait malheureux, selon Wells, que Lord Halifax occupât encore ce poste lors des négociations de paix. Les soviétistes n'auraient pas la part qui leur revient dans les nouveaux cadres mondiaux. Disons aussi que, si Halifax a pu prêter l'oreille dans le passé aux projets d'union fédérale, il semble en être revenu.
Il ne faudrait pas trop s'étonner de voir déclancher dans la presse quelque jour une campagne pour exclure Halifax du cabinet et faire monter quelques amis de la juiverie et de l'internationalisme.
Quant au comité formé à Toronto il y a quelques jours, "bien que des personnalités connues du journalisme et des affaires fassent partie de ce groupe, on a jugé bon de n'en pas publier immédiatement la liste". (Le Jour).
Les grandes lignes du projet. Voici comment les résume Le Jour :
Chaque État gardera son gouvernement local, ses lois, sa langue, ses coutumes, ces mille et une choses qui font son identité, mais il se soumettra aux exigences essentielles d'un parlement central, où seront délégués, en proportion de la population, les représentants de chaque pays fédéré. Seront essentiellement du ressort fédéral : la défense, l'armée, la marine, l'aviation, la politique internationale, la représentation diplomatique, les douanes, les postes, la monnaie et autres services d'ordre général.
Hors de la nationalité de chacun, on reconnaîtra à tous une citoyenneté fédérale, de façon que les membres du vaste groupe de peuples se sentent chez eux partout, y exercent leur métier ou leur profession, soient libres d'aller partout, dans la recherche du bonheur.
Vous voyez-vous libre de poursuivre le bonheur dans une grande fédération où l'armée et l'argent sont entre les mains d'un gouvernement mondial dans lequel vous êtes représenté ou noyé d'après le chiffre de population de votre pays ! Muni du glorieux titre de citoyen fédéral, vous êtes libre de prier, de chanter, de parler la langue que vous voulez, même de crever de faim. Mais trouvez-vous que le système monétaire, par exemple, vous sert mal, que l'argent ne vient pas d'après le besoin normal, vous vous plaindrez longtemps, vous y laisserez votre peau avant que les puissances centrales s'en émeuvent d'un pli. De concert avec vos concitoyens, vous décidez de passer outre, d'établir ce qui vous manque : c'est inconstitutionnel, ultra vires, etc., et l'armée mondiale est là pour défendre une autorité que vous osez mépriser !
Voilà de quoi faire réfléchir ceux qui n'ont pas encore jeté le manche après la cognée. Allons-nous nous laisser porter par les événements et attendre tranquillement le monde que d'autres nous préparent ? Chaque nouveau pas dans les relations entre provinces et fédéral, entre Canada et pays étrangers, n'est-il pas un pas de plus vers une centralisation universelle qui cadre très bien avec la centralisation de la finance ?
Plus nous obtempérons, plus la lutte sera difficile. On nous répétera sur trois octaves demain ce qu'on nous sert déjà aujourd'hui comme excuse pour ne rien changer : C'est un problème international !
Il est temps, plus que temps, que la province de Québec prenne en mains ses destinées ; donc que chaque citoyen de la province de Québec se rende compte du monde dans lequel il évolue, de l'objectif qu'il doit poursuivre, de l'action qui le réclame.