On a donné aux femmes, avec le droit de vote, une arme puissante, la seule arme qui compte dans nos sociétés démocratiques. Si elles savent se grouper, si, délaissant la politique stérile du parti, elles apprennent à voter sur un programme d'intérêts féminins, d'hygiène, de morale et d'éducation, je ne doute pas, qu'à l'exemple des ouvriers et des cultivateurs, elles ne finissent par représenter une force avec laquelle il faudra compter.
Nous ne demandons pas à la femme de demain de déserter son foyer. Nous lui demandons d'élargir son regard et d'agrandir son horizon. Le foyer est bien plus grand, bien plus beau que ne le pensent certaines gens à courte vue. Le foyer, il est partout où se débattent les intérêts de la femme et de l'enfant, partout où se fabriquent les lois sur le mariage ou l'éducation. C'est en tant qu'épouses et mères que nous leur demandons de tenir les yeux ouverts sur cette société où leurs enfants seront jetés demain ; c'est en tant qu'épouses et mères que nous leur demandons d'être prêtes pour l'heure, toute proche peut-être, où tout ce qu'elles aiment sera mis en cause, et où elles devront, pour le défendre, compter surtout sur elles-mêmes.
M.-Ceslas FOREST, o. p. Professeur à l'École des Sciences sociales