Intérêt à rebours

le dimanche, 01 février 1942. Dans Réflexions

Bien des gens s'imaginent que l'argent, par une sorte de magie qui lui est propre et qu'on ne prend pas la peine d'expliquer, grossit à mesure que la terre tourne autour du soleil. Qu'il suffit de met­tre une piastre dans un certain endroit, à la ban­que surtout, et que, au bout d'un an, la piastre aura fait pousser des sous.

Le fait suivant prouvera que l'argent ne grossit pas tout seul, du fait d'être laissé inemployé. Les banquiers ont bien l'habitude de réclamer — pour eux surtout — la fécondité de l'argent, même la fécondité de leur encrier ; mais ils semblent moins préoccupés de cette fécondité pour les autres, sur­tout si ce sont des petits, à en juger par l'histoire que voiei, telle qu'on nous la communique :c

Il y a quatre ans, environ, une jeune fille qui travaillait mettait ses économies dans une succur­sale de la Banque Nationale, à Québec. Il y a trois ans, elle se mariait et retirait ses économies de la banque, moins un dollar qu'elle y laissait pour te­nir un compte ouvert.

Or, voici que cette année, sans avoir fait ni re­trait ni dépôt pendant ces trois années, elle décide de retirer le dollar laissé à la banque. Vous croi­riez qu'on lui aura remis son dollar plus 4 sous d'intérêt ? Revenez-en : Madame n'a pu toucher que 72 sous. Le banquier lui a jargonné que la banque doit retenir 25 sous pour les frais de plu­me, puis il faut un timbre de trois sous sur le chè­que pour retirer ce qui reste.

Pour qui ce dollar a-t-il été fécond ?

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