Fin août 2023, un fait divers qui s'est produit au Québec a enflammé les médias sociaux (sur internet), et fut ensuite repris par les grands médias d'information : une enseignante d'une école primaire de Richelieu, se déclarant « non binaire » (ni homme ni femme, mais « autre chose »), désire se faire appeler non pas monsieur ou madame, mais Mix Martine par ses élèves. La commission scolaire a envoyé une lettre à cet effet aux parents des élèves concernés.
La lettre a été ensuite publiée sur les réseaux sociaux, tout d'abord par un parent scandalisé par une telle demande, ce qui a entraîné une multitude de réactions, certains étant d'accord avec le parent en question, et d'autres étant « scandalisés » par la réaction de ce parent, disant qu'il faut respecter la volonté de l'enseignante. À cela l'autre camp réplique qu'il faut plutôt respecter les enfants, et ne pas leur imposer de force cette idéologie du genre (connue aussi sous son appelation anglaise, gender).
Cette « théorie du genre » a été énoncée pour la première fois en 1955 par le psychologue américain John Money, qui prétend que l'identité sexuelle est une construction sociale, et que malgré les différences biologiques entre l'homme et la femme, il n'existe pas de nature féminine ou masculine, pas de tempérament masculin ou féminin, et que si les hommes et les femmes adoptent dans la vie des comportements différents, c'est seulement la conséquence de « stéréotypes » ou « préjugés » inculqués par la famille, la culture ou le milieu social, et que ces stéréotypes doivent être combattus dès le plus jeune âge, même dans les garderies (centres de la petite enfance).
Comme l'écrit le chroniqueur Mathieu Bock-Côté dans le Journal de Montréal du 11 septembre 2023, « Aujourd'hui, l'idéologie trans radicale pousse les jeunes qui se questionnent sur leur identité, à se demander s'ils sont nés dans le bon corps. Et une partie du personnel médical se montre très complaisante avec ce discours... Être un homme ou une femme n'est ni une opinion ni un ressenti. C'est un fait biologique, d'abord, culturel, ensuite. La science a ses droits. La théorie du genre, elle, relève de la pseudoscience... Il serait temps qu'on fiche la paix aux enfants » (et, sous-entend M. Bock-Côté, ne plus les importuner ou endoctriner avec cette fausse théorie du genre).
Ce discours en faveur de la théorie du genre entraîne de nouvelles situations bizarres, comme vouloir imposer des toilettes mixtes dans les écoles, ou même de permettre à des hommes (qui se croient femmes) de participer à des compétitions sportives féminines. Et tout récemment, plusieurs pays, y compris l'Australie, le Canada, les États-Unis et l'Allemagne ont ajouté dans les passeports une troisième catégorie appelée « autre » à l'endroit où doit être spécifié le sexe de la personne.
Dans son discours du 21 décembre 2012 à la Curie romaine, le pape Benoît XVI avait fustigé ainsi cette théorie du gender, la désignant comme étant une forme de « rébellion définitive contre le Dieu Créateur » :
« Dans ces paroles (de Simone de Beauvoir : "On ne naît pas femme, on le devient") se trouve le fondement de ce qui aujourd'hui, sous le mot "gender", est présenté comme une nouvelle philosophie de la sexualité. Le sexe, selon cette philosophie, n'est plus un donné d'origine de la nature, un donné que l'être humain doit accepter et remplir personnellement de sens, mais c'est un rôle social dont on décide de manière autonome, alors que jusqu'ici c'était à la société d'en décider.
« La profonde fausseté de cette théorie et de la révolution anthropologique qui y est sous-jacente, est évidente. L'être humain conteste d'avoir une nature préparée à l'avance de sa corporéité, qui caractérise son être de personne. Il nie sa nature et décide qu'elle ne lui est pas donnée comme un fait préparé à l'avance, mais que c'est lui-même qui se la crée.
« Selon le récit biblique de la création, il appartient à l'essence de la créature humaine d'avoir été créée par Dieu comme homme et comme femme. Cette dualité est essentielle pour le fait d'être une personne humaine, telle que Dieu l'a donnée. Justement, cette dualité comme donnée de départ est contestée. Ce qui se lit dans le récit de la création n'est plus valable : "Homme et femme il les créa" (Gn 1, 27). Non, maintenant ce qui vaut c'est que ce n'est pas lui (Dieu) qui les a créés homme et femme, mais c'est la société qui l'a déterminé jusqu'ici et maintenant c'est nous-mêmes qui décidons de cela.
Dans une catéchèse (enseignement) donnée aux jeunes à Lisbonne au Portugal le 2 août 2023, sous le thème d'« écologie intégrale », dans le cadre des Journées mondiales de la jeunesse, Mgr José Ignacio Munilla, évêque d'Orihuela-Alicante, en Espagne, déclarait :
« L'écologisme cache une contradiction flagrante : s'il insiste beaucoup sur le respect de la nature en dénonçant le transgénique (les OGM, ou organismes génétiquement modifiés), en même temps il promulgue le transgenre, c'est-à-dire qu'un homme peut changer de genre sexuel et devenir une femme et vice-versa.
« Le premier acte de respect envers l'écologie, nous devons l'avoir avec notre corps. Accepter son corps, c'est reconnaître que Dieu l'a créé par amour et qu'en le créant, il ne s'est pas trompé. Personne ne naît dans le mauvais corps.
« Nous vivons dans une société où les gens doutent de la vérité mais pas de leurs sentiments, alors qu'il serait logique de douter de leurs sentiments mais pas de la vérité. Tout cela est ridicule et nous devons avoir la capacité de le dire devant le monde entier : la véritable écologie doit être intégrale.
« Dans le cadre de l'écologie intégrale, il est important de pouvoir reconnaître ses blessures affectives. Nous portons tous en nous des blessures affectives et ces blessures doivent être reconnues, identifiées, accompagnées, soignées – si c'est la volonté de Dieu –, acceptées, mais elles ne peuvent pas devenir des droits. Tout cela fait partie de l'écologie intégrale, car nous croyons que Dieu a tout créé avec bonté. Dieu ne se trompe pas. Il a un dessein prévoyant pour chacun d'entre nous. »
Pour appuyer son propos, Mgr Munilla a même cité des paroles du pape François tirées du paragraphe 155 de son encyclique Laudato Si sur l'écologie :
« L'acceptation de son propre corps comme don de Dieu est nécessaire pour accueillir et accepter le monde entier comme don du Père et maison commune ; au lieu de cela, une logique de domination sur son propre corps se transforme en une logique, parfois subtile, de domination sur la création. Apprendre à accueillir son corps, à en prendre soin et à en respecter les significations est essentiel pour une véritable écologie humaine. Apprécier son propre corps dans sa féminité ou sa masculinité est également nécessaire pour pouvoir se reconnaître dans la rencontre avec l'autre différent de soi. Il est ainsi possible d'accueillir avec joie le don spécifique de l'autre, œuvre de Dieu créateur, et de s'enrichir mutuellement. C'est pourquoi une attitude qui prétend effacer la différence sexuelle parce qu'elle ne peut plus l'affronter n'est pas saine ».
Voici des extraits d'un texte du Père Daniel Ange, célèbre prédicateur français et fondateur de Jeunesse-lumière, écrit le 29 septembre 2011, parlant de sa mise en garde contre la théorie du genre faite aux jeunes réunis à Madrid en août 2011 pour les Journées mondiales de la jeunesse :
« Place d'Espagne. 22h. 5000 jeunes massés. Je leur lance tout de go : "Vous les filles, voulez-vous vraiment être ce que vous êtes : des femmes ? Grandir dans votre grâce spécifique féminine ? » – « Et vous, les garçons, voulez-vous vraiment être ce que vous êtes, des hommes et grandir dans votre grâce spécifiquement masculine ? » À chaque question, fusent des Oui stridents.
« Pourquoi, mais pourquoi donc des questions aussi bêtes ? Et dont la réponse est aussi évidente ? Oui, me voilà réduit à prêcher qu'un garçon est un homme, qu'une fille est une femme ! Et qu'ils ne sont pas interchangeables ! Ni des clones. Oui, voilà où on en est rendus ! Régression à l'obscurantisme ! Car ça y est, ça débarque en Europe. Et par la grande porte ! Tenez-vous bien. Accrochez vos ceintures : l'homme et la femme, figurez-vous, ça n'existe plus !
« Ça y est, le coup de bélier final pour déconstruire, donc détruire la famille est asséné sur le mur déjà fissuré de partout. Depuis 20 ans tout a déjà été fait pour la fragiliser, la miner, la saper. Ne restait plus que cela : décider que l'homme et la femme, l'attraction mutuelle n'est que… culturelle, "politiquement modifiable".
« L'imposture : présenter cette thèse, cette opinion comme…. scientifique ! Enseignée ex-cathedra non en philo, (comme une opinion à débattre), mais en cours de... science ! Des sornettes à la… Sorbonne ! Est-on encore dans un pays civilisé ? (...)
« N'est-ce pas la rébellion originelle contre le Créateur, en tant que Créateur. Le refus absolu d'être créature. Devenir le Créateur, le singer, pire, l'usurper. M'emparer de sa création, moi. La manipuler à ma guise à moi... Cela fait plus de 20 ans que les tenants de cette théorie ont commencé à conquérir le monde sous des dehors soft. En fait, il s'agit d'une véritable opération internationale, calculée, orchestrée, programmée et visant à conquérir la planète, comme tous les totalitarismes et se voulant définitive. Cela fait partie intégrante du nouvel ordre mondial.
« Cette idéologie se mue en véritable dictature. Ses promoteurs sont intolérants, intransigeants, péremptoires. Ils n'admettent aucune réplique, aucune opinion contraire. Bientôt, on sera mis en prison pour oser dire que tout de même un homme c'est pas tout à fait la même chose qu'une femme. »
– Père Daniel Ange