Ci-inclus un dollar, prix de ma troisième année d'abonnement à VERS DEMAIN. Vous remarquerez que j'anticipe, ma deuxième année n'étant pas tout à fait expirée. Raison : l'état de gêne où j'ai souvent à tirer sur le nécessaire pour toutes dépenses en dehors des strictes nécessités d'existence — vivre et couvert. Ce petit montant patiemment économisé au cours des deux derniers mois, je tiens à vous le faire parvenir incontinent, me libérant ainsi de la tentation possible de le détourner de son objet premier.
L'expérience de mes 70 ans presque révolus m'a appris — ce qui est d'ailleurs un fait acquis que lorsqu'il s'agit de droits sacrés, essentiels, violés ou menacés, il faut tout jeter dans la balance — sacrifices, moyens légaux — pour les défendre. À plus forte raison si ces droits s'appuient sur la loi naturelle, sur l'autorité des encycliques, sur l'enseignement d'un saint Thomas d'Aquin. En agir autrement serait, j'ose dire, criminel envers l'individu, la famille et la société.
Il y a, par exemple, le droit de ne pas se laisser frustrer ou voler de l'héritage ancestral, sous peine de trahison ; comme aussi dépouiller de la part des revenus nationaux attribuable en justice à tous et à chacun des citoyens du pays.
N'est-ce pas dans le Crédit Social et dans son organe VERS DEMAIN que nous trouvons le moyen connu le plus pratique de le réclamer, de le défendre, ce droit primordial ? Personne, en dehors de lui, s'est-il jamais avisé de trouver une formule adéquate, d'application pratique, immédiate, capable, sans bouleversement, de libérer le peuple de l'oppression des puissances d'argent qu'on trouve au fond de presque toutes ses misères, au seuil de tous ses problèmes ?
L'attirance du veau d'or, la fourberie de ses pontifes, jouant à la fois de ruse, de largesses ou de menaces, paralysent et les consciences et les cœurs de trop de nos compatriotes, pris surtout dans le monde des repus.
Le Crédit Social, pour sa part, ne se met en peine ni de leur courroux, ni de leurs machinations, passe droit son chemin, dissipe les ténèbres voulues et entretenues par la dictature économique ; et, selon l'esprit de sa philosophie, prêche, de paroles et d'exemple, la justice, l'honnêteté envers tous...
...Le Crédit Social est en train de mettre de l'ordre dans la maison, dans la cité, plaçant chaque chose à sa place. Et c'est pourquoi nous ne serons pas un peuple mourant de son propre désordre.
E.-P. A.