Débâcle des partis

Louis Even le mercredi, 01 octobre 1941. Dans La politique

Sont-ils bien nombreux, qui placent encore leur confiance dans les partis politiques ? La ferveur est réfugiée chez ceux qui profitent des partis, à différents titres. D'autres, sans y être attachés, gardent une apparence de fidélité, parce que leur gagne-pain disparaîtrait s'ils manifestaient leurs véritables sentiments.

La foi aux partis politiques est tellement affaiblie, que bon nombre d'électeurs ne se dérangent même plus pour voter. À quoi bon ? disent-ils ; plus on change, plus c'est la même chose.

Il y a quelques semaines, un groupe de conservateurs se réunissaient à Québec, pour y discuter de politique fédérale. Ils ne se sont pas gênés pour déclarer :

1° Que le parti conservateur fédéral, avec ses chefs impérialistes, leur inspirait du dégoût ;

2° Qu'aucun des partis politiques que nous avons ne mérite l'adhésion des Canadiens français.

Toutefois, ces Bleus schismatiques restent attachés à l'idée d'un parti, d'un parti pour la conquête du pouvoir. Ils constatent bien que le public a soupé des rouges comme des bleus ; mais ils n'ont point pour cela adopté l'idée de coopérative politique que prêche notre mouvement. Au contraire, ils pressent tous les mécontents des partis actuels de se joindre à eux pour former un nouveau parti, afin, disent-ils, que notre province ne s'en aille pas à des mouvements extrémistes.

Autrement dit, il faut du nouveau, mais du nouveau exactement comme l'ancien.

N'ayez crainte. Le nouveau parti conservateur ne mourra pas de faim. La finance a besoin de cette troisième alternative pour éviter l'insubordination des exploités. Banco et compagnie sentent leur jeu découvert. Il devient difficile d'envoyer sérieusement Baptiste de la marionette rouge à la marionette bleue. Il faut pourtant l'empêcher d'aller au Crédit Social, car Banco ne peut pas jouer avec le Crédit Social.

Un nouveau parti conservateur fédéral pour la province de Québec, avec sa dénonciation de l'impérialisme, mais fort respectueux des privilèges de Banco, aurait des chances de rallier les insoumis ; cela ferait une troisième marionette pour occuper Baptiste le temps de décourager les créditistes......

Tout ce calcul irait fort bien s'il n'y avait pas de journal VERS DEMAIN. VERS DEMAIN a trouvé moyen de faire comprendre partout que les extrémistes auxquels il faut soustraire la province de Québec, ce sont justement les bancos, les trustards et leur cour d'adulateurs.

Louis Even

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