D'un trou à l'autre

le dimanche, 15 février 1942. Dans Réflexions

Où habite l'or ? Dans les entrailles de la terre. Comment faire pour l'avoir ? Prospecter, trou­ver, creuser, miner, hisser, concasser, laver, griller, chlorurer, cyanurer, affiner.

Et après ? Emballer, expédier, enterrer. Enterrer ? Oui, et au plus pressant. L'or n'est bien que dans le sein de la terre, afin que les ido­lâtres se penchent vers l'enfer pour rendre hom­mage au dieu jaune.

Sans rire, à peine l'or est-il purifié et coulé en briques qu'il est expédié à l'acheteur. L'or est sur­tout acheté, ces années-ci, par le gouvernement américain, qui le fait enfouir, sous bonne garde, dans des voûtes solidement établies à Fort Knox, dans les collines du Kentucky.

Ainsi, l'or passe d'un trou naturel qu'il faut dé­couvrir à un trou artificiel qu'il faut respecter.

Combien de personnes au Canada sont em­ployées à changer l'or de trou ? 32,245.

Comment ! 32,245 hommes employés à ce jeu-là, même pendant la guerre ? Même pendant la guerre, lorsqu'on crie à la disette d'hommes vali­des.

Mais à quoi l'or sert-il pour faire la guerre ? De­mandez à Adolf Hitler qui a monté sans une once d'or la plus forte machine de guerre du monde. Demandez à un simple soldat qui reçoit dans l'ab­domen une poignée de granules de plomb, lancées, à la viesse de 1000 milles à l'heure, si ça ne lui coupe pas le sifflet beaucoup plus efficacement que les briques d'or religieusement alignées dans les ta­bernacles souterrains du Kentucky.

Poster un commentaire

Vous êtes indentifier en tant qu'invité.