Le fléau terrible dont souffre le monde contemporain depuis plus de trois ans, et auquel l'on est convenu de donner le nom de « crise », ne fait que croître chaque jour, étendant partout de nouvelles ruines, la misère, la souffrance, la mort, et préparant à tous les Etats de la planète des difficultés terribles dont il n'y a pas la moindre apparence qu'ils puissent sortir.
Pour la plupart des hommes, l'origine de ce mal reste si mystérieuse, les causes si complexes, qu'à la longue, devant l'impuissance des remèdes suggérés par les « experts », par les innombrables Commissions & Conférences tant nationales qu’internationales, et par les gouvernements, l'humanité jusqu'ici résignée à ses maux lui attribue un caractère de fatalité qu'il est pourtant loin d'avoir.
Or, il s'est trouvé un homme qui n'est pas «expert», mais qui possède une longue expérience; qui n'est pas « économiste » et s'en défend, mais qui a beaucoup observé, beaucoup vu et qui, cassant le moule des idées reçues, appliquant à ces idées, aux faits économiques et aux choses, la méthode scientifique de critique et d'examen, a diagnostiqué, voici treize ans déjà, la nature du mal qui envahit peu à peu le corps entier de l'humanité, et a formulé en une synthèse admirable le remède qui seul amènera la convalescence et la guérison rapide de la société mourante.
Cet homme, c'est le Major C. H. Douglas. Il est anglais. Il est ingénieur. Il a eu la charge d'intérêts industriels très considérables aux Indes. Son sens critique très aigu, un bon-sens parfait, aidé de connaissances très variées et très vastes, l'a conduit à formuler une doctrine : Le Crédit Social, qui est son œuvre.
Il n'est pas possible de donner le détail de cette doctrine en quelques lignes. L'on peut tout au plus la résumer en une formule « Le contrôle scientifique du Crédit et des Prix», qui, à première vue, reste lourde de problèmes et de difficultés.
Le mérite principal du petit livre de M. H. M. Murray que je présente aujourd'hui au public français, est d'exposer en termes très simples l'essence de cette doctrine. Jusqu'ici rien n'a paru en France, à ma connaissance, sur l'œuvre du Major Douglas. La chose n'est pas étonnante. Nous sommes presque habitués à la conspiration du silence, surtout lorsque des intérêts financiers très puissants sont opposés à la diffusion de la vérité qu'ils redoutent.
Mais il importe aujourd'hui et d'une manière urgente, que tous les hommes de bonne volonté et d'énergie et qui pensent, soient informés. Il importe, pour le salut du pays et pour le salut de la civilisation, qu'ils étudient ces pages, qu'ils réfléchissent et ensuite, et surtout, qu'ils AGISSENT.
Tout individu qui possède un atome d'influence et d'énergie personnelle, industriel, commerçant, particulier, doit savoir que le remède aux maux dont souffre l'humanité contemporaine a été trouvé et que ce remède peut être appliqué aujourd'hui même sans difficulté technique réelle, et sans devoir retourner aux urnes électorales.
Je serai heureux si cet ouvrage réussit à intéresser le lecteur, à lui ouvrir des horizons nouveaux, et à le déterminer à cette forme très haute d'action sociale qui est aujourd'hui, au premier chef, une réforme économique fondamentale, à laquelle chacun de nous peut et doit contribuer.
W. G. Serra