Conscription hypocrite

le mercredi, 01 juillet 1942. Dans Conscription

I

M. Sasseville Roy, député de Gaspé, à la Cham­bre des Communes, le 17 juin dernier :

"Les honorables députés de cette Chambre se souviendront de cette accusation portée ici même, par l'honorable député de Royal (M. Brooks), qui est dans l'armée à titre de lieutenant-colonel, je crois, et qui exerçait alors ses fonctions dans un camp de conscrits. Il s'exprimait ainsi : "On va jusqu'à leur faire passer un troisième degré."

"Sous cette pression, 45 pour cent ont signé com­me volontaires. Quant aux autres, on se hâte de modifier la loi de 1940 (sous laquelle ils furent ap­pelés), afin de les envoyer eux aussi outre-mer, quoique leur présence au pays soit plus nécessaire aujoud'hui qu'en 1940. Ils ne furent donc pas cons­crits pour la défense du Canada."

II

Sous le titre "Impressions d'un Conscrit", la re­vue Relations, publiée sous la direction des Révé­rends Pères Jésuites, reproduit la lettre suivante dans son édition de juin 1942 :

"...Donc, après mes quatre mois d'entraîne­ment, comme je ne voulais point signer pour aller outre-mer, je fus conscrit pour la garde des côtes.

"Dès novembre 1941, j'arrivai à (......) et depuis je suis dans les parages...

"Je dois faire ici une mise au point au sujet du volontariat. Un soldat qui signe pour outre-mer (ou armée active) a l'avantage de choisir la bran­che qu'il aime et suivant son degré d'instruction ; il peut avoir une position en conséquence. Et, de l'autre côté de la "médaille" du volontariat, celui qui ne veut pas signer pour outre-mer perd tous ces avantages : on veut faire notre part pour défendre notre Canada au Canada...... on ne peut aller dans l'aviation, ni dans la marine ; nous devons nous contenter de l'armée comme simple soldat (private) et encore, plusieurs branches nous sont fer­mées.

"J'avais à choisir entre l'infanterie, l'artillerie et la mitrailleuse, j'ai donc choisi la mitrailleuse. D'ailleurs, les trois branches nous conduisent ici.

"Je suis donc actuellement attaché au régiment (...... ), j'appartiens à la compagnie (...... ) et mon peloton est le (...... ). C'est un régiment "anglais". Nous n'avons pas un seul officier français, ni un sergent, encore moins un caporal ! Pourtant, nous sommes environ quarante Canadiens français sur quarante-cinq soldats dans notre peloton !

"Nous avons un capitaine et un sergent-major qui détestent à la mort le Canadien français. Com­me nous ne voulons pas signer pour traverser en Europe, on nous donne de la misère et ce n'est pas croyable tout ce que l'on a enduré depuis que nous sommes ici. L'entraînement est très dur et bien pénible parfois, surtout quand on sait que c'est toujours (notre peloton) qui fait tout ici parce que nous ne sommes que de "simples recrues"......

"Du côté de la religion nous n'avons point la li­berté que nous devrions avoir. Quand notre ser­gent-major a la chance de nous empêcher d'aller à la messe, il le fait avec joie et nous témoigne son contentement. Un de mes confrères d'armes qui causait'avec lui dernièrement, a recueilli de ses lè­vres cette "perle" : il lui a dit que nous, les catho­liques, étions les membres de la Cinquième colonne et que le Saint-Père le Pape en était le chef inter­national ! etc., etc......

"Comment voulez-vous que Français et Anglais s'accordent avec de telles injustices ? Le découra­gement est grand, le moral est très bas. La boisson fait son ravage, le vice est à l'honneur et la débau­che règne.

"On se lève à six heures, et, le soir, il est passé onze heures que nous avons encore le sac au dos ! On ne sait jamais ce qui nous attend d'une minute à l'autre. L'alarme sonne, il faut prendre position à notre poste et parfois cela dure deux heures, vingt-quatre heures et voire même quarante-huit heures !

"Nous n'avons pas de congé ici, nous sommes en devoir vingt-quatre heures par jour. Nous avons droit à un congé de deux semaines par année de service. Je vous assure que j'ai passé de bien tristes fêtes ici. J'étais en devoir le jour de Noël et le jour de l'An. Je n'ai même pas été capable d'aller à la messe. Je suis arrivé chez moi la veille des Rois. J'y ai passé une très belle vacance et c'est avec dé­solation que je suis revenu ici ! J'ai pris mon coura­ge à deux mains et les mois ont passé. Sans une grande foi chrétienne et sans les secours d'En­-Haut, je n'aurais certainement pas passé au tra­vers, surtout depuis que je suis sur les côtes...... "

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