En rejetant la demande de l'Alberta pour une charte de banque, le Comité de la Banque et du Commerce de la Chambre des Communes dit qu'il la refuse parce qu'il n'a pas le pouvoir de l'octroyer.
Le Parlement fédéral ne se reconnaît pas le pouvoir d'accorder une charte de banque à l'Alberta.
Or la province d'Alberta n'a pas non plus le pouvoir de s'accorder une charte de banque.
Où donc réside le pouvoir ? Est-il en dehors du Canada ?
La constitution du Canada dit que tout ce qui n'est pas expressément stipulé comme étant du ressort provincial doit être considéré comme du ressort fédéral.
L'octroi d'une charte de banque à une province n'est pas du ressort provincial. À qui faut-il que la province s'adresse si le fédéral ne s'en reconnaît pas le pouvoir ?
Par ailleurs, le fédéral se reconnaît parfaitement l'autorité d'accorder une charte bancaire à une demi-douzaine de citoyens d'Alberta qui voudraient fonder une banque dans leur province pour exploiter le peuple de leur province. Mais pas à une banque provinciale pour servir le peuple de la province.
Il y a autre chose qu'une question de juridiction là-dessous !
(D'après Spitfire, dans Today and Tomorrow).
De La Tribune du 2 juin :
Parlant de la charte de banque provinciale que veut obtenir la province d'Alberta, M. Lafontaine (député fédéral de Mégantic) dit que le bill présenté à cet effet a déjà été rejeté et le sera une troisième fois, parce qu'il aurait pour effet de créer le premier-ministre de l'Alberta gérant-général de cette banque avec les ministres comme directeurs.
Pour faire comprendre le vice d'un pareil système, M. Lafontaine demande s'il est un gouvernement qui refuserait de prêter à ses électeurs.
Nous avouons ne pas comprendre le raisonnement du député.
Est-ce que le fait, pour le gouvernement de la province de Québec, d'administrer la voirie rend le premier-ministre gérant des routes et les ministres directeurs ?
Est-ce que le fait, pour le fédéral, d'administrer les postes, rend le premier-ministre gérant du courrier et les ministres directeurs ?
Puis à quoi rime la question du député : Y a-t-il un gouvernement qui refuserait de prêter à ses électeurs ? Qu'entend-il par les électeurs d'un gouvernement ?
S'il veut dire que le gouvernement qui aurait sa banque prêterait volontiers au public, nous ne voyons pas pourquoi le gouvernement ne donnerait même pas de l'argent au public quand il en manque dans la circulation. Est-ce une raison pour condamner l'octroi d'une charte ? Dans ce cas, il faudrait interdire le département de la voirie, parce qu'il donne des routes à la province ! Est-ce qu'un organisme n'est bon que quand il refuse de servir ? Est-ce qu'un gouvernement mériterait d'avoir une banque qu'à condition de refuser l'argent ? Est-ce que nous choisissons et payons un gouvernement pour nous servir ou pour nous faire faire pénitence ?
Nous ne croyons pas que M. Lafontaine veuille dire que le gouvernement avancerait de l'argent à ses partisans seulement, à tels électeurs connus comme ayant voté pour le parti au pouvoir. Ce serait nous donner une bien triste idée des grands partis politiques et de la démocratie pour laquelle on se bat avec tant d'entrain.
Il y aura toujours des esprits étroits, ou envieux, ou gâtés par le mercantilisme et la politique souillée, pour essayer de rapetisser la vertu des autres, pour juger les autres d'après leurs propres habitudes d'égoïsme. Mais cela ne ralentira en rien le zèle de nos apôtres. Il finira bien par triompher.
Dépêche de la Presse Canadienne du 5 juin :
OTTAWA. : — Le peuple canadien paie de 4.6 à 5.6 sous sur chaque livre de fromage allant au Royaume-Uni, comme le ministre de l'Agriculture, l'Hon. G.-J. Gardiner, l'a révélé aux Communes. En d'autres termes, les gouvernements d'Ottawa, de l'Ontario et du Québec accordent des primes à la Grande-Bretagne qui ne paie ainsi le fromage qu'elle achète au Canada que 14.4 sous la livre.
Nous ne sommes pas opposés au principe des primes. Au contraire, le Crédit Social demande des primes pour tous les consommateurs. Il appelle cela escompte compensé, ou prix assisté. Et ce devrait être général lorsqu'il y a insuffisance de pouvoir d'achat en face des prix. Mais tout dépend de la source d'alimentation des primes et des bénéfices des primes. Avec notre système actuel, toutes les fois qu'il y a prime quelque part, il y a taxe équivalente ailleurs.
Nous ne discutons pas non plus les sentiments qui font placer les primes au bénéfice de l'importateur anglais. Il reste tout de même ceci, que les primes sont accordées aux consommateurs anglais, pas aux familles du pays qui produit le fromage. Si la prime est bonne pour les consommateurs du Royaume-Uni, elle serait bonne aussi pour la Canadienne qui achète du fromage pour sa famille. Aux autres les primes, à nous les taxes !
Un I.A.P. du comté de Châteauguay écrit :
Je vous assure qu'il est bien difficile de prendre des abonnés par ici. Les gens ne sont pas trop hostiles. Mais lorsqu'on vient à leur demander une piastre pour le journal, ils pensent qu'on fait de l'argent sur eux. Ils nous disent que lorsqu'un homme se dévoue pour une chose, c'est qu'il est payé pour le faire. La mentalité est telle qu'ils croient que personne ne veut plus travailler pour le bien commun.
Cette idée que personne ne peut plus travailler sans paie, pour le bien commun, par esprit social, ne rend pas justice à tant de dévouements qui se multiplient partout dans notre province. S'il est un pays où l'on sait encore se dévouer gratuitement, ce doit bien être, en Amérique, notre province catholique de Québec.
N'a-t-on pas des femmes et des filles — et des jeunes gens aussi — qui se donnent régulièrement à des œuvres paroissiales sans aucune rémunération ?
C'est ce même esprit qui anime nos membres de l'Institut d'Action Politique, nos conférenciers, tous ceux qui se consacrent à la propagande du Crédit Social. Le mouvement créditiste dans notre province n'est pas un parti politique. C'est une œuvre pour assainir et l'économique et la politique. C'est une œuvre, une œuvre toute pure.
Nos I.A.P. ni nos conférenciers ne tirent aucun sou de rémunération pour leur travail, pour les heures qu'ils consacrent à l'expansion de la doctrine. Et c'est justement pour cela que le mouvement fait des progrès phénoménaux.
Ceux qui doutaient encore que les banques font l'argent, ceux qui s'imaginaient que les banques prêtent nos épargnes, rien que nos épargnes, ont dû apprendre le contraire dans les nombreux discours débités à l'occasion de l'emprunt de la Victoire. Maurice Gingues à Sherbrooke, l'honorable Wilfrid Hamel à Plessisville, d'autres ailleurs, tous semblent s'être concertés pour donner raison aux créditistes sur ce point.
On a dit et répété partout que près de trois milliards d'argent dorment dans les banques.
Trois milliards DORMENT, dans les banques. L'épargne des Canadiens DORT dans les banques ? Mais qu'est-ce que les banques prêtent donc aux emprunteurs, puisqu'elles laissent l'argent qu'on leur porte dormir dans leurs locaux ?
Si le banquier laisse dormir l'argent qu'on lui porte, c'est donc qu'il manufacture l'argent qu'il prête. Il prête l'argent qu'il fait lui-même pour l'occasion, et il laisse dormir celui qu'il reçoit.
Est-ce assez clair ? Voilà que les politiciens eux-mêmes proclament la vérité sans le vouloir.
Nous recevons la lettre suivante d'un prêtre de notre province :
Monsieur le Directeur,
S'il vous plaît de m'adresser "Première année de VERS DEMAIN, ainsi que 25 "Cahiers du Crédit Social" (août 1939), pour lesquels je joins le montant de $1.54.
Pour votre encouragement, permettez-moi de vous faire remarquer que je ne manque aucune occasion favorable (très souvent je la fais naître) d'éclairer mes concitoyens locaux sur le Crédit Social possible ; après, naturellement, avoir tonné contre notre système économique certainement et évidemment néfaste.
Avec ma conviction d'être apôtre de la Vérité, j'ai la joie et la satisfaction de n'être pas un vulgaire politicien, mais un humble patriote, à la suite de notre Maître qui a non seulement enseigné mais pratiqué le "Misereor super turbam".
Mon bon souvenir vous est acquis,
H. G., ptre.
Un I.A.P. nous écrit :
L'abonné B., dont je vous envoie le renouvellement, a appris à lire après son mariage. Il a présentement une nombreuse famille. Il a tant de difficulté à lire qu'il est bien juste pour finir un numéro lorsque le suivant arrive.
Et malgré cette difficulté, malgré sa nombreuse famille, cet abonné continue après un an. Voilà de quoi faire honte à ceux qui disent qu'ils n'ont pas le temps de lire. De quoi faire honte aussi à la prétendue élite qui n'a rien fait pour instruire le peuple, le peuple prêt à tant d'efforts et de sacrifices lorsqu'il trouve un message de vérité et d'espoir.
Deux nouveaux mariés, M. et Mme HENRI DUBUC, de Sherbrooke, au cours de leur voyage de noces, se sont réservé une heure pour une visite au bureau du journal qui leur est cher. On sait le travail fait à Sherbrooke par M. Dubuc depuis l'origine du mouvement.