Préface - Mai 1938

le dimanche, 01 mai 1938. Dans Mai

Nous sommes heureux de présenter au grand public — anciens lecteurs, nouveaux lecteurs, lecteurs à venir — ce Cahier Spécial, combinant les numéros 11 et 12 et terminant la première série de ces bulletins.

Le prochain Cahier s'appellera Deuxième année, No. 1 — ce qui rappelle à la majorité de nos abonnés que leur abonnement est devenu renouvelable. Quelques-uns ont devancé l'époque. Les autres nous feront le plaisir, s'ils apprécient nos petites études, de nous envoyer sans tarder le cinquante sous qui leur assurera douze autres numéros servis à domicile par la poste de Sa Majesté.

Le présent numéro ne se distingue pas des autres uniquement par son épaisseur, la grosseur de son caractère, son air un peu plus fini. Nous avons voulu en faire une sorte de sommaire de la doctrine créditiste, de l'objectif du Crédit Social, plus encore que de sa technique. C'est un Cahier "pour tout le monde”, même pour les novices qui n'ont jusqu'ici aucune notion du sujet.

Aux débutants qui ne saisiraient pas du premier coup un exposé qu'on a pourtant voulu faire simple, nous recommandons de lire tout d'abord la parabole de l'Île du Salut, racontée page 346 et suivantes. Ce sera pour eux un trait de lumière.

Et ne vous découragez pas. Nous pourrions vous nommer des centaines et des centaines de personnes dont l'instruction était très limitée et qui, après quelques mois d'étude du Crédit Social, voient plus clair dans l'économie, la politique et les domaines annexes que les trois quarts des pseudo représentants du peuple qui siègent dans nos parlements. C'est ce qui donne un peu la frousse à ces derniers ; c'est ce qui fait s'agiter aussi des gens qui, jusqu'à naguère retranchés derrière les murs imposants de leurs manufactures d'argent, ne traitaient jamais de leurs augustes fonctions devant le public.

“Les politiciens régnants pressentent dans ce mouvement du Crédit Social une force politique qui monte et les menace ; les banquiers y voient l'ennemi acharné de leur précieux monopole.” (R. P. Lévesque, dans Crédit Social et Catholicisme.)

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L'étude du Crédit Social ne fait pas seulement qu'éclairer l'esprit ; elle réchauffe le cœur et fait des apôtres. C'est pourquoi l'idée triomphera.

Elle triomphera de ceux qui, après s'être approprié le crédit de la société, se canonisent eux-mêmes devant leurs victimes ; elle triomphera des sarcasmes des huppés de la politique ; elle triomphera des goujateries de journaux stipendiés qui mesurent leur morale au niveau de leur soupière. Elle triomphera de ces maîtres et de ces valets, parce qu'elle est tout inspirée d'une charité qui LEUR manque, parce qu'elle est l'écho d'une philosophie saine, parce qu'elle réclame l'épanouissement de la vie pour tous, pour les plus humbles, même pour ceux que la loi de la jungle a réduits à une existence de parias.

Le monopole de la monnaie, accepté et respecté par les gouvernements d'un monde dit civilisé, déshonore la chrétienté. C'est une tache qu'il faut faire disparaître, et quiconque a une fois compris la doctrine créditiste en considère la propagande comme une croisade. Ce ne sont pas seulement des sanctuaires de pierre que profanent les turcs modernes. Leurs victimes ne sont pas seulement des pèlerins éloignés de leur patrie. Ce sont nos hommes, nos femmes et nos enfants qui souffrent dans leur corps et dans leur âme. Les ruines physiques et morales accumulées dans nos villes, dans nos campagnes dans nos bois ne se comptent plus. Ce n'est ni le temps de rire, ni celui de hausser les épaules, pas même de se croiser les bras.

C'est pourquoi, dans le présent bulletin, nous faisons appel à tous ceux qui ont un peu de cœur, à tous ceux qui croient que le peuple d'un pays riche n'a pas le droit d'être tenu dans la pauvreté et l'esclavage par les quelques profiteurs et les défenseurs intéressés d'un système idiot. Nous leur demandons de joindre les rangs de la Ligue du Crédit Social de la Province de Québec, organisée pour conduire la croisade dans le Canada Français.

Vous voudrez sans doute garder ce Cahier spécial pour vous ; mais vous désirerez aussi que d'autres le lisent. Notre désir est le même. C'est pourquoi nous laissons ce Cahier par lots de 25 ou de 100 au plus bas prix possible. Nous voudrions n'avoir à payer ni l'imprimeur ni le bureau de poste : vous les auriez tous gratis. Mais vous en recevrez tout de même 25 pour un dollar et 100 pour trois dollars. Ne manquez pas cette occasion de diffuser la doctrine libératrice. Pendant que d'autres critiqueront et vous gausseront peut-être, vous aurez préparé et hâté l'avènement d'un monde un peu plus humain. Vous en garderez des souvenirs plus beaux que les leurs, et la transformation qui s'opérera sous vos yeux sera votre plus douce récompense.

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TABLE DES MATIÈRES

Ouvrons les yeux............................. 324

L'abondance refusée........................ 327

La Crise........................................... 330

Pas d'argent.................................... 332

Le Crédit Social................................ 335

La Monnaie...................................... 337

Dans l'Ile du Salut............................. 346

Deux écoles -- deux régimes............ 356

Finance de la consommation............ 360

Héritage et Héritiers........................ 362

Le dividende national....................... 367

L'escompte compensé.................... 372

A nos lectrices................................. 374

Le Congrès, 29 mai........................ 378

Ligue du Crédit Social...................... 379

Radio Crédit Social.......................... 384

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