Des lecteurs nous ont demandé comment, sous le Crédit Social, on empêchera la floraison des monopoles, comment on empêchera l'industrie de se concentrer en quelques mains.
Il y aurait bien des réponses à faire. À démontrer, par exemple, comment une industrie même grosse perd son caractère malsain lorsque le consommateur est financé pour acheter le produit. Certaines industries gagnent en efficacité en joignant leurs forces et leurs capitaux. Cela permet, par exemple, l'établissement de laboratoires de recherches dispendieux, des installations plus hygiéniques, etc.
Par ailleurs, l'argent perdant la fonction usurpée d'instrument de puissance pour ne retenir que sa fonction de serviteur, là où sera l'argent, là sera le service et non plus la dictature.
Mais voici un autre point à faire valoir, que nous trouvons très bien résumé dans une étude de M. V. A. Demant, publiée comme supplément à la lettre hebdomadaire de M. Munson, "Men First", du 12 mai dernier.
M. Demant a parlé de la nécessité, aujourd'hui, de développer des industries, des biens de capital, pour utiliser la main-d'œuvre plutôt que fournir des produits, puisque les produits actuels ne se vendent même pas. Il juge, avec raison, que la production est ainsi détournée de son but : elle est dictée, non pour servir les besoins des hommes, mais pour faire fructifier des capitaux et travailler les hommes.
Cette manière de développer l'industrie a l'inconvénient, aussi, de rendre la société débitrice envers ceux qui possèdent déjà. Plus ils ont de capitaux, plus ils deviennent, pour ainsi dire, les bienfaiteurs de leurs semblables en développant l'industrie. Les autres deviennent les protégés, en même temps que les employés, de ceux-là. Et c'est ainsi que s'accumulent en même temps la concentration de la richesse dans quelques mains et la puissance de ces quelques-uns sur leurs semblables.
M. Demant vient de parler de l'escompte compensé du Crédit Social, de la diminution de prix pour l'acheteur avec compensation au marchand détaillant. Il dit :
"En finançant la production de cette manière, que nous estimons la manière naturelle, le court-circuit de l'argent, détourné du marché de la consommation pour financer une expansion de l'industrie, n'existe plus. La distribution du crédit de la société sous forme de diminution de prix augmente le pouvoir d'achat de l'individu. Le placement du revenu dans le développement industriel tendra à devenir une entreprise surérogatoire de la part de son auteur, plutôt qu'une nécessité implacable imposée à la production et à la consommation.
"Ainsi fait-on disparaître le principal facteur qui a servi d'instrument automatique pour accentuer les inégalités de fortune et la nécessité pour la société de s'endetter de plus en plus envers ses membres les plus riches.
"C'est ainsi qu'on effectuerait naturellement et graduellement une distribution plus générale et plus équitable de la richesse. Si on veut le faire par des interventions politiques, on s'expose à ruiner l'industrie de but en blanc.
"Cette méthode, l'escompte national, relèverait énormément le niveau de vie de la masse et résoudrait le ridicule problème de vente. L'industrie, libérée des nécessités de la pression de vente, pourrait employer ses énergies à l'efficacité de production, absorber tout l'emploi nécessaire pour servir les besoins réels de consommateurs adéquatement munis des moyens de placer leurs commandes."
Le 26 novembre 1875, l'Angleterre empruntait de la maison des Rothschilds la somme de $20,400,000 pour acheter 176,602 parts du capital du Canal de Suez.
Le 26 novembre 1935, soixante ans plus tard, l'Angleterre avait payé en intérêts sur cette dette plus de $100,000,000.
En d'autres termes, après 60 ans, l'Angleterre avait payé en intérêt cinq fois le montant de la dette, et elle devait encore toute la dette.
À remarquer que la maison des Rothschilds possédait le reste des parts du capital, 223,398 parts.
Comme quoi ce qui n'est pas possédé par les Rothschilds l'est nominalement par le gouvernement anglais ; et le résultat, c'est que l'Angleterre paie aux Rothschilds plusieurs fois la valeur de la petite partie que les Rothschilds ne possèdent pas.
(Extrait d'un discours prononcé à la législature de l'Alberta par M. Albert Hooke.)
Dans une lettre à un journal du soir de Londres, le duc de Bedford préconise le dividende national :
"Les gens devraient s'éveiller au fait que nous vivons dans un âge d'inventions qui détruisent l'emploi et permettent de se passer de plus en plus du labeur humain. Une turbine aux États-Unis possède une puissance de 300,000 chevaux-vapeur, ou trois millions de fois l'énergie d'un homme sur une base de journée de huit heures. Quatre turbines comme celle-là signifieraient une capacité d'énergie supérieure à celle de toute la population ouvrière des États-Unis.
"Comme résultat de ces inventions, loin d'être immoral pour un homme de toucher un revenu qu'il n'a pas gagné, il conviendrait, au contraire, que chacun commence à recevoir un certain revenu non gagné par du travail salarié. Cela permettrait à chacun d'acheter sa part du produit de la machine et des forces naturelles harnachées pour accomplir l'ouvrage autrefois exécuté par des muscles d'hommes.
"Certaines personnes s'imaginent qu'on peut remédier au déplacement de l'homme par la machine en abrégeant les heures d'ouvrage pour employer plus d'hommes. Ce serait certainement un palliatif temporaire. Mais temporaire seulement ; parce que, passé un certain point, la diminution des heures d'emploi devient à la fois peu pratique, destructive de l'expertise et absurde."
(Reproduit de "Today and Tomorrow")
Par le chanoine Ira Bourassa, curé de la cathédrale de Sherbrooke (rapporté dans La Tribune du 19 mai) :
"Le gouvernement a pris tous les soins — et je l'en félicite — lorsqu'il s'est agi de tracer de beaux plans d'habitations... pour les vaches. Par contre, des dizaines de pères de famille sont venus me déclarer qu'ils n'avaient pu trouver de logements dans toute la ville de Sherbrooke.
"Personne ne veut louer à ces hommes sobres, honnêtes, travailleurs, qui ont de l'argent pour payer leur loyer, parce qu'ils ont commis le crime d'avoir cinq ou six enfants qui iront se faire déchirer à la guerre comme une guenille ou s'user dans les usines, et qui contribueront par leur travail au progrès de leur pays.
"... Si la guerre fait couler des larmes et du sang, c'est parce que l'erreur a régné à la place de la vérité. C'est le manque de charité qui tue le monde, qui fait que les hommes, frères par la nature, se font la lutte sur les champs de bataille et dans tous les domaines.
"Avec les merveilles des inventions modernes, nous devrions vivre comme en paradis terrestre, sans compter que Dieu a multiplié ses bienfaits et ses dons sur terre. Cependant, combien sont privés du nécessaire !
"Il aurait dû y avoir un mécanisme pour distribuer ces biens. Il n'y a eu personne à les consommer, parce qu'il n'y avait personne pour les distribuer à ceux qui en avaient besoin, personne pour leur donner l'occasion même de les gagner à la sueur de leur front.
"Il y a désordre en cela, et le refus d'agir ou une trop grande lenteur conduira à un désastre épouvantable. Il faut choisir entre la destruction de tout ou partager.
"Lorsqu'on prétend aimer quelqu'un, on ne met pas la main dans sa poche pour lui prendre ce qu'il a ; on ne met pas la main sur sa gorge pour l'empêcher de parler ; on ne l'attache pas pour l'empêcher de travailler au bien de la société.
"On ne peut pas faire la charité avec des choses volées. L'exploiteur, même s'il fait la charité à toutes les œuvres de bienfaisance, aura encore des comptes à régler.
"Mettons-nous tous à l'ouvrage pour redresser le désordre : il y a des gens qui ont faim ; il y a des gens qui n'ont pas de logis."
Personne n'a contredit M. O'Neill, lorsqu'il a déclaré au Parlement fédéral :
Le nombre de jeunes gens qui se présentent à l'armée et se voient déclarés inaptes au service militaire est déplorable. Dans bien des cas, on constate que leur mauvaise santé a pour cause la carie dentaire. Ils n'ont jamais eu de chance. Avec un revenu de $100 seulement par mois, une famille de quatre personnes, père, mère et deux enfants, ne sauraient se payer les choses nécessaires à l'existence tout en acquittant les honoraires du dentiste et du médecin. C'est une impossibilité. Ainsi, elle doit se passer de toutes ces choses." — (Hansard du 15 mai, page 3139.)
À qui la faute si ces jeunes gens ne sont même pas capables de défendre leur pays aujourd'hui ? À qui la faute, sinon à ceux qui, en restreignant le crédit de la société, laissent des multitudes dans la privation devant l'abondance qui se perd ? Et à ceux qui, gardiens de l'ordre social, permettent ce sabotage de la santé comme de bien d'autres choses ?
Le "Social Crediter" du 26 avril reçoit d'un de ses correspondants et reproduit la citation suivante de Féodore Dostoyevsky, écrite en 1880 :
"Oui, elle est à la veille de tomber, votre Europe, et sa chute sera universelle, générale, terrible... La juiverie et la banque régnent maintenant sur toute chose, autant sur l'Europe que sur l'Éducation, sur toute la civilisation et sur le socialisme, sur le socialisme particulièrement, parce que, avec l'aide du socialisme, le judaïsme détruira la chrétienté dans ses racines et démolira la culture chrétienne.
"Et si rien n'en sort que l'anarchie, même alors à la tête de tout on trouvera le Juif... et lorsque toute la richesse de l'Europe aura été pillée, seule la banque juive demeurera."
Espérons que le Crédit Social va venir à temps pour démentir cette prophétie.
De Mgr Desranleau, évêque, de Sherbrooke :
Des lois sociales justes s'imposent ; sinon, il y aura dans notre cher Canada comme en d'autres pays des révolutions, et les responsables seront les gouvernants qui, au lieu de faire des lois pour aider le bien commun de tous les citoyens, se seront laissé conduire et mener par les grands riches, par la dictature économique et auront tout organisé pour le bien de quelques hommes pour qui ni les droits de Dieu ni les droits des hommes ne valent d'être respectés.
Il nous faut prier, étudier, travailler et faire des sacrifices, pour obtenir notre part de bonheur sur la terre. L'autre bonheur, l'Église nous l'assure.