D'où ces droits ?

le mercredi, 15 juillet 1942. Dans L'économique

L'Ottawa Citizen du 25 juin reproduit un arti­cle de l'Arizona Daily Star, dans lequel on relève ce passage :

"Les Canadiens français du Québec jouis­sent de droits spéciaux qui leur sont garantis par ce qui équivaut à une constitution cana­dienne, l'Acte de l'Amérique du Nord Bri­tannique. Ils ont leur propre langue, leurs écoles, leur religion garantis par la couronne britannique.

"On pourrait croire que, puisque la cou­ronne anglaise garantit leurs droits aux Ca­nadiens français, ceux-ci devraient être pro­fondément intéressés à l'avenir de la Grande-Bretagne. Mais ils ne le sont pas. Ils protes­tent de leur loyauté, mais lorsqu'il s'agit de démontrer leur loyauté en combattant pour le pouvoir qui assure leurs droits spéciaux, ils sont tout à fait disposés à laisser le voisin faire le combat."

Quel que soit le degré d'ardeur ou de froideur que le Canadien français apporte à la guerre, et quelles que soient les raisons qu'on puisse avoir de chercher à modifier ce degré, ce n'est toujours pas par l'argument précité qu'on y arrivera.

Le droit à notre langue, le droit à nos écoles, le droit à notre religion, sont des droits naturels. Ce n'est point du tout un cadeau que nous a fait l'Angleterre. Nous avions ces droits-là bien avant que le Union Jack remplace sur nos ramparts le drapeau fleurdelysé. Si le conquérant ne nous les a pas volés, il ne nous les a pas non plus donnés.

Que dirait l'Arizona Daily Star, ou après lui l'Ottawa Citizen, si les Allemands ou les Japonais s'emparaient de l'Arizona ou de l'Ontario, y plan­taient leur drapeau, mais laissaient aux citoyens leur langue, leurs écoles et leur religion, puis leur diraient : "On vous garantit le droit à votre lan­gue, à vos écoles, à votre religion ; vous devez donc être profondément intéressés à l'avenir du reich allemand, ou de l'empire japonais, et prêts à nous aider contre nos ennemis."

Nous ne comparons nullement la couronne bri­tannique aux gouvernements de nos ennemis de l'heure ; mais nous ramenons simplement le rai­sonnement du journal de l'Arizona au niveau qu'il mérite.

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