L’article suivant donne quelques points de la conférence donnée par M. Louis Even au Front Universitaire de Montréal, le 21 avril 1953:
Louis Even salue «la relève» au congrès de 1955 à Québec. Jeunes, l’avenir du Mouvement de Vers Demain vous appartient, prenez-le en main! C’est l’industriel Henry Ford qui disait: «La jeunesse qui pourra résoudre la question monétaire fera plus pour le monde que toutes les armées de l’histoire.» |
Ce n'est évidemment pas en écoutant une conférence d'une heure ou deux que l'on peut bien saisir tout le sens, la portée et l'importance des propositions du Crédit Social. Logiques, assurément, et riches d'humanisme; mais tellement différentes des conceptions financières généralement reconnues ou plutôt acceptées sans examens!
Comme pour toute science d'ailleurs, il faut apporter à cette étude au moins un minimum de temps et beaucoup d'application. Il faut aussi l'aborder avec un esprit ouvert, et non pas dans la seule intention d'y trouver la confirmation d'une conclusion faite d'avance.
Ne pas isoler une proposition partielle du Crédit Social et en soupeser la possibilité d'application dans l'orbite du système financier actuel. Rien n'est plus propre à fausser la perspective.
Par exemple: un dividende périodique à tout le monde, sans taxe; un abaissement des prix sans nuire au producteur; une finance automatique de la production, sans inflation, sont manifestement incompréhensibles si l'on prétend les réaliser sans faire d'abord le changement majeur dans le mode d'émission et d'annulation de l'argent et dans la politique monétaire de distribution des produits. Pour le poisson qui a toujours vécu dans l'eau, l'idée de voler dans l'air peut avoir tous les caractères d'une utopie; mais l'oiseau voit la chose d'une autre manière.
L'étude du Crédit Social se complique du fait que ni le Crédit Social, ni rien en approchant, n'a jamais été appliqué, pas même mis à l'essai, nulle part. Il ne peut donc être question simplement d'expliquer ou d'interpréter des expériences faites. Mais il s'agit d'une investigation du possible dans une économie qui n'existe pas et dont on ne trouve aucun exemple dans l'histoire, d'un possible économique qui n'admettrait pas d'autres limitations que celles afférant à la nature même des choses. Pour bien faire une telle investigation, il faut, en quelque sorte, s'évader complètement du seul monde économique que nous connaissons, et repenser les premières notions, en matière de finance, d'économie, et surtout de philosophie de l'économie. Car le Crédit Social est un retour à la logique et à l'intégration des fins et des moyens, affreusement offensés par l'économie actuelle.
Impossible de s'entendre en matière de Crédit Social, si l'on n'admet pas d'abord certains principes, certains postulats fondamentaux, qui imprègnent toute la théorie créditiste. On y revient souvent dans la littérature créditiste présentée au Canada français. Pour n'en mentionner que quelques-uns:
1. La terre et ses richesses ont été créées pour tous les hommes. Pour tous, sans exception. Donc, chaque être humain vivant doit pouvoir obtenir une part, au moins suffisante pour ses besoins d'existence. Lui refuser cette part, c'est lui refuser le droit à la vie.
Un système est humain ou inhumain, dans la mesure où il facilite ou rend difficile à chaque homme l'accès à ces biens.
2. Les moyens doivent être ordonnés aux fins, et non vice versa, à titre d'exemples:
L'activité économique a pour fin de satisfaire les besoins humains. C'est donc à cette fin que doit être ordonné tout l'appareil économique, son aspect financier y compris.
L'industrie a pour fin de fournir des produits, et non pas de fournir de l'emploi, du travail. Elle est même d'autant plus parfaite qu'elle fournit plus de produits avec moins de labeur humain.
L'industrie n'a pas non plus pour fin de financer l'achat des produits. L'industrie n'existe pas plus pour les salaires que pour les profits. Profits et salaires n'entrent que comme moyens, comme stimulants pour mobiliser les producteurs.
3. Il y a d'ailleurs une juridiction des fonctions. La fonction de produire relève de l'industrie (manufacturière, agricole ou autre). La fonction de répartir et distribuer les produits relève de la société elle-même. C'est à la société d'établir un mode de répartition qui atteigne le mieux la fin de la vie économique, qui actualise le droit imprescriptible de chaque personne à une part des biens terrestres.
4. La production moderne est bien plus le fait de procédés, de techniques, résultant d'inventions, d'applications de la science, transmises, perfectionnées de génération en génération, que des efforts individuels de ceux que la production occupe. Ce facteur de production est un héritage commun, un capital social, de plus en plus productif, qui doit par conséquent profiter à tout le monde, tous en étant copropriétaires. Le salaire, récompense de l'effort individuel, ne doit donc pas être le seul titre aux fruits de la production.
5. L'argent étant un titre aux produits, à n'importe quel produit ou service offert, son volume ne peut être régi que socialement. Comment admettre qu'un individu ou une institution privée (comme les banques) puisse avoir le droit de dicter à son gré ce que vaudront les créances sur la production de toute la société? Puis le pouvoir d'achat global doit être en rapport avec la production globale offerte répondant aux besoins, puisque cette production existe justement pour satisfaire les besoins.
6. La finance ne doit être ni un système de gouvernement, ni un système de récompense ou de châtiment, ni un substitut à la morale, ni une dictature sur la production ou sur les besoins. Elle doit, au contraire, servir la production et non lui poser des limites.
7. Le but d'un système financier bien compris doit être:
a) De financer fidèlement la production répondant aux besoins;
b) De distribuer efficacement les fruits de la production.
Il est difficile de nier l'un ou l'autre de ces postulats, même si le quatrième sonne nouveau et soulève de la controverse. Mais le système financier actuel ne tient compte d'aucun d'eux.
En 1918, William Lyon Mackenzie King, qui n'était pas encore chef du parti libéral canadien (et premier ministre), écrivait un livre intitulé Industry and Humanity (L'Industrie et l'Humanité). On y lit:
«L'homme et non plus la nature, est maintenant maître de la situation. Le problème relatif à la possibilité de tout produire, sauf en volume illimité, est déjà résolu. Les progrès de l'intelligence humaine ont résolu cette réalisation. On peut certes s'en remettre à l'intelligence humaine du soin de trouver également une solution équitable au problème de la distribution!» (Page 103.)
Cette même année-là, l'ingénieur écossais, le Major Clifford Hugh Douglas, présentait au monde la formule du Crédit Social, justement pour résoudre d'une façon équitable le problème de la distribution. Douglas constatait, lui aussi, que la production, comme telle, ne présentait plus de problème. Il écrivait:
«Le système économique peut être assimilé à une machine ayant pour but de satisfaire les besoins de l'humanité. La partie productrice de cette machine est très efficace, mais la partie distributrice est terriblement inadéquate.»
Mais le Major Douglas ne se contentait pas d'espérer que l'intelligence humaine trouverait une solution au problème de la distribution: il offrait la solution.
Ni Mackenzie King, pendant son long terme de chef du gouvernement canadien, ni jusqu'ici aucun autre gouvernement doué d'un pouvoir souverain incontesté, n'a jugé à propos d'adopter cette solution. On a préféré subir des dépressions, se reposer sur les guerres pour redonner du sang à la vie économique, compter sur des plans d'État, ou jouer avec la fiscalité, par des allocations parcimonieuses, conditionnées, accompagnées d'enquêtes et de froide bureaucratie, et dont le financement tend à stériliser les sources de la production.
La solution de Douglas n'enrégimente rien, ne confisque rien, ne centralise rien, ne dicte rien, n'entrave en rien l'initiative et l'entreprise privée. Elle ne touche qu'à l'instrument social par nature: l'instrument monétaire. Non pas pour enlever de l'argent à ceux qui en ont; non pas pour dicter l'usage de l'argent à ceux qui en reçoivent; mais simplement pour rendre l'émission, le volume et le rappel de l'argent (ou son synonyme moderne, le crédit) conformes aux faits d'une production libre et d'une consommation libre.
L'argent moderne se prête particulièrement bien à cette réforme d'ordre purement financier.
Si, en effet dans les siècles passés, l'argent a pu être une marchandise intermédiaire, l'argent moderne, lui, n'est que chiffres, et la finance qu'une simple comptabilité.
Dans le même livre cité plus haut, Mackenzie King écrivait avec beaucoup de justesse:
«L'argent, ce sont des chiffres inscrits dans des registres, des signes et des chiffres imprimés sur du métal ou du papier.»
Et ce sont les chiffres inscrits dans des registres, dans les grands-livres des banquiers, au crédit des déposants ou des emprunteurs, qui servent pour les 90 pour cent des transactions commerciales. Par simples virements d'un compte à l'autre. Comptabilité écrite. Argent scriptural.
Quant aux pièces de métal ou rectangles de papier, avec des chiffres ou des figurines, eux aussi sont une sorte de comptabilité, non écrite, les chiffres passant d'une main à l'autre, au lieu d'un compte à l'autre. Je me débite moi-même d'un billet d'un dollar que je passe à mon marchand, et mon marchand se crédite lui-même d'autant. Il en obtient la disposition, tout comme il dispose de son crédit dans son compte en banque.
Pas une personne ne regarde à la valeur intrinsèque du billet de papier, ou des pièces d'argent ou de nickel, qu'elle reçoit en échange de produit, de travail ou de services. C'est la confiance en ce que le système producteur peut fournir en échange de ces chiffres, qui les a fait accepter sans hésiter. C'est la capacité de production qui confère de la valeur à ces chiffres.
Si l'argent moderne consiste en chiffres, il n'y a aucune raison de manquer de chiffres, en regard d'une capacité de production qui n'attend que des commandes exprimées par ces chiffres.
Dans les années de chômage d'avant-guerre, Mackenzie King devait se sentir bien humilié d'avoir à dire que le pays manquait de chiffres pour permettre aux besoins d'obtenir des produits, et pour permettre aux chômeurs d'entretenir un flot mouvant de produits. Mackenzie King savait mieux, mais, hélas! l'auteur devenu premier ministre de son pays avait perdu ses ailes: il était lié!
Puis, si la finance moderne est affaire de comptabilité, rien n'excuse une comptabilité fausse, une comptabilité contraire aux faits qu'elle doit traduire. Rien ne peut empêcher d'exprimer la valeur de la production par du crédit, à mesure qu'elle naît, et sa disparition par un débit équivalent, qui rappelle et annule les chiffres que le crédit a libérés.
Si la finance était ce qu'elle doit être, une représentation exacte des réalités, suivant en tout le mouvement de la richesse, jamais un pays qui s'enrichit plus qu'il ne s'appauvrit n'exprimerait sa situation financière par une dette nationale.
Et s'il suffit de chiffres pour représenter des créances sur les produits, rien de plus facile que d'établir un mode équitable de répartition et de distribution de la richesse. C'est ce que le Crédit Social propose par la distribution périodique, à chaque personne, d'un certain nombre de ces chiffres, qui sont de l'argent, et qui garantiraient à chaque personne au moins l'indispensable à l'existence.
C'est bien le moins, qu'un membre de la société, un sociétaire, ait le droit d'attendre de sa société dans un pays qui a des surplus sur les bras.
Si l'argent moderne consiste en chiffres représentant des possibilités réelles, il est inconcevable que des corps publics soient obligés de renoncer à des projets parfaitement exécutables, pour la seule raison qu'ils manquent de ces chiffres.
Il est inconcevable, aussi, que des bras de chez nous doivent rester croisés devant des richesses naturelles de chez nous, jusqu'à ce que des faiseurs de chiffres étrangers veuillent bien venir enrôler ces bras à leur propre service, recevoir de notre gouvernement un tribut de reconnaissance, et emporter chez eux ces richesses de chez nous, extraites et transformées par des bras de chez nous.
Voilà un point qui touche pertinemment à la question posée par le Front Universitaire: «Comment le Crédit Social contribuerait-il à notre libération économique?»
Sous un régime de Crédit Social, le problème purement financier n'existerait pas, du moins pas pour une collectivité. Tout ce qui est physiquement possible deviendrait, automatiquement, financièrement possible aussi vite que serait prise la décision de l'exécuter. Toute production nouvelle, en effet, serait financée par des émissions correspondantes de crédit; et le crédit ainsi mis en circulation serait rappelé et cancellé seulement au rythme de la disparition (par usure, destruction, consommation) de la richesse produite.
Aucunement besoin, donc, de ce qu'on appelle «capital étranger», ni même de «capital» tout court, dans le sens courant du mot, pour produire au pays ce qu'on est capable d'exécuter au pays. Quelles perspectives cela n'ouvre-t-il pas à des patriotes indignés de voir leur riche pays traité comme une colonie économique de maîtres étrangers!
Sur cette question du «capital», comme sur celle de l'argent, Mackenzie King était parfaitement renseigné. Il écrivait, dans son même ouvrage (page 130):
«La monnaie et le crédit ne sont pas en eux-mêmes du capital. Ils ne le sont qu'en vertu du droit que comporte leur possession; ils comportent un pouvoir de main-mise, parce qu'ils sont échangeables pour des denrées et des services.»
Faire exploiter nos richesses par du «capital étranger», c'est littéralement inviter la main-mise étrangère sur nos richesses.
Des chiffres émis par notre pays lui-même, basés sur l'enrichissement résultant de l'application du travail de nos gens sur nos propres richesses naturelles, feraient aussi bien l'affaire. Ils récompenseraient aussi bien le travail fourni et ils obtiendraient aussi bien, pour les travailleurs, les produits provenant d'autres producteurs du pays.
Le véritable capital, ce sont les richesses naturelles, données par le bon Dieu, et la capacité de les exploiter, réside dans les cerveaux, les bras et les techniques acquises. Le reste n'est que chiffre. Ce sont les chiffres qu'il faut rendre conformes aux possibilités réelles, et non vice versa.
C'est pourquoi le Major Douglas écrivait, la même année que Mackenzie King, en 1918:
Douglas ne se contente pas de disserter, de donner des définitions: il passe aux conséquences. C'est pourquoi sa doctrine est si riche de dynamisme. Mise en application, elle changerait vite la face de l'économie, sans d'ailleurs léser personne, sauf les exploiteurs qui paralysent ou endettent l'humanité par leur contrôle dictatorial de l'argent et du crédit.
Avec une économie de revenu intégral au lieu d'embauchage intégral, avec l'écoulement non entravé de la production répondant aux besoins, avec le nécessaire garanti aussi longtemps que le système producteur peut y répondre, le Crédit Social introduirait dans le monde un élément inconnu jusqu'ici: la sécurité économique pour tous.
C'est la sécurité économique — non pas l'opulence — qui constitue véritablement la richesse temporelle, parce que c'est alors que l'esprit, dégagé des incessants et rongeants soucis matériels du jour au lendemain, peut librement tendre vers des valeurs plus spécifiquement humaines.
La liberté ne commence bien qu'avec la satisfaction du nécessaire. Préférer la liberté au nécessaire pour vivre, c'est de l'héroïsme: on ne peut le demander ni au grand nombre, ni longtemps. D'autre part, accepter des chaînes pour avoir plus lorsqu'on possède déjà le nécessaire, c'est un matérialisme avilissant, pratiqué par trop de créchards, mais honni par des patriotes qui veulent libérer leur pays et leurs frères.
Le Front Universitaire demande si le Crédit Social apporterait avec lui, aussi, un facteur de libération politique. C'est impliquer l'existence d'une dictature politique: dictature de parti, dictature de patronage, dictature des octrois conditionnés, dictature de l'aristocratie des privilégiés, etc.
La première condition d'une libération politique est d'avoir au moins une élite de citoyens avec une mentalité d'hommes libres. Puis de faire rayonner cette mentalité dans la population.
Le système économique actuel n'y contribue guère. Peut-on attendre une prolifération d'hommes libres, du milieu croissant de prolétaires dépersonnalisés, d'automates, d'individus castrés de leur faculté de décision, que l'économie actuelle forme à pleines villes et à coeur d'année? Où sont les libérateurs possibles, dans ces masses qui s'engouffrent chaque jour dans des usines de plus en plus gigantesques, y font les gestes répétés qu'on leur commande, produisent sans savoir pour qui ni pour quoi, dénués de tout, même des outils qu'ils manient, toujours sur la branche et à la merci de conditions sur lesquelles ils n'ont pas l'ombre d'un contrôle?
Sous un régime créditiste, on n'avilirait pas ainsi la personne à mesure qu'on ennoblit la matière. Les techniques de production continueraient de progresser. Mais la production ne serait plus dictée ni conduite par l'aristocratie de l'argent, par une ploutocratie insouciante de l'humain. L'entreprise n'exigeant plus l'apport de «capitaux-chiffres», c'est la compétence et la responsabilité qui prendraient les initiatives et la direction.
Le système de servage moderne, le salariat, ne tarderait pas à entrer dans l'histoire du passé.
Le nécessaire garanti, par un dividende à tous, ferait des hommes libres, comme on le signalait tout à l'heure. Des hommes libres ne sont étoffe ni à esclaves ni à serfs. L'entrepreneur se rendrait vite compte qu'il aurait à changer sa formule et à se chercher des associés plutôt que des embauchés. Des associés compétents et intéressés, non plus des employés qui doivent choisir entre des conditions qu'on leur offre ou les tiraillements de la faim. Le salariat ferait rapidement place à l'associationnisme.
Des hommes ainsi libérés économiquement se laisseraient mal asservir politiquement. Quels appâts les crèches de partis peuvent-elles conserver pour des individus qui ont tant soit peu le sens de leur dignité, lorsqu'ils ne sont plus obligés de ramper pour avoir du pain?
D'ailleurs une partie essentielle de la technique du Crédit Social, l'ajustement des prix — dont il serait trop long d'aborder l'explication dans cette conférence — tiendrait chaque citoyen, chaque ménagère qui va au magasin, au courant de la situation économique de son pays. La promulgation périodique du coefficient des prix serait un véritable résumé de bilan, concrètement compréhensible par quiconque achète un article chez le détaillant. Chaque citoyen saurait le pourquoi du prix qu'il paie, quelle proportion en est due à la production des biens mêmes qu'il consomme et qu'elle proportion aux services qu'il reçoit de ses administrations publiques. Il n'aurait pas besoin pour cela de se perdre dans le labyrinthe de cent canaux de fiscalité.
De cette démocratie économique à la démocratie politique, il n'y a que la distance entre l'œil qui voit et la langue qui parle.
Si l'on veut juger un peu du citoyen de demain sous un régime de Crédit Social, qu'on jette un coup d'œil sur les créditistes en bérets blancs qui parcourent avec entrain les routes du Canada et d’autres pays. Pas encore libérés économiquement, mais déjà allégés de leurs chaînes par la vision qu'ils ont du monde créditiste. Puis, trop éclairés, trop épris de la valeur de leur idéal, pour accepter servilement de s'arrêter devant les interventions paperassées ou galonnées.
A peine gagné le pain de leur famille, ils sacrifient joyeusement la poursuite du superflu pour travailler à conquérir la liberté pour tous.
Par sa seule philosophie, avant même d'être mis en application, le Crédit Social forme déjà des citoyens libres, des hommes repersonnalisés, avec un sens élevé de la responsabilité individuelle dans l'édification d'une cité temporelle plus digne de civilisés et de chrétiens.
C'est avec de tels hommes — et non pas avec des complexes de chiens battus, ou de perpétuels apeurés, ou des «let Georges do it» (laissons Georges le faire) — qu'on peut espérer libérer un pays de tout ce qui, soit d'ordre économique, soit d'ordre politique, pèse inutilement sur la vie de ses familles et de ses citoyens.
Congrès du 25e anniversaire de Vers Demain à Granby en 1964. |