Avec qui bâtir

Gilberte Côté-Mercier le samedi, 15 juin 1940. Dans Divers, Réflexions

Monsieur l'abbé Saey, qui, à juste titre, commence à devenir célèbre par ses prédications sur l'amour de Dieu, donne l'exemple suivant pour expliquer que si l'homme ne fait pas sa part d'effort, toutes les avances de la grâce divine ne servent à rien :

La maman de bébé prépare elle-même la bouteille de lait, elle fait toutes les démarches d'achat et de cuisine, et elle apporte la bouteille jusqu'à la bouche de bébé. Voici le moment où bébé doit faire sa part : il doit ouvrir la bouche. S'il n'ouvre pas la bouche, tout l'ouvrage de la maman est perdu pour le bien de bébé.

Il en est ainsi pour toute la vie surnaturelle, conclut monsieur l'abbé Saey.

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Ne croyez-vous pas, ô hommes, qu'il en est ainsi pour la vie humaine tout entière ?

Ne croyez-vous pas, vous qui voulez une réforme, qu'il en est ainsi pour l'établissement de tout ordre nouveau ?

Créditistes, ne croyez-vous pas qu'il en est ainsi pour la marche vers l'avènement du Crédit Social ?

Pourquoi, jusqu'à présent, avons-nous essayé de faire travailler pour nous ceux qui profitent du désordre actuel ? Ils ne veulent pas le changer.

Pourquoi avons-nous perdu des heures à discuter avec ces orgueilleux qui se croient diplômés en science universelle ? Ils sont trop aveuglés par leur vanité pour voir et admettre des idées qui ne sortent pas de leur cerveau propre.

Pourquoi avons-nous tenté de faire bouger des paresseux, abrutis par la soumission et la passivité pratiquées depuis leur tendre enfance ?

Pourquoi avons-nous poursuivi la collaboration d'ambitieux qui se recherchent eux-mêmes plutôt qu'ils recherchent le bien commun ?

Injustice, orgueil, paresse, égoïsme, vous êtes nés de la haïne de Satan. Vous ne produirez jamais l'amour. C'est avec de la substance de bonté qu'on peut réaliser le bien.

C'est pour cela que ceux qui travaillent au bien commun ne peuvent le faire avec ces éléments de désordre. Ils doivent chercher ailleurs leurs instruments de réforme. C'est à une élite véritable qu'ils demanderont de l'aide.

Une élite véritable, c'est-à-dire pas l'élite de la toge ou du porte-feuille, mais l'élite de la droiture de pensée et de conscience, l'élite capable de faire l'effort, si petit soit-il, pour permettre à la Miséricorde de s'exercer.

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Si on mène la méditation plus loin, cela peut vouloir dire aussi que les prières et démonstrations publiques ne conduisent à rien, si on les fait dans un but de recherche de soi-même. Des processions d'âmes en état de péché mortel ne touchent pas la Bonté divine.

De même les supplications à la Puissance divine pour qu'Elle nous épargne afin que nous continuions notre vie de péché, ne peuvent pas produire l'effet que nous attendons.

Il n'y a que les sacrifices des humbles et des purs qui nous obtiendront, non pas la délivrance telle que nous la concevons, mais la lumière pour voir et la force pour agir.

Pour résumer, l'action et les prières des bons seuls seront les agents de l'ordre que nous réclamons.

Gilberte CÔTÉ

Gilberte Côté-Mercier

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