Armand

le lundi, 15 avril 1940. Dans Réflexions

Armand est un avocat qui a du talent pour la parole. Et il a de l’intelligence... et de l’ambition.

Il décide de se lancer dans la politique pour se faire une carrière brillante et rémunératrice, et plus tard, qui sait, être nommé juge peut-être.

Il a des relations dans le parti libéral, le grand parti libéral canadien. Il leur parle, oh ! très discrètement, de ses projets. Il manœuvre pour se faire présenter aux organisateurs libéraux. Si bien qu’un jour, on lui propose de poser sa candidature aux prochaines élections fédérales qui s’annoncent.

— Serai-je appuyé par le parti libéral ? s’inquiète Armand.

— Pourquoi pas, répond l’autre, qui reconnaît Armand assez souple pour faire un bon député de parti, c’est-à-dire assez guénille pour suivre un chef jusque dans ses erreurs.

Et, en effet, le parti libéral appuie Armand de son haut patronage et de sa grosse caisse... électorale.

Et Armand se présente devant le peuple. Il promet des octrois, un parc, un quai, des contrats de guerre, du patronage, enfin tout ce qu’un candidat de parti peut décemment promettre en temps de campagne d’élections.

Et Armand est élu... par le peuple ou par l’organisation du parti. Mais, qu’importe ? puisque Armand est élu.

Et Armand siège au parlement. Il vote comme son chef toujours, sans réfléchir ni étudier. Qu’a- t-on besoin de cerveau lorsqu’on est député de parti ? Le chef pense pour tout le groupe, et la clochette du whip du parti est le baromètre de la pensée du chef.

Son intelligence, Armand s’en sert pour... remplir ses poches à lui d’abord, et celles de ses amis. Il se soucie fort peu du peuple du Canada, de ses électeurs et de leurs réclamations.

Misérable ambitieux ! Triste député ! Pauvre pays !

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