L'autorité et les pouvoirs du père de famille

Gilberte Côté-Mercier le samedi, 01 juin 1996. Dans Famille

Auteur, père, vicaire de Dieu

Une tragédie sociale

Quand une municipalité chasse une famille de sa maison par les taxes, on est scandalisé avec raison de la misère imposée par la société à des parents et à leurs enfants. C'est une injustice sociale et politique qui est à elle seule toute une révolution subversive.

La société qui admet, qui encourage, qui légalise ces actes administratifs par lesquels des pères de familles sont dépouillés des biens de la famille, est une société en décadence, en décomposition, parce qu'elle attaque et ruine la première autorité civile, l'autorité du père de famille. C'est subversif, c'est révolutionnaire que d'ignorer la mission divine du père de famille, l'autorité qu'il détient pour accomplir sa mission, et les pouvoirs temporels dont il a besoin pour que cette autorité paternelle soit efficace.

Dans notre siècle, le père de famille est déchu de son trône. On a commencé par lui enlever son entreprise familiale, ferme ou atelier. Puis, les taxes et les crises lui ont raflé la maison familiale. Maintenant le père n'est plus propriétaire de son foyer. Il est locataire. Il n'est plus maître de lui-même, il est embauché par d'autres. On reconnaît à la société tous les droits pour hypothéquer, taxer les familles et affaiblir ainsi le père de famille. Quand une compagnie d'État est en déficit, on éprouve aucun scrupule à dévorer les budgets des familles, afin de combler les déficits publics. Mais quand les budgets des familles sont en déficit, la société accentue le déficit en jetant père, mère et enfants dans la rue, aliénés de tous leurs moyens.

L'autorité du père de famille, elle n'a plus aucun pouvoir pour s'exercer. Elle est donc inexistante en fait, malgré tous ses droits. Et ce qui est grave, c'est que les sociologues se trouvent de l'éloquence pour justifier les impôts et pour faire des péchés mortels à ceux qui trichent le gouvernement. Mais ils ne parlent pas des péchés mortels des gouvernements qui trichent les pères de familles, qui ignorent l'autorité du père et ne lui garantissent pas les pouvoirs essentiels à ses fonctions. Leur philosophie politique n'est-elle pas erronée ? Et n'est-il pas temps de replacer le père de famille sur son trône ?

Auteur

C'est Dieu qui a créé toutes choses, y compris les personnes angéliques et humaines. Dieu est l'Auteur absolu de tout. Et Il maintient tout dans l'existence. Il est donc grand et seul propriétaire absolu. Il possède toutes choses. Dieu détient l'autorité suprême et unique.

Mais, Dieu délègue une partie de son autorité à ses créatures, selon les fonctions qu'Il leur confie. La créature, alors, détient une autorité relative, limitée, soumise à l'autorité de Dieu. On a raison de dire : Toute autorité vient de Dieu.

Mais, il est bon de se demander à qui Dieu délègue de l'autorité. À son Eglise d'abord, au pape, autorité infaillible en matière de doctrine et de mœurs. C'est que le pape est le vicaire de Jésus-Christ. L'Église est la gardienne de la Vérité. Jésus est la Vérité. Et l'Église a la promesse de ne jamais être vaincue par les portes de l'enfer. Voilà pour la société religieuse.

Pour la société civile, à qui donc Dieu a-t-il délégué son autorité ?

La société civile, c'est l'ensemble des familles. L'auteur de la famille, c'est le père de famille. Les auteurs de la société sont l'ensemble des pères de familles. Dieu, Auteur de toutes choses, possède l'autorité sur toutes choses. Le père de famille, auteur de la société civile, ne possède-t-il pas l'autorité sur la société civile ?

C'est de par sa nature d'auteur que le père de famille possède l'autorité civile. Auteur, autorité, n'est-ce pas ? Et vous convenez que le père de famille est un auteur de société ?

Père

Le père de famille est un père aussi. Comme Dieu. Le Créateur souverain est un père, le Père éternel. Le créateur de la famille est un père.

Dieu l'a voulu ainsi. Dieu a voulu que l'auteur de la famille soit réellement un père, qu'il en possède tout l'amour, tout le courage, tout le dévouement. Le père, c'est la bonté, la mansuétude. Le Père éternel a voulu que la société soit bâtie par de la bonté, de la paternité. Et c'est pourquoi Dieu a donné au père de famille les qualités de son cœur de Père éternel. Dieu a donné aussi au père de famille l'autorité paternelle. Être père, c'est posséder l'autorité pour conduire ses enfants au bonheur.

Et le père de famille n'est-il pas le premier à qui Dieu ait délégué de son autorité paternelle ? Alors, le père de famille est bien, il nous semble, la première autorité dans la société civile.

Un sacrement

Dans l'histoire du peuple juif, peuple de Dieu, on voit que Dieu bénit Abraham, Isaac, Jacob, comme pères de familles et pères de peuples. Et cette bénédiction de Dieu, elle passe par les mains du père à son fils. Quand le père bénit l'enfant, Dieu confirme cette bénédiction paternelle.

Et puis, avec le Nouveau Testament, quand l'Église, au nom de Dieu, préside au mariage de l'homme et de la femme, fondateurs d'une famille, l'Église reconnaît officiellement l'autorité du père de famille, à qui "l'épouse doit obéir, comme l'Église obéit à Jésus-Christ", dit le prêtre. Ici, le père de famille est comparé au Christ Lui-même.

Et l'Église consacre cette autorité paternelle, elle la rend sacrée par le sacrement de mariage.

Le père de famille est un grand chef civil, le premier de tous. Comme auteur, comme père et comme consacré, son autorité lui vient de Dieu.

Et maintenant, les pouvoirs ?

Je m'incline donc avec joie devant la volonté de Dieu et devant l'autorité du père de famille. Et déjà, je vois tout un monde nouveau, un monde meilleur, sortir de cette pensée-là, de cette philosophie.

Je sais que la volonté de Dieu est toujours efficace. Si Dieu a voulu que le père de famille soit l'autorité, Dieu a donné en même temps au père de famille tous les pouvoirs d'exercer réellement cette autorité.

Le père de famille possède en lui-même toutes les forces voulues pour procurer le bonheur aux siens. Et la vie, et son milieu, et la société, et les lois civiles. Le père de famille est capable de faire de tout cela des instruments de son bonheur et du bonheur de ses enfants. Le père de famille peut dire : "Toutes les puissances de la terre me sont soumises, de par la volonté de Dieu". N'est-ce pas ce que Dieu a dit à Adam lorsqu'il lui a montré la terre : Elle est à toi, tu en es le maître. Adam représentait tous les pères de familles, puisqu'il est l'ancêtre de tous.

Dieu qui a donné au père son autorité lui a donné en même temps la force, les pouvoirs d'exercer cette autorité. Parce que Dieu, lorsqu'Il confie un ministère, dispense en même temps la compétence au ministre. À la différence des Premiers Ministres de la terre qui peuvent choisir des ministres, mais ne sont pas capables de leur inculquer le génie en même temps, ni la vertu.

Puisque l'autorité paternelle vient de Dieu, il faut croire que cette autorité s'accompagne du pouvoir.

Messieurs les pères de familles, vous êtes forts, de la force même de Dieu. Vous l'avez peut-être oublié. La vigueur de vos muscles n'est-elle pas le symbole de la force morale que Dieu vous a donnée pour accomplir votre mission de père ?

Pères de familles, la force paternelle, elle est en vous, elle est là. Et c'est elle, votre force, qui peut vaincre, elle en a les promesses de Dieu même.

Ami de Dieu

Mais, si tu regardes, aujourd'hui, père de famille, tu cherches en vain en toi et autour de toi, cette force de Dieu. On dirait qu'elle est partie, qu'elle t'a abandonné, la force de Dieu. N'est-ce pas vrai, père de famille ?

Tout s'écroule devant toi. Tout s'en va. Ta maison, ta ferme, ton bien, tes enfants. Tu n'as plus rien. Et tu es méprisé. On ne te regarde plus comme le père. La société elle-même, avec toutes ses institutions, toutes ses lois, toutes ses soi-disant protections, la société elle-même te met de côté. Il n'est plus question de ton autorité, nulle part. Tu n'es plus rien qu'un robot d'usine et un objet de risée de boîtes électorales.

Pourtant, père de famille, il y a en toi la force de Dieu ! Qu'est-ce donc qui ne va plus ?

Dieu, ce Dieu qui te donnait l'autorité, la force, le pouvoir, Dieu t'a-t-Il trahi, Lui aussi ? Où est-Il donc, le bon Dieu ?

Père de famille, sais-tu où Il est le bon Dieu ? Il frappe à ta porte, et tu ne lui ouvres plus. Il est ton Ami, et tu n'es plus Son ami.

Père de famille, je t'offre ces pensées que j'ai cueillies pour toi dans la revue Paternité-Maternité :

"Père de famille, songes-tu quelquefois que tu partages avec Dieu cette paternité, qu'Il compte sur toi pour protéger, élever, former ces petits qu'Il te confie ?

"Si tu oublies cela, toi qui es le reflet dans ta famille du Père qui est aux cieux, alors le monde perd son sens, parce qu'il ne voit plus son Père.

"Sans ton autorité, les familles se dissolvent, les sociétés se décomposent, les nations entrent en guerre et en révolution, le monde vacille sur ses bases.

"Le monde ne peut pas vivre sans son Père. Père de famille, le monde attend de toi que, dans ton foyer, dans ta cité, tu lui restitues l'image et la présence du Père éternel."

Père de famille, tu as oublié le Père éternel, ton Ami. Mais, Lui, Il t'attend encore. Va vite Le trouver, et renouez ensemble votre grande amitié, vieille comme l'histoire de l'homme. C'est alors que tu trouveras ta force, père de famille.

Et je t'en prie, ne perds plus jamais cette amitié de Dieu, cet état de grâce avec Dieu. L'amitié, l'état de grâce des pères de la terre avec le Père des cieux, est la seule force capable de refouler les ennemis qui envahissent de toutes parts nos champs et nos maisons.

Gilberte Côté-Mercier

Gilberte Côté-Mercier

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