Sherbrooke. Église du Christ-Roi. Cinq heures et demie du soir. 1,200 créditistes venus de tous les coins de la province, prosternés devant Celui qui apporta au monde la loi de charité.
L'après-midi a été bien remplie. Les esprits ont revu le passé, ils ont embrassé l'avenir. Examen de la situation, examen de conscience, joie, regrets, résolutions.
Et maintenant tous sont là. Là, dans le silence religieux et reposant. Des sentiments plein l'âme. Non plus de ces sentiments qui explosent en acclamations et applaudissements. Mais des sentiments qui pénètrent jusqu'à l'intime, des pensées qui s'absorbent, s'assimilent et nourrissent. Repos et festin pour l'âme.
Au-dessus du tabernacle, le Christ-Roi lui-même dans son ostensoir. Celui qui perce les pensées les plus secrètes, les intentions les mieux voilées. Les créditistes sont venus devant Lui, avec leur organisation, avec leurs plans, avec leurs projets. Ils sont venus, parce qu'ils savent que leurs intentions sont pures, leur objectif conforme à l'ordre. Ils s'offrent à plus de purification encore.
À genoux au pied de l'autel, le prêtre, le ministre de Dieu qui a rendu possible cette entrevue des créditistes avec leur Souverain.
Quatre servants. Non pas les accoutumés enfants de chœur en soutane, mais quatre créditistes sans autre uniforme que leur insigne de congressiste.
Dans le sanctuaire, debout comme une garde d'honneur, les porte-bannière, le porte-drapeau, avec leur escorte. Cette bannière, ce drapeau des créditistes, le prêtre les a bénits, ce même prêtre qui vient d'exposer Dieu en face de nous. Ils sont bénits, et nous garderons notre drapeau blanc de toute souillure, et nous nous efforcerons de bien servir notre Reine, travaillant de notre mieux à "chasser le dragon infernal des esprits et des institutions".
Le chant du Magnificat est terminé. C'est la minute marquée pour la consécration des créditistes à Marie.
C'est cela que vous les voyez tenir en main : leur Prière à la Très Sainte Vierge Marie. Tous la récitent ensemble, à haute voix, y mettant tout leur cœur, toute leur détermination.
Heure simple et solennelle, solennelle et simple, dont le souvenir fortifiera contre les faiblesses, consolera dans les épreuves, contribuera à élever les esprits qui doivent travailler dans des milieux bien terrestres pour accomplir leur mission de redressement dans la cité temporelle.