L'Association Créditiste est-elle une entreprise commerciale ?
Non. L'Association Créditiste est un groupement d'hommes qui s'associent pour obtenir le Crédit Social.
L'Association Créditiste est-elle une coopérative ?
L'Association Créditiste est toute faite de coopération. Mais ce n'est pas une coopérative dans le sens ordinairement donné à ce mot. Nous n'avons pas de co-propriété de moyens de production, ni de co-propriété, de magasins. Chacun garde les biens matériels ou les capitaux monétaires qu'il a. Tous mettent en commun la confiance mutuelle et la force associationnelle développées par l'étude et le sens de l'action.
Dans l'Association Créditiste, a-t-on le Crédit Social ?
Non, mais on se bat pour l'avoir. Entre l'Association Créditiste et un régime créditiste, il y a la même différence qu'entre une armée rendue au front et les fruits de la victoire que cette armée travaille à obtenir. C'est ce qui explique pourquoi bien des gens qui accepteraient avec joie le Crédit Social n'entrent cependant pas dans l'Association Créditiste. Nombreux sont ceux qui aiment les récompenses ; moins nombreux ceux qui sont prêts à lutter pour gagner des récompenses qui iront à tous.
Alors, ce sont des hommes de cœur qui entrent dans l'Association Créditiste ?
Oui, et ceux qui ont la lumière et restent à la porte sont des lâches.
Mais n'y a-t-il pas une grosse contribution annuelle à payer pour entrer dans l'Association ?
Il y a une contribution annuelle de six dollars, payable soit d'un seul coup, soit en versements successifs d'au moins un dollar en entrant et un dollar tous les deux mois.
Ne trouvez-vous pas cela élevé ?
Pour obtenir la sécurité économique définitive dans quelques années, c'est beaucoup moins élevé qu'une police d'assurance qui coûte au moins vingt dollars par an pour assurer la survivance des bénéficiaires pendant quelques mois seulement après le décès de l'assuré. L'Association donne d'ailleurs au membre le moyen de récupérer cette contribution, et même davantage.
Comment le membre peut-il récupérer sa contribution ?
Par un crédit gratuit que lui fait l'Association. Avec ce crédit, l'associé peut payer une partie de ses achats s'il a soin d'acheter d'un marchand associé.
Et dans les places où il n'y a pas de marchand associé ?
Lorsqu'il n'y a pas de marchand associé, c'est parce que les associés ne sont pas assez nombreux pour faire pression sur un marchand local. Ils n'ont qu'à pousser l'instruction et la propagande autour d'eux : on ne récolte pas avant d'avoir semé.
Où est le crédit que l'Association donne à l'Associé ?
Dans les livres de l'Association, comme un compte ordinaire de banque ou de caisse populaire.
Comment l'associé se sert-il de ce crédit ?
En le transférant au marchand, au moyen d'une formule signée, un peu comme les chèques ordinaires.
Ce crédit achète-t-il comme l'argent ordinaire ?
Oui. Mais, à l'étape actuelle de notre Association, on ne le passe qu'en compagnie d'autre argent, et ordinairement dans la petite proportion de 5 pour cent. Cela veut dire que l'associé paie un dollar de marchandises en donnant 95 sous d'argent courant et un transfert de 5 sous de crédit de l'Association.
Pourquoi pas 100 pour cent ?
Parce qu'on est encore à la guerre, pas à la victoire finale. La production du pays est trustifiée et les trusts ne veulent pas accepter le crédit de l'Association qui leur fait la guerre.
Alors, il faudra démolir les trusts ?
Il faudra certainement redevenir les maîtres de la production du pays. À mesure qu'on se libérera, le crédit de l'Association pourra remplacer l'argent-dette du banquier.
Le meilleur moyen de combattre les trusts ne serait-il pas de faire une bonne élection ?
Le meilleur moyen de perdre son temps et de ramasser des déceptions, c'est d'atteler sa confiance et ses énergies à une simple élection. Une bonne élection est certainement désirable et peut devenir possible lorsque l'Association aura appris aux citoyens à se grouper, à s'éclairer et à agir. Mais l'élection en elle-même est loin d'être un pas suffisant. On ne combat bien le pouvoir d'argent que par un autre pouvoir d'argent. C'est cet autre pouvoir d'argent que l'Association travaille à édifier et à mettre entre les mains du peuple.
Qu'est-ce que le marchand peut faire avec le crédit reçu de l'acheteur ?
Il essaie de l'écouler, à son tour, à ses fournisseurs, grossistes ou producteurs.
Le grossiste essaiera de l'écouler au manufacturier, puis le manufacturier aux producteurs primaires.
Si le détaillant ne réussit pas ?
S'il ne réussit pas, il le garde dans son compte, en attendant. C'est le cas actuel ordinaire. Si le marchand réussissait à écouler son crédit, le crédit serait prêt d'achever son cycle complet, et ce serait une grande victoire. On n'en est pas encore là.
Alors, le marchand est le perdant ?
Pas précisément. S'il ne réussit pas à écouler son crédit, c'est parce qu'il n'y a pas assez de détaillants dans l'Association pour faire pression sur les grossistes et les manufacturiers. Dans ces conditions, les marchands qui sont dans l'Association tirent à eux la clientèle : les associés vont de préférence là où s'écoule leur crédit. L'augmentation du chiffres d'affaires des marchands associés compense pour le 5 pour cent temporairement immobilisé.
L'organisation essaie-t-elle de favoriser les marchands associés ?
Certainement, par tous les moyens. Le crédit est déjà une grosse amorce. Puis il y a l'idée, l'objectif commun qui lie le client au marchand. Il y a aussi le bottin créditiste qui annoncera tous les marchands associés à tous les consommateurs associés.
Mais cela va à l'encontre des intérêts des autres marchands ?
L'augmentation du chiffre d'affaires des marchands associés comporte certainement une diminution du chiffre d'affaires des autres. Ce qui veut dire qu'à l'étape actuelle de notre développement, ce sont les marchands non associés qui financent indirectement notre association. C'est de bonne guerre de se faire financer par le camp ennemi.
Le cultivateur n'étant pas un gros acheteur au détail, quel avantage prochain peut-il envisager ?
Le cultivateur associé va surtout profiter par une vente assurée de ses produits.
Est-ce que l'Association continuera indéfiniment avec son 5 pour cent d'escompte compensé ?
Non. Dès qu'elle sera en mesure de le faire, elle ira plus loin. Mais l'étape actuelle permet déjà des effets remarquables. Entre autres :
C'est un détecteur pour découvrir, parmi les créditistes, ceux qui comprennent réellement la cause et sont prêts à faire des sacrifices pour la faire triompher.
L'usage du crédit associationnel fait réaliser le véritable sens de l'argent, son caractère conventionnel et oriente l'esprit vers la chose plutôt que vers le signe.
La réussite ou l'échec dans la circulation du 5 pour cent permet de situer exactement les obstacles, de connaître l'étendue réelle du domaine des trusts.
L'orientation des achats pour utiliser le 5 pour cent bâtit automatiquement l'achat chez nous et favorise la production domestique pour répondre aux besoins des familles canadiennes.
On connaîtra aussi sous peu quels sont les marchands sur qui on peut compter pour entrer dans cette voie de l'émancipation économique de notre province. Avant d'aller plus loin, il convient d'être sûrs des éléments dont on dispose.
En résumé, l'étape actuelle en est une d'auscultation des faits, de recensement des forces et de formation de militants et de chefs pour des opérations plus avancées.
Quand l'Association fera-t-elle ces opérations plus avancées ?
Dès qu'elle sera assez forte pour les entreprendre.
La seconde étape sera-t-elle plus intéressante que la première ?
Nous n'en doutons pas. Le jour, par exemple, où le crédit passera comme argent 100 pour cent, les crédits gratuits que l'Association fait à ses membres, au prorata du nombre de personnes de leurs familles, seront un véritable dividende, aux consommateurs, une véritable allocation familiale, Nous envisageons aussi le jour où l'Association passera à une technique qui fera de tous nos ouvriers au service des trusts des artisans directs de la libération de leur province.
De quelle manière cela pourra-t-il opérer ?
On le saura en temps et lieu.