Sous une économie nouvelle

Louis Even le vendredi, 01 mars 1940. Dans Le Crédit Social en application, Le Crédit Social enseigné par Louis Even

Des faits — Du silence — Une leçon

FAITS FRAPPANTS

De 1936 à 1939, pendant que les autres provinces du Canada, comme le fédéral d’ailleurs, voyaient grimper leur dette publique, une province de l’ouest diminuait la sienne de sept millions de dollars. Cela tout en augmentant ses dépenses annuelles de deux millions et quart (budget de 1939 par rapport au budget de 1936).

Dans la même province — l’ALBERTA — le chômage diminuait de 11.09 pour cent pendant le premier semestre de 1939, alors qu’il s’aggravait de 30.18 pour cent dans la province de Québec.

La diminution de la dette albertaine ne provenait nullement d’une diminution de services. Au contraire, par suite de nouveaux services publics, le nombre d’employés civils rémunérés par Edmonton passait de 2,907 à 3,324. Aberhart ne prêche pas le sacrifice, il ne fait pas jouer la guillotine : c’est le peuple, le service du peuple qui compte.

La production manufacturière de la province a augmenté de 23 pour cent, le personnel employé dans les manufactures de 20 pour cent. Les ventes au détail, meilleur indice de la prospérité puisqu’elles signifient l’entrée des biens dans les maisons, ont augmenté de 29 pour cent. La construction, autre bon baromètre, a plus que doublé, marquant un accroissement de 134 pour cent.

La voirie albertaine a pris un développement considérable. La longueur des routes à surface dure, de 78 milles qu’elle était, est devenue 505 milles. En une seule année, 1938, ouverture de 973 milles de routes nouvelles : programme doublé l’année suivante.

Tout cela sans endetter la province. L’Alberta n’emprunte plus depuis deux ans.

L’Alberta protège son capital humain. La lutte contre la tuberculose y bénéficie d’octrois plus que doublés. Les malades de la paralysie infantile sont traités aux frais de la province. Les mères nécessiteuses, ignorées il y a quatre ans, touchent des allocations mensuelles. On ne permet plus, dans cette province, l’expulsion de leurs maisons et de leurs fermes des familles qui sont incapables de rencontrer leurs obligations financières par suite des conditions anormales créées par un système bancaire faux. 289 familles ont été rétablies sur des fermes productives (non dans le bois) et ont repris le dessus, grâce à l’aide efficace du gouvernement.

Au lieu d’un système scolaire anémié, avec des instituteurs incomplètement payés, on a maintenant en Alberta un budget centralisé, un service de premier ordre, un réseau de 44 écoles centrales où les élèves de la campagne pourront s’instruire comme ceux des villes.

SILENCE DE LA PRESSE

Ce sont là, nous semble-t-il, des faits dignes de remarque, comparativement à ce qui se passe dans les provinces-sœurs. Quels journaux les soulignent ?

On entendit parler outre mesure, de 1935 à 1938, de l’Alberta, d’Aberhart et de ses théories, du dividende et de ce qu’on appelait "l’aspiration à la paresse". On fit grand cas du désaveu que le gouvernement fédéral infligeait aux différentes lois albertaines passées pour soumettre la finance à l’homme. On se réjouissait, en ricanant, des défaites des champions du peuple et des victoires des puissances d’argent.

Depuis que les chaînes se brisent là-bas, depuis que le gouvernement démocratique d’Edmonton gagne des manches, l’une après l’autre, contre la dictature financière, c’est le silence complet de la part de la presse qui forme l’opinion.

Si les banques d’une province multipliaient rapidement le nombre de leurs succursales, leurs présidents se hâteraient de le proclamer, et les journaux crieraient au retour de la prospérité, tellement on veut nous habituer à croire que la prospérité des saigneurs reflète la prospérité des saignés.

Quand le contraire arrive, mutisme absolu. Dans l’Alberta, en quinze mois, le nombre de succursales des banques a dégringolé de 180 à 123 : elles ne s’en sont pas enorgueillies. Pendant la même période, les succursales du Trésor passaient de 0 à 363. La victoire penche-t-elle du coté des banques ou du coté peuple ? Est-on encore en pays d’utopie ? La diminution du chômage, l’augmentation de la production — est-ce l’expression d’une mentalité paresseuse ?

On dira ce qu’on voudra : lorsque la température d’une maison est bonne, c’est que le système de chauffage fonctionne bien ; lorsqu’on y gèle, il y a défaut quelque part.

Sans nous attarder à des réflexions sur la solidarité qui semble exister entre les puissances financières et celle de la presse mercantile et de la presse de parti, nous allons simplement exposer à nos lecteurs le mécanisme de crédit établi par le gouvernement d’Edmonton pour donner au peuple un service que lui refusent les banques.

La page 8 du présent numéro le fait brièvement ; mais on fera bien d’abord de lire attentivement la page 4 (l’Économique), pour avoir une idée nette des principes à la base du mécanisme.

1 mars 1940 p1 1940_03_No9_P_001.doc

 

Louis Even

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