Tragédie de guerre

le mercredi, 01 juillet 1942. Dans Apostolat

Nous lisons les larmes aux yeux des récits ra­contant la misère de nos soldats qui se battent, en Europe ou ailleurs, pour défendre leur patrie.

Voici une histoire de soldat qui se bat lui aussi, et tout près de nous, dans notre paisible province de Québec. Il se bat contre l'ennemi le plus redou­table, le financier. Le financier est servi par des es­pions partout, même parmi ceux qui devraient, par leur caractère et leurs fonctions, se ranger de l'au­tre côté.

Et pendant que ces mêmes financiers se repais­sent bestialement de leurs turpitudes, pendant que leurs valets ignobles pourrissent dans leur confort volé, voici ce que fait un commissaire du Crédit Social.

Cette lettre que nous citons n'est pas datée de l'an 1200, ni de la Révolution Française, ni de la Grande Guerre, elle est datée du 17 juin 1942 :

* * * *

"Chère mademoiselle,

"La lettre que je vous envoie est celle d'un sol­dat qui raconte ses aventures tragiques à sa mar­raine de guerre.

"Samedi et dimanche, j'ai parcouru une trentai­ne de milles sur des routes glissantes comme la gla­ce du Forum le premier février, mais beaucoup plus accidentées. Je ne voyais ce spectacle qu'au tra­vers de lunettes mouillées. C'est dire que j'avais une vue embrouillée. Cependant, j'en ai gardé une vision claire et sèche.

"Je suis retourné à Plessisville le dimanche après-midi, comme un naufragé. La pluie a empê­ché mes assemblées de l'après-midi et du soir.

"Ste-Clotilde de Beauce ne paraît pas sur la carte. Alors, je me suis dirigé ver Ste-Clotilde d'Arthabaska. Avant d'arriver au terme de mon erreur, la rivière Nicolet ayant porté son lit à quel­ques cents pieds au-delà de la route nationale, j'ai dû faire le tour par les rangs, c'est-à-dire des che­mins très boueux. Pour apprendre, une fois rendu à Ste-Clotilde, que ce n'était pas le bon endroit.

"Revenu à Plessisville à sept heures, j'ai pris le temps de boire deux verres de lait et j'ai filé vers la Beauce. La grand'route étant fermée, j'ai passé par Inverness, et même sur cette route, à certains endroits, il manquait des bouts de chemins. C'est dire que j'ai poussé ma motocyclette au travers des roches et de la boue. J'ai passé sur des ponts qui tenaient à peine, et fermés à toute circulation.

"J'ai couché à Robertsonville, car les chemins de terre ne me permettaient pas d'aller plus loin.

"Mardi, j'ai filé vers Ste-Marie ; à Vallée-Jonc­tion, l'eau passait par dessus le chemin. J'ai fait le tour sur la terre d'un cultivateur et passé sur le pont des chars.

"D'entendre votre voix au téléphone, cela m'a réconforté. J'aurais pu voler et marcher sur les eaux (sans ma moto).

"Bien à vous,

"Gabriel LACASSE, Chevalier-Commissaire."

* * * *

Si les sacrifices ne sont jamais perdus, la pro­vince de Québec sera sauvée, malgré les égarements de notre élite prostituée qui absout béatement les trahisons des gouvernants, et décourage, lorsqu'elle ne les réprouve pas, les héros qui ont l'audace d'or­ganiser une réaction.

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