Socialisme ou Crédit Social ?

Louis Even le mercredi, 01 juillet 1942. Dans Crédit Social

L'Honorable H. H. Stevens, dans une lettre au Financial Post :

"Sous notre système politique et social ac­tuel, la vie économique, et par conséquent le bien-être du peuple, est sous le contrôle des dirigeants de la finance et des dirigeants de la grande industrie.

"Les banques doivent se rendre compte que le socialisme est la seule alternative pour adapter notre structure actuelle de crédit aux besoins d'après-guerre au moyen du méca­nisme financier existant. Et qu'on ne s'y trompe pas, il se fait un mouvement d'opi­nion publique toujours croissant en faveur de ce qu'on appelle l'étatisation. Pour moi, cela signifie une doctrine marxiste et je m'y op­pose. Mais en même temps, je n'ignore pas le besoin de changements drastiques dans l'administration de notre système actuel, si nous voulons surmonter avec succès les dif­ficultés qui nous confronteront sûrement."

Cette déclaration vient d'un homme élevé dans des milieux conservateurs, où l'on n'a point l'habitude de réclamer des changements radicaux sans des raisons impérieuses.

Si les plans émis ici et là pour la période d'a­près-guerre, si les déclarations de personnages en vue ont plus ou moins comme saveur commune l'enrégimentation, l'embauchage par l'État, les en­treprises d'État, le contrôle par un pouvoir plus centralisé, la perte des souverainetés nationales, à plus forte raison des souverainetés provinciales et de la liberté personnelle, c'est justement parce que l'on se prépare à faire face aux problèmes d'après-guerre sans déranger le mécanisme financier exis­tant.

On constate qu'avec le système financier exis­tant, il n'y a pas d'autre alternative au marasme économique que le socialisme, avoué ou non. Et plutôt que de toucher au mécanisme financier, on ouvre les voies au socialisme. Plutôt que plier le système financier aux besoins de l'humanité, on préfère mouler l'humanité aux exigences du systè­me financier.

Seuls, les créditistes ont le courage de s'attaquer au système financier, et on leur en fait un crime. Chaque fois qu'ils font un progrès, une meute se lève contre eux. Et dans cette meute, on a la surprise de compter des forces et des hommes qui dénoncent le socialisme — qui le dénoncent, mais pensent l'empêcher avec des discours.

 

Louis Even

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