Responsables

Gilberte Côté-Mercier le mercredi, 01 juillet 1942. Dans La vie créditiste

Nous recevons de notre secrétaire de Rouyn, Réal Caouette, un rapport très intéressant des conférences de nos voltigeurs dans le Témisca­mingue.

Le 21 juin, six créditistes partent de Rouyn avec la mission de tenir trois assemblées, l'une à St-Augustin de Montbeillard, la deuxième à Rémigny, la troisième à Rollet.

Trois assemblées à tenir, bien entendu !

À St-Augustin, pas d'obstacle. Tout se passe dans la paix. Pas d'énergies gaspillées.

À Rémigny, interdiction en chaire, refus de salle, de perrons. Mais, les créditistes obtien­nent une table, s'installent dans le chemin et parlent à une cinquantaine de personnes.

À Rollet, pendant l'assemblée, intervention d'autorité, puis l'assemblée continue comme si rien n'était.

* * *

Que la tâche soit facile ou difficile, nos crédi­tistes ont un programme à remplir. Ils le rem­plissent, voilà tout.

Lorsque c'est une autorité quelconque qui in­tervient, l'entêtement des créditistes peut pa­raître effronterie, bravade. C'est tout simple­ment détermination d'hommes qui ont un idéal, qui sont épris de la beauté de leur idéal, qui comprennent le jeu des adversaires, et qui sont décidés à aller jusqu'au bout.

Car, tant qu'on n'a pas prouvé que le Crédit Social n'est pas bon, on ne peut défendre légi­timement à quiconque de répandre le Crédit Social.

Et affirmer que le Crédit Social n'est pas bon est tout autre chose que de le prouver.

Et dire que les créditistes ne connaissent pas le Crédit Social, que monsieur Even ne connaît pas le Crédit Social, que le Major Douglas lui-même ne connaît pas le Crédit Social, est une manière enfantine pour un adversaire de trahir sa propre ignorance ou sa mauvaise foi. Et cet adversaire, on ne s'attarde pas à le contredire, pas plus qu'on contredirait un aveugle qui nous crierait, avec toute l'éloquence de sa douleur, qu'il n'y a pas de belles choses dont les yeux puissent jouir, que personne ne voit clair, etc. De même qu'on laisse l'aveugle des yeux du corps à ses désolantes ténèbres, de même on laisse l'aveugle de l'esprit à sa méprisable igno­rance.

Les créditistes savent tout cela. Et ils agissent justement en hommes qui savent. Ce qui contri­bue à aigrir davantage les adversaires. Mais, c'est bien de leur faute.

* * *

Encore une fois, nos créditistes endossent la responsabilité de leur mission.

Les créditistes sont des hommes responsa­bles.

Responsables, voilà le mot !

Responsables veut dire prêts à porter les con­séquences de ses actes.

Des hommes responsables, voilà bien des per­les rares dans notre province de Québec, pour ne parler que de nous.

Oui, des hommes prêts à porter les consé­quences de leurs actes, des hommes qui savent ce qu'ils font, qui le font malgré tout, ça ne se trouve pas partout.

En tous cas, on n'a pas l'habitude d'en trou­ver dans nos parlements, puisque le summum de la responsabilité pour un député est de dé­missionner lorsqu'il n'a plus la confiance de ses électeurs. Démission en langage de politicien veut dire bravoure ; même si en langage ordi­naire, ça veut dire lâcheté.

Et c'est à cause justement qu'on ne trouve plus de responsables que le pays s'en va à la ruine.

Heureusement que les créditistes qui veulent sauver le pays ont compris cela. Chaque Volti­geur, chaque conférencier, chaque membre de l'I. A. P. porte sur ses épaules le Crédit Social tout entier. Il se répète chaque jour que le suc­cès dépend de lui, que s'il ne fait pas tout ce qu'il peut, rien ne réussira. N'est-ce pas, créditistes ?

Créditistes, s'il y en a parmi vous qui ne sont pas dans ces dispositions, dites-vous bien que le Crédit Social ne se réalisera pas.

On peut avancer, sans crainte de se tromper, que le Crédit Social réussira lorsqu'il y aura dans la province assez d'hommes capables d'en porter la responsabilité.

Gilberte Côté-Mercier

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