Parlant au banquet de la Canadian Tax Foundation, le 20 novembre 1959, le ministre fédéral des Finances, l'Hon. Donald Fleming, a insisté sur l'importance d'une monnaie saine — le maintien de la valeur de notre devise" si l'on veut avoir une économie saine.
La valeur de notre devise, le dollar, a passablement diminué depuis un quart de siècle. Cela signifie donc bien qu'il y a défaut quelque part dans notre système monétaire ; et ce système monétaire malsain n'a pu qu'introduire des maladies dans notre économie.
Si l'on veut une monnaie, saine, il faut l'accrocher à une base saine, et non pas aux décisions changeantes des créateurs et trafiquants d'argent. La monnaie peut-elle être saine quand les conditions pour en obtenir sont sujettes à varier d'une semaine à l'autre, selon la vente aux enchères des bons du Trésor fédéral faite chaque jeudi par le gouvernement ?
Mais, quoi de plus sain, de moins chancelant, de mieux assuré, que la capacité de production du pays, avec un avenir de progrès plutôt que de recul ? Qu'on accroche donc le système monétaire à la capacité de production du pays, il sera solide comme elle. Que l'accès au crédit (argent moderne) soit automatiquement au service, et non pas à la gouverne, de cette capacité de production, il ne sera plus question de crises, de récessions. Que l'argent libéré soit en rapport avec la production réalisée, ce sera la fin des fluctuations, de l'instabilité qui empoisonne toute la vie économique et impose des privations devant des offres de produits et de services.
Quant à une économie saine, c'est une économie qui répond aux besoins des consommateurs, avec le minimum d'inconvénients, en commençant par les besoins humains les plus essentiels et les plus généralement requis.
Que l'on voie à ce que, en tout temps, l'ensemble des consommateurs aient la capacité de payer ce que la production est capable de leur fournir, et que ce pouvoir d'achat soit distribué de façon à ce que chacun en ait une part au moins suffisante pour se procurer les biens essentiels à la vie — alors on aura une économie saine. Ce seront alors les consommateurs, dans leur ensemble et chacun pour sa part, qui orienteront la production du pays. On aura une économie de besoins, et non pas une économie d'exploitation au profit des maîtres de l'argent.
C'est là tout le sens des propositions financières du Crédit Social