L'autorité

Gilberte Côté-Mercier le mercredi, 15 octobre 1941. Dans Réflexions

Dans votre paroisse, vous êtes un groupe de créditistes très ardents. On vous demande de vous mettre six ensemble pour former une équipe de voltigeurs.

Une équipe ayant à sa tête un chef d'équipe.

Un chef d'équipe. Un chef. Celui qui conduira les autres.

Lequel sera le chef ? Qui va désigner le chef ? Quel sera celui des six qui aura l'autorité de dire aux autres : Faites ceci. Allez à tel endroit, dimanche, à telle heure. Etc......etc..... ?

Chercher un chef n'est pas une question de chercher lequel se fera servir par les autres, comme on se fait servir par des esclaves ; lequel sera leur maître, lequel est supérieur aux autres. Non, pas du tout. Le chef véritable n'est pas cela.

Le vrai chef est celui qui donne des ordres suivant un plan qu'il conçoit bien et en vue de résultats qu'il désire purement.

C'est lui qui est le grand serviteur de ceux qu'il commande, parce qu'il leur désigne le but et les moyens, en leur facilitant l'emploi de ces moyens.

C'est pour cela qu'un chef qui ne se fait pas le serviteur des autres n'est pas dans son rôle. Et s'il se sert quand même de son autorité, c'est un usurpateur du droit des autres.

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Le vrai chef donne des ordres suivant un plan qu'il conçoit bien.

C'est la conception nette qu'il a de l'objectif et du chemin pour s'y rendre qui donne au chef son autorité. L'autorité est affaire d'intelligence. Celui qui voit clair dans un domaine peut commander dans ce domaine. Non seulement, il peut commander, mais il ne doit pas laisser commander ceux qui ne voient pas clair.

Dans l'équipe de voltigeurs, c'est celui qui a le mieux le plan en tête qui possède l'autorité pour dicter ce plan aux autres, avec le droit d'avoir des exigences vis-à-vis des autres, pour réclamer d'eux des réalisations dans le sens de l'objectif.

Il en devrait être ainsi partout où il y a association d'êtres humains en vue d'un objectif.

Dans la société civile comme ailleurs, celui qui conduit devrait être celui qui possède la lumière. S'il ne la possède pas, il doit cesser de conduire. Sinon, c'est un usurpateur du pouvoir.

C'est ce qui explique l'assurance des créditistes qui voient clair, en face de leurs députés et d'autres autorités aveugles.

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Le vrai chef donne des ordres en vue de résultats qu'il désire purement.

L'idéal, il le veut tel qu'il est. Et il est prêt à sacrifier tous ses intérêts personnels pour le bien commun de l'association.

Dans l'équipe, le chef ne songe pas à se choisir pour lui-même une paroisse agréable à convertir. Il prend au contraire la pire paroisse lorsqu'il se sent capable de la gagner, ou il la donne au meilleur des autres de l'équipe.

Ainsi devrait-il en être dans toute société. Celui qui ménage un tant soit peu ses propres intérêts, en oubliant l'intérêt commun, perd ipso facto son autorité. Son intention doit être d'une très grande pureté pour qu'il conserve ses droits de commander.

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Dans toute société donc, celui qui possède la lumière et qui, sincèrement, sans mélange d'égoïsme, veut le bien de tous, peut être dépositaire de l'autorité. C'est dans ce sens qu'on dit que l'autorité vient de Dieu, parce que l'intelligence et la vertu viennent de Dieu. Personne ne peut donner à un autre l'autorité, puisque l'autorité est le fruit des dons de Dieu.

On peut faire le choix d'un chef de toutes sortes de façon. Par le vote ou la dictature. Mais ce choix fait par un peuple ou un homme ne confère pas l'autorité à celui qui serait incompétent ou mal intentionné. Celui-là n'a pas le droit de commander. Et les autres ont le devoir de ne pas le laisser commander.

Gilberte Côté-Mercier

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