Au hasard des lectures

Louis Even le mercredi, 01 octobre 1941. Dans En lisant les journaux

Haïne ou charité

Le 31 août, à Sherbrooke, M. J.-Ernest Grégoire, ancien maire de Québec, professeur d'Économie politique à l'Université Laval, déclarait qu'un des caractères frappants du Crédit Social, c'est son esprit de charité. Il est à base de charité et forme des hommes à la charité. Les créditistes se rencontrent comme des frères  : ils ne s'étaient jamais vus, et pourtant ils se sont reconnus. D'ailleurs, ils prêchent partout une politique et une économique de charité.

Trois jours plus tard, on trouve dans Le Droit d'Ottawa, le compte-rendu d'une réception, en dîner intime, donnée par l'École des Sciences Politiques d'Ottawa à ses professeurs.

Au cours de cette réception, le directeur de l'École, le R. Père Sauvé, dont les déclarations contre le Crédit Social furent déjà rabrouées par une commission de neuf théologiens, a cru bon de classer le Crédit Social parmi les doctrines de haine. Après avoir avec raison condamné le libéralisme économique actuel, il ajoute  :

"Déjà la réaction s'est manifestée dans le communisme, le Crédit Social et dans plusieurs autres systèmes qui exploitent l'impatience haineuse d'une partie de la masse."

Nos lecteurs, plus que le détracteur au courant du Crédit Social, du mouvement créditiste et de ceux qui s'en occupent, sont à même de juger lequel, de M. Grégoire ou du directeur d'Ottawa, touche la note la plus juste.

D'ailleurs, le même numéro du Droit publie un bon rapport du Congrès de Sherbrooke, et l'on y cherchera en vain une manifestation de haine.

S'il faut juger d'un arbre par ses fruits, nous n'avons pas honte de montrer au public les milliers sortis de la masse ignorante, qui aujourd'hui se sentent d'autres hommes, parce qu'ils portent la lumière dans leur esprit, l'espoir et la charité dans leur cœur.

Le mouvement créditiste a suscité des dévouements, de l'apostolat pour instruire et élever la multitude, que nous aimerions découvrir chez les parcheminés de nos universités. Ces derniers, nous les trouvons bien dans des bureaux où l'on essaie d'arracher le plus d'argent possible au peuple  ; on les trouve dans des parlements où les puissances d'argent sont protégées et la multitude ignorée  ; mais est-ce donc pour cela qu'ils ont bénéficié de faveurs qui seraient impossibles sans l'existence de la société qu'ils oublient  ?

Nous voulons croire que l'École dirigée par le R. P. Sauvé fait exception. Au cours de son allocution, il rappelle que, depuis sa fondation, son École a décerné deux doctorats et dix-huit licences. Il nous sera très agréable de publier ce qu'ont fait ces deux docteurs et ces dix-huit licenciés pour assainir la politique et l'économique, pour combattre le communisme et les doctrines de haine autrement que par des discours, en supprimant la situation stupide et révoltante qui perpétue la privation devant l'abondance immobilisée.

Louis EVEN

Une lettre de Lincoln

Dans "La Vie de Lincoln", par Ludwig, on trouve, page 470, la lettre suivante du grand président au colonel Richard Taylor  :

"Mon cher Colonel Dick,

"Il y a longtemps que j'ai décidé de rendre publique l'origine des greenbacks et de dire au monde que c'est la création de Richard Taylor.

"Vous fûtes toujours un ami pour moi. Lorsque des temps durs tombèrent sur nous  ; lorsque mes épaules, quoique larges et bien disposées, faiblissaient sous le fardeau  ; lorsque je me trouvai entouré de circonstances embarrassantes et de toutes sortes de gens, ne sachant trop auxquels me fier, je me dis dans mon extrémité  : "Je vais envoyer chercher le colonel Taylor  ; il saura quoi faire."

"Je pense que c'était en janvier 1862, le 16 ou aux environs du 16. Vous vîntes et je vous demandai  : "Que pouvons-nous faire  ?" Et vous de répondre  : "Pourquoi ne pas émettre des billets du Trésor, ne portant pas d'intérêt, imprimés sur le meilleur papier de banque  ? Émettez-en assez pour payer les dépenses de l'armée et déclarez ces billets monnaie légale."

"Chase (le secrétaire du Trésor) pensa que ce serait hasardé  ; mais nous avons finalement décidé de le faire, et nous avons donné au peuple de cette république la plus grande bénédiction qu'il ait jamais eue — son propre papier-monnaie pour payer ses propres dettes.

"Cela est dû à vous, le père des greenbacks actuels, et le peuple doit l'apprendre, et j'éprouve beaucoup de plaisir à le lui faire savoir.

"Tout à vous,

Abraham LINCOLN

* * *

Les greenbacks, c'étaient des dollars de papier, imprimés par le gouvernement des États-Unis, pour payer des dépenses de guerre et déclarés monnaie légale, au même titre que l'or, par l'autorité suprême des États-Unis. Argent nouveau sans dette nouvelle.

"La plus grande bénédiction que le peuple de cette république ait jamais eue", disait le président Lincoln.

C'est le même président qui, en constatant les grands avantages d'une monnaie libre d'endettement, s'écriait  : "Puîssé-je vivre assez longtemps pour établir dans mon pays un système monétaire honnête  !" Lincoln était bien constitué et pouvait vivre assez longtemps pour cela, et il savait quoi faire. Mais la balle d'un assassin soudoyé par des intermédiaires de la finance internationale fit disparaître ce chef politique trop clairvoyant et trop honnête.

La finance d'exploitation et d'asservissement gagna quatre-vingts années de sursis. Le Crédit Social va parachever l'œuvre interrompue par la disparition de Lincoln. Les financiers ne peuvent pas faire assassiner le Crédit Social, il est entré dans trop d'esprits et dans trop de cœurs, son triomphe très prochain est inévitable.

L'école et l'argent

Dans l'édition de juillet de "Relations", le R. Père Arthur Dubois, s. j., présentait un très bon article sur le droit de l'État en matière d'éducation. Après avoir dit que, d'après les termes mêmes du Souverain Pontife, l'État a le droit d'exiger "un certain degré de culture intellectuelle et morale", l'auteur fait les réflexions suivantes  :

"Tout n'est pas dit cependant quand le droit est concédé. Il reste à vérifier les conditions prérequises à son exercice. Il ne faut pas en effet oublier que le droit, quel qu'il soit, ne peut être appliqué avantageusement que dans des conditions concrètes de milieu bien définies. C'est ainsi, par exemple, que les jeunes gens ont droit au mariage  ; il ne s'ensuit pas cependant qu'ils doivent convoler sans une préparation convenable.

"À propos de conditions prérequises à l'exercice du droit en question, on nous dit que les statistiques sur la fréquentation scolaire sont encore très imparfaites, qu'elles n'éclairent la situation de fait que d'une manière fort confuse  ; on nous dit encore que 67% des familles de Montréal vivent sur un salaire qui n'atteint pas mille dollars par année, alors que pour balancer un budget jugé convenable par les autorités compétentes, ces mêmes familles auraient besoin d'une somme additionnelle de trois à quatre cents dollars  ; on nous dit de plus que nombre de commissions scolaires accusent un déficit substantiel dans leur budget  : plus de huit millions par année. Par ailleurs, il est clair qu'il va falloir de nouvelles écoles, de nouveaux professeurs, créer des organismes de contrôle, procurer le nécessaire aux enfants pauvres...

"Autant d'indications qui sont troublantes, car tout se paye, et une loi, pour être vraiment loi, c'est-à-dire lier les consciences, doit tout de même rester "possible", elle ne doit pas imposer aux sujets des sacrifices qui dépassent leurs moyens.

"Nous irons plus loin, il nous faut entrevoir le jour où la législation scolaire sera elle-même intégrée dans un corps de législation sociale. Nous l'avons dit, le budget familial est déficitaire  ; ce déficit est même la cause principale des négligences que nous déplorons en matière d'éducation. Nous ne pouvons donc résoudre définitivement le problème scolaire, si nous négligeons cette donnée fondamentale  : le courant des dépenses imposées aux familles ne saurait excéder la source des revenus."

* * *

Où l'on voit que, même en matière d'éducation, l'argent joue un rôle de première importance, non en lui-même, mais parce que, si l'argent n'est pas là, on a beau avoir tout le reste, le droit à l'éducation reste lettre morte.

Qu'on augmente l'impôt, diront quelques-uns.

Et pourquoi  ? L'impôt ne ferait que priver d'autres choses, pour financer l'éducation. Il priverait de nourriture, d'habits, de logement confortable, pour permettre de payer l'instruction. Pourquoi faudrait-il acheter l'éducation par la suppression d'autres choses qui ont elles aussi leur utilité, alors qu'on a tout ce qu'il faut pour fournir à la fois et ces choses et l'éducation  ?

L'argent seul manque pour obtenir le tout. Qu'on mette l'argent en rapport avec le total, et on aura le tout. Mais ce serait du Crédit Social, et la condamnation en est faite dans les officines de la finance. Plutôt que de recommander la solution créditiste, on préférera sans doute continuer de gémir sur des difficultés qui sont presque exclusivement d'ordre financier.

N'est-ce pas là soumettre l'homme à la finance, immoler des êtres raisonnables sur l'autel de Mammon  ?

Staline

Hoover dit  : Staline n'est pas meilleur que Hitler.

Hitler dit  : Staline n'est pas meilleur que Churchill.

Churchill dit  : Staline est aussi bon que Roosevelt.

Matsuoka dit  : Staline est aussi mauvais que Roosevelt.

Staline dit  : Nous sommes tous aussi bons les uns que les autres, excepté, pour le moment, Adolf Hitler.

Et ce que NOUS disons ne compte pas plus qu'un vieux bidon troué.

Social Crediter

Louis Even

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