L'amour vainqueur

Gilberte Côté-Mercier le mercredi, 01 avril 1942. Dans Réflexions

Voici un banquier qui fait de l'argent qu'il vous prête en vous en réclamant davantage. Le but du banquier est de se bâtir un pouvoir en affaiblissant les autres. C'est un but égoïste. L'acte du banquier est un acte égoïste. C'est un acte qui est mordu d'un cancer. Il détruira. Il tuera. C'est un acte de mort. L'égoïsme sème toujours la mort. L'égoïsme du banquier a fait le monde où nous vivons aujourd'hui, un monde où la magnifique intelligence de l'homme est mise tout entière au service de la destruction de l'homme lui-même.

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Voici un créditiste qui dépense des énergies au service de son pays. Son but est de travailler à l'établissement d'un régime où tout le monde jouisse de la sécurité et de la liberté. L'acte de ce créditiste est un acte d'amour. Il contient un germe de vie. Même si cet acte se perd dans un abîme immense d'actes meurtriers autour de lui, cet acte crée de la vie. Et la vie fleurira, et elle croîtra. Et elle éclipsera la mort. Et elle tuera la mort.

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Sur le Calvaire, la vie a vaincu la mort. Dans un monde racheté une fois sur la croix, et ra­cheté tous les jours depuis ce temps-là à la Sainte Messe, la vie continuera de vaincre la mort. Le rachat se continue. La vie aura de plus en plus raison de la mort.

La vie aura raison de la mort. La vie, oui, c'est-à-dire les actes de vie, les actes de charité, d'amour, les actes posés par des hommes qui imitent le grand amour du Christ.

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Créditistes, voilà pour vous la grande raison d'espérer. Quel est votre but en faisant l'apos­tolat que vous faites ? Vous savez bien, vous, l'intention qui vous anime. Cette intention de charité, vous la purifiez tous les jours au mi­lieu des petites et des grandes difficultés. Con­tinuez dans cette voie, c'est la voie du succès.

Parfois, souvent même, vous pouvez être dé­couragés en regardant autour de vous tout ce qui s'y passe. Partout où vous tournez la tête, vous ne rencontrez que le financier et ses va­lets. Ici, c'est le trustard lui-même qui fait les réglements qui vous étranglent. Là, c'est le gou­vernement qui se fait l'instrument du trustard pour édicter des lois, qui vous étranglent aussi.

Il n'est plus question dans tout le pays que de restrictions, de censure, d'impôts, de plafonds, de règlements, de privilèges, de défenses, de quêtes, de rationnement. Il n'est pas nécessaire de regarder de bien près toute cette législation pour s'apercevoir qu'elle fortifie les puissants et affaiblit les petits.

On dirait que tous les puissants du jour mar­chent la main dans la main pour consolider leur pouvoir et enlever aux petits ce qui leur reste de liberté. Pour arriver à leurs fins, les semeurs de mort se servent des prétextes, les plus sacrés. Que leur importe la destruction des corps, des âmes, des vies humaines, des grands idéaux, que leur importe la corruption de la chrétienté, puisque c'est au nom de la chrétienté elle-même qu'ils osent réclamer des sacrifices à leur royau­té déifiée !

En voyant au service de votre ennemi toutes les puissances réunies, créditistes, vous pouvez être tentés de douter de votre mission. Chassez bien vite ces insinuations du Prince de la Mort. À la fin, créditistes, c'est vous qui aurez raison, si, avec une grande ténacité, vous continuez à informer vos actes de cette charité, source de vie.

Gilberte Côté-Mercier

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