De La Tribune de Sherbrooke :
La production intensive du lait, d'œufs et d'autres produits animaux soumet à une grande épreuve la constitution des animaux domestiques. La quantité énorme de matériaux exigés par le corps de la bête pour produire fait qu'il est nécessaire que la ration qu'elle reçoit contienne des quantités beaucoup plus fortes d'éléments nutritifs que dans les conditions naturelles, où la dépense d'énergies est limitée... Il en résulte des problèmes qui exigent la plus grande habileté de la part des scientistes zootechniciens et chimistes du ministère fédéral de l'Agriculture. Ils essaient constamment des systèmes améliorés d'alimentation, afin de produire des animaux sains, vigoureux et d'un bon type pour la consommation.
Et l'homme ? Peu importe ce qu'on demande de lui. Il doit se rationner d'après les limites posées par les maîtres de l'argent.
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Écrivant en faveur de l'adoption immédiate et sans hésiter du rapport Sirois, M. Jean-Charles Harvey écrit dans Le Jour du 7 décembre :
Nous sommes à la veille de la banqueroute. Si nous ne prenons pas des moyens énergiques pour nous tirer du gouffre, nous devrons bientôt déclarer officiellement notre faillite et ruiner du coup des milliers d'épargnants qui comptaient sur la solidité de nos institutions pour garder leur bien. Ceci n'est pas un produit de notre imagination : c'est une échéance prochaine. Nos pauvres petits économistes en pantoufles, écrivant dans des revues créées spécialement pour diviser le Canada, n'auraient aucun scrupule à contempler le spectacle de la faim et de la soif, dans leur paradis de fous, pourvu que soit sauvée leur ambition de créer, sur cette terre labourée de préjugés, de haines et de faux mysticisme, une réserve de gueux vêtus des haillons de l'utopie séparatiste.
Qu'on nous dise donc si la province de Québec n'est pas labourée d'une autre manière aussi, même au sens propre. Et cette réserve de gueux ne fournit-elle pas assez de nourriture, d'eau, même transformée, de vêtements et de chaussures pour qu'on n'y souffre ni de la faim, ni de la soif, ni de l'obligation de porter des haillons ! Que le réel remplace des règlements monétaires absurdes, et les gueux se trouveront ailleurs que dans une réserve qui déborde de richesses de toutes sortes.
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"Nous voulons nous aider les uns les autres. Les êtres humains sont faits comme cela. Nous voulons vivre du bonheur les uns des autres... non pas de la misère les uns des autres. Nous ne voulons pas nous haïr et nous mépriser les uns les autres. Il y a place pour tout le monde sur cette terre. La bonne planète est riche et peut pourvoir aux besoins de tous. Le chemin de la vie peut être libre et beau, mais nous avons perdu la route.
"La rapacité a empoisonné les âmes des hommes, a barricadé le monde de haine, nous a poussés à la misère et à l'effusion du sang. Nous avons développé la vitesse, mais nous nous sommes cantonnés et emmurés. La machine qui fournit l'abondance nous a laissés dans le besoin. Notre science nous a rendus cyniques. Notre habileté, durs et cruels. Nous pensons trop et nous ne sentons pas assez. Nous avons plus besoin d'humanisme que de machinerie. Plus besoin de bienveillance et de douceur que d'habileté. Sans ces vertus, la vie sera violente et tout sera perdu.
"L'aéroplane et la radio ont rapproché les différentes parties de l'univers. La nature même de ces inventions crie un appel à la bonté qui est dans l'homme, à une fraternité universelle, à l'unité de la grande famille humaine...
"Au dix-septième chapitre de Saint Luc, il est écrit : Le Royaume de Dieu est au milieu de vous... Non pas dans un seul homme ou un groupe d'hommes, mais dans l'humanité. Au milieu de vous ! Vous, les enfants de la terre, avez la puissance. La puissance de créer des machines. La puissance de créer le bonheur ! Vous avez la puissance de rendre la vie libre et belle — de faire de cette vie une aventure merveilleuse.
"Usons de cette puissance. Pour cela, unissons-nous. Luttons pour un nouveau monde — pour un monde décent dans lequel chacun aura la chance d'occuper une place utile — pour un monde qui donnera à la jeunesse un avenir, à la vieillesse la sécurité."
(dans The Great Dictator)
Charlie CHAPLIN
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Déjà !
Dépêche de la Presse Canadienne, reproduite dans les journaux du 16 décembre :
VANCOUVER — M. Alex Walker, président-national de la Légion Canadienne, a envoyé un télégramme au ministre des Pensions, l'Hon. Ian Mackenzie, à Ottawa, pour lui dire que la Légion désire que l'on règle immédiatement et de façon définitive la question des soldats qui ont reçu leur congé définitif. "Nous continuerons de lutter pour ces hommes, dit Walker. Sans doute le gouvernement sait qu'il faut faire autre chose pour ces soldats qui ont reçu leur congé définitif et qui doivent lutter pour leur subsistance, car ils ne reçoivent d'aide que des organisations de bienfaisance ou des secours directs... Si l'on est capable de trouver de l'argent pour toute cette destruction, je crois qu'on pourrait en trouver un peu pour établir ces hommes convenablement."
Que sera-ce donc après la guerre, lors de la démobilisation des armées et de la suspension des fabrications d'armements ?
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Dépêche, de Vichy du 7 décembre :
M. Jacques Chevalier, secrétaire-général du Ministère de l'Éducation Nationale, a annoncé aujourd'hui les plans pour rétablir l'éducation religieuse dans les écoles de France. Il a dit que l'école sans-Dieu avait fait son temps. Le rétablissement de l'éducation religieuse a été autorisé par un décret qui déclare que les écoles doivent enseigner les devoirs envers soi-même et le prochain — la famille et la patrie — et envers Dieu."
Cela n'émeut pas beaucoup une certaine presse, dont Le Jour, qui voudrait que notre gouvernement répudie Pétain et reconnaisse le gouvernement de Charles de Gaulle ; qui appelle dédaigneusement Vichyards ceux qui ont entrepris d'une autre manière que la franc-maçonnerie la restauration de la France. Pour Jean-Charles Harvey, Pétain est le Sultan de Vichy ; ses collaborateurs, des valets, des chambellans, des espions et des eunuques. D'après P. R., dans la même édition du Jour, 21 décembre, la France a toujours enseigné à ses enfants leurs devoirs envers eux-mêmes, envers la famille, envers la patrie et envers Dieu.
Sans doute qu'il n'y eut jamais de lois contre l'enseignement religieux en France ! Les expulsions de religieux, au début du siècle, étaient pure fiction !
Demandez donc à P. R. combien de Français pratiquaient encore leur religion, allaient encore à la messe le dimanche, avant la guerre. Mais cela a-t-il de l'importance ? Elle était si pure et si glorieuse, la France, sous le régime des frères trois-points et des importés israélites, avec le juif Jean Zay comme Ministre de l'Éducation Nationale d'un pays catholique depuis quinze siècles ! Pourquoi les patriotes du Jour ne vont-ils pas rejoindre les armées du général de Gaulle en Afrique Équatoriale ?