par François de Siebenthal
économiste HEC et lic. ès sc. iur
Voici des extraits d'un texte écrit en 1995 par M. François de Siebenthal, de Lausanne, en Suisse, responsable de l'Institut d'Études Monétaires, économiste HEC et lic. ès sc. iur., Consul Général des Philippines, Secrétaire général du Corps Consulaire, et grand ami de Vers Demain. De plus, M. de Siebenthal possède deux autres titres qui le rendent plus honorable encore : catholique, et père de famille de huit enfants :
La faim dans le monde, la croissance des populations, les guerres, la mauvaise répartition des richesses, l'écart toujours croissant entre les riches et les pauvres demandent une réflexion neutre et objective de tous les instants. Nous admettons qu'il y aura toujours des disparités mais la situation actuelle demande des solutions urgentes et la plupart des problèmes n'ont pas encore reçu le moindre début de réalisation efficace, à part de rares exceptions.
Après des années passées à étudier les récents phénomènes démographiques et vu leurs relations avec la crise bancaire actuelle, je peux affirmer que les faits majeurs ci-après sont d'une gravité extrême qui avait été anticipée par de rares civilisations antérieures. Le non-respect des lois naturelles inscrites dans la nature coûtera cher et plus on attend, plus la facture sera lourde pour nous, nos enfants et petits enfants.
La crise démographique européenne est la plus grave connue de l'histoire. L'une des pires situations est celle de l'Italie (Taux de fertilité proche de 1.2 enfant en moyenne par femme ; Italie du Nord : 0.8). L'Espagne va dépasser l'Italie dans ce gouffre démographique. Dans un proche avenir, l'Europe sera obligée de consacrer plus de la moitié de son PNB pour ses aînés. L'état social sera ruiné à cause du manque de jeunes. L'économie européenne est déjà en décroissance. En réaction absurde, des voix s'élèvent déjà dans les mass-media pour pousser à l'euthanasie active des personnes âgées et des handicapés (lois votées à Zurich et en Hollande).
La plupart des états occidentaux n'arrivent plus à payer les intérêts et à amortir leurs dettes, et ceci au détriment des tâches premières. L'Italie par exemple, par ses impôts, est en faillite sociale. Corruption généralisée, PIB en régression, écoles en faillite, jeunes drogués, coût de la santé (en Suisse 50 milliards Francs suisses), chargent toujours plus à la société. Le système des retraites tombe en faillite.
La productivité due aux robots et aux ordinateurs pourrait nous sauver, mais elle devra être redistribuée de manière équitable.
L'économie moderne est basée sur des emprunts. Le public ne sait pas que les banques prêtent leurs économies, en prenant de surprenantes « libertés ». Si, par exemple, l'épargne s'élève à 100, le système bancaire américain prête environ 100 fois 100, soit 10 000, d'où une « création » du néant de 9 900. Cet « argent » vient de la confiance accordée aux banques et de la loi des grands nombres qui dit que jamais tous les épargnants ne vont retirer leur argent en même temps, La globalisation de l'économie mondiale aggrave cette situation de « miracle » bancaire. Les banques ont donc poussé au maximum les dettes afin de jouir de ce pouvoir sans limites apparentes dans le temps.
Vu que la nature humaine a des limites, celles-ci commencent à se montrer et on découvre que le coût de cette manipulation « miraculeuse » se compte en vies humaines, et surtout en enfants que l'on ne laisse pas naître. Ces enfants commencent à manquer et la crise actuelle est due à cette absence. Si tous les épargnants du monde voulaient retirer leurs économies, nous aurions une gigantesque crise financière. Et ceci va arriver dans les pays riches à cause de la pyramide qui vieillit. En effet, les vieux devront retirer leurs avoirs et les jeunes ne pourront faire face que de plus en plus difficilement. Nous devons avoir l'intelligence de prévoir cette chute et de préparer les plans alternatifs en favorisant les familles.
Par le biais de soudaines hausses des taux d'intérêt, et de création de monnaie, les banques, petit à petit, prennent possession des richesses réelles en laissant la monnaie fictive entre les mains des emprunteurs. Cette monnaie devient de la monnaie de singe.
Les familles ou les petites entreprises empruntent souvent lorsque les taux sont bas, et sont obligées, la plupart du temps, de rembourser lorsqu'ils sont hauts. La conséquence est l'absence d'enfants car la machine économique s'emballe et ceux qui paient sont ceux qui n'ont pas de voix pour les défendre.
Dans certains pays, on prête à 7 % d'intérêt réel par mois : ce qui signifie 125 % d'intérêt par année (prêteur sur gage) alors que l'inflation est à 9 %. Ces taux sont usuriers et personnifient purement et simplement la cupidité. Ceci ne tient pas compte d'autres systèmes pires.
Cependant, l'intérêt joue un rôle plus pernicieux encore. Dans ce domaine, les crédits de pays à pays jouent un rôle sérieux. En fait, ces prêts sont accordés à des taux avantageux à la condition que les pays pratiquent le contrôle de la population (cf. la Chine avec sa politique d'enfant unique et d'avortements forcés, et le massacre des filles qui s'ensuit). Le cercle vicieux commence alors, puisque les dettes provoquent des offrandes humaines au Moloch moderne. Les droits de l'homme et la liberté humaine sont écrasés par l'économisme.
Les états ont emprunté aux banques des montants considérables. Or, ces montants sont souvent de la monnaie fiduciaire créée du néant. Cette monnaie est gagée par la fortune de tout le pays. Tout ceci est légal mais n'est pas juste, à l'instar de l'avortement « légal » qui reste un crime. En effet, ces sommes colossales provoquent des annuités toujours plus grandes. Celles-ci pèsent dans les budgets et provoquent le chômage, les coupes sombres, le stress, les disputes, les plans de restructuration, etc...
L'État doit créer lui-même sa monnaie... Le capitalisme sauvage mange ses enfants, mais si lentement que certains s'en habituent.
Le Cardinal Ratzinger a affirmé qu'il y a plus de 40 millions d'avortements (recensés) par année. Ceci signifie qu'en comptant les avortements par stérilets et par la pilule abortive RU-486 (non recensés), dans les 10 dernières années, il y aurait eu environ 1 milliard d'êtres humains exterminés, sans compter ceux qui n'ont pas été conçus à cause de la mentalité de contraception. Ce massacre est le pire de l'Histoire. Quelles en sont les causes ?
Dieu, dans l'Ancien Testament, en citant l'usure et l'intérêt (Josh 3,15 ; 4,18/ 1 Chr 12,15/ Isa 8,7/ Dan 8,16/ Ex 22,25/ Neh. 5,5,7/ Lev, 25, 36,37/ Ps 15,5/ Pr 28,8/ 1sa 24,2/ Jér 15,10/ Ezek 18,8,17...13, 22, 12/ Mat 25, 27/ Luc 19,237) et l'Église ont toujours condamné les taux d'intérêt et pas seulement l'usure, surtout par la voix de St Thomas d'Aquin... Le texte du Notre Père, récité plusieurs fois par jour, dit bien « debita nostra », ce qui signifie toutes nos dettes, au sens propre d'abord, comme nous l'enseigne les méthodes d'interprétation de la Bible par le nouveau catéchisme.
Un milliard d'enfants tués par l'avortement en dix ans
La peine prévue est la même que celle contre tous ceux qui participent à l'avortement, « excommunicatio latae sententiae pœnam », après un rappel des Papes Paul II, Sixte IV, Innocent VIII, Alexandre VI, Jules II. Benoît XIV, dans sa lettre encyclique Vix Pervenit du 1er novembre 1745, renouvelle cette condamnation de l'intérêt chargé sur le prêt d'argent, ainsi que Grégoire XVI (29 juillet 1836), Pie IX (Encyclique aux Évêques d'Italie Quanto Conficiamur du 10 août 1863) et Léon XIII avec Rerum Novarum du 15 mai 1891.
L'intérêt est l'un des facteurs déclencheurs de l'inflation et non pas l'inverse. L'encyclique Veritatis Splendor de Jean-Paul II rappelle qu'il y des maux intrinsèques et que certains péchés sont absolus. Les ignorer peut supprimer la faute personnelle, donc le péché du prêteur (L'emprunteur, selon St Thomas, ne fait pas de péché). Mais la société le paie par le risque de disparaître et ceux qui favorisent l'ignorance en seront les responsables.
Nous sommes réconfortés dans notre thèse par le fait que le tout nouveau catéchisme, rédigé en français, réitère cette condamnation à la fin du commentaire du 7ème commandement.
Il est impossible, dans la durée, d'honorer les prêts à intérêts (composés ou non). Prenons l'exemple suivant :
Crésus emprunte un capital de 100 à la naissance du Christ. En appliquant un taux de 10 % (le petit crédit en Suisse est proche de 18 %), la somme à rembourser en l'an 2000 est de x = (100) fois 1,1 puissance 2000, soit 6 fois 10 puissance 84. Ce chiffre avec 84 zéros dépasse l'imagination (par exemple 10 puissance 77 maisons de 600 000 francs suisses, ou encore 10 puissance 68 maisons par habitant de la terre). Il est même impossible de respecter le contrat en soi avec ce système.
Un mathématicien français, M Levy, démontre que, à terme, que toute la richesse du monde appartiendra aux banques, par simple application des règles mathématiques.
L'argent est une création humaine, qui, si l'on accepte l'intérêt, fait des petits. Ces petits ne sont pas que des symboles, ils provoquent des morts et des blessés, dans tous les domaines. Il est plus prudent d'interdire tout nouvel organisme faisant de lui-même des petits. (cf.. les virus informatiques, les chimères in vitro, le développement de nouvelles espèces, microbes, virus, etc), y compris des organismes intellectuels ayant des conséquences dans la réalité. Le bien commun « argent » est aux mains de gens sans scrupules. C'est un devoir grave que d'en reprendre le contrôle.
Toute chose aurait un prix, l'intérêt serait le prix de l'argent. Or, l'argent n'est pas une chose mais un symbole, un bien commun appartenant à tous, comme l'eau ou l'air. C'est le rêve des cupides que de faire payer l'eau. L'argent est un universel et le laisser aux mains des partisans de la mort reste criminel. De plus, sa généralisation fait que les investissements s'orientent vers les machines plus que vers les employés, dans le cadre des industries à haute intensité capitalistique. L'intérêt fait passer le remboursement à la banque avant les salaires des ouvriers ou pire le licenciement remboursé par les allocations chômage avant l'emploi. Voici les droits de l'homme actuel, un concept avant une réalité, un droit avant une personne. Où est la dignité du père de famille qui n'est pas banquier. D'ailleurs, les banquiers ont peu d'enfants car l'argent prime même sur leurs propres enfants.
Le mensonge de la « création de monnaie par les banques et la diffusion sans vergogne des taux d'intérêts favorisent la société de consommation et la crise mexicaine. Ce qui conduit à l'avortement quand les emprunts doivent être remboursés. En fait, la cause principale citée en Suisse par les femmes ayant subi un avortement est le remboursement des emprunts, leasing et surtout des petits crédits, contractés par elles-mêmes ou par la famille. Il est clair qu'il y a d'autres raisons concomitantes (hédonisme, égoïsme, modes, pression sociale, frivolité, ignorance...), mais fermer les yeux et ne rien faire contre l'une des causes n'est pas du tout scientifique, ni chrétien. Laisser les gens qui gagnent sans travailler écraser les pauvres sans défense est ridicule. Les défendre ne l'est point.
L'histoire de l'Égypte ancienne montre déjà le lien entre les taux d'intérêts hypothécaires et la diminution de population : cette dernière a contribué au déclin de cette civilisation et à sa disparition. (cf. l'historien belge Pirenne et son analyse du bail emphéotique et des taux à 20 % qui provoquait « l'exposition au soleil mortelle des enfants).
Le nouveau catéchisme universel maintient la condamnation de l'intérêt et de son rôle néfaste, à la fin des commentaires concernant l'interdiction du vol (septième commandement). En tant que laïcs, nous devons faire comprendre cette condamnation qui est une libération pour les pauvres, car une économie basée sur le marché des actions est beaucoup plus dynamique et favorise les baisses de prix des marchandises tout en rémunérant ceux qui prennent les risques d'investir. La justice est indispensable pour accéder à la sainteté. Il est trop facile de se laver les mains en prétendant n'y rien comprendre. L'économie n'est pas si compliquée si on prend la peine d'étudier humblement des solutions finalement plus proches et réalisables que les jeteurs de poudre aux yeux ne veulent l'avouer.
Depuis plusieurs siècles, l'Église souffre car ses fils sont prisonniers d'une grande désinformation. Le prix Nobel d'économie, Maurice Allais, affirme que le système financier international reste la plus grande entreprise de désinformation de l'histoire humaine. Les fils des ténèbres contrôlent cette désinformation et écrasent les faibles, souvent aidés par des ignorants de bonne foi. Arrachons les masques pour faire souffler un vent d'air frais dans toute cette puanteur moderne.
Que faire ? Pourquoi ne pas réagir ? La race humaine a survécu plusieurs siècles sans pseudo « création », et même sans « banques » ; alors, pourquoi ne pas abandonner ces taux inhumains qui n'ont aucune limite conceptuelle et qui volent notre temps d'éducateurs ? L'intérêt, c'est du temps volé aux pères et mères de familles.
Nous dépensons des milliards pour des recherches en physique. Dépensons quelques millions pour approfondir les intuitions d'une doctrine sociale dynamique qui favorise la croissance. Créons un Centre d'Études et de Formation à l'Action Sociale (CEFAS).
Rendons possible la promesse faite à Abraham. La terre est vaste et généreuse, les mers aussi. Tous les experts sérieux, après des études approfondies (cf. Julian Simon) admettent qu'elle peut nourrir tous les enfants à venir. En fait, celui qui croit que la terre est partout surpeuplée ne croit pas en Dieu, ni en sa promesse. Réapprenons à dire la salutation des fils d'Abraham, Pax, la Paix, Shalom, Salam... Cette paix, comme le dit Mère Teresa de Calcutta, ne peut venir sur terre que si nous n'avortons plus et si nous acceptons même ceux qui sont différents, les handicapés.
Les femmes, mères au foyer, travaillent. Elles méritent un vrai salaire, qui permettra de créer des places de travail, de relancer une vraie consommation et faire doubler le PNB. Nous avons pu financer des guerres mondiales, il est donc possible de financer les mères. Le Canada estime que le travail maternel équivaut à 46 % du PNB, ce n'est que justice, comme le demande Jean-Paul II, que de les payer.
Questions importantes Est-il vrai que :
Le moins d'enfants dans une famille, le moins de vocations au partage et à la générosité ?
La meilleure école du principe de subsidiarité est une famille nombreuse ?
Le principal manque de la politique mondiale est cette générosité dans une structure de corps intermédiaires ?
La mentalité contraceptive est directement dirigée contre les familles nombreuses ?
Le système d'intérêt et de pyramide des crédits attaque directement la famille ?
Pouvons-nous dire que l'intérêt est un vol de temps et d'enfants ?
Pouvons-nous dire que la « création » de monnaie rendue possible par l'intérêt est un mensonge ? Un vol au détriment des générations futures ? (des enfants pas nés).
Un homme de bonne volonté peut-il participer à ce massacre ? En action et par omission ? Ou pouvons-nous nous élever et arrêter cette mécanique ?
La doctrine de saint Thomas est toujours valable. (3) (Justitia, Il llae, qu. 57 to 122 et q. 78 art. 1). Peut-on vendre le temps qui est à Dieu ? Voici une explication du stress.
Toute invention humaine qui n'a pas de limites est monstrueuse, or le système des taux d'intérêts n'a pas de limites. De plus, un instrument d'échange ne doit pas pouvoir faire des petits, or l'argent en fait actuellement, au prix des nôtres : Ceci est monstrueux.
Nous pouvons démontrer que la crise actuelle est en grande partie due à cette recherche d'une croissance zéro, recherche basée sur des erreurs en faits et en analyse.... Quelle erreur de croire que la terre n'est pas généreuse alors que l'Europe toute seule pourrait nourrir plusieurs fois la population mondiale, sans compter les océans à peine exploités.
À ceux qui répliquent : « Il faudra changer la manière de gérer nos fonds », je réponds : Oui, et tu recevras au centuple, car une économie dynamique profitera à tous, à moins que ton égoïsme ne te rende triste de voir les autres heureux. Que tu es à plaindre, surtout que tu risques en plus l'enfer.
Tout ce travail est donné avec l'espoir que quelques simples concepts économiques peuvent être mieux expliqués pour le bien des plus pauvres, des enfants non-nés, et spécialement ceux des pays du Tiers-Monde. Ne croyez pas ceux qui compliquent tout pour en garder le contrôle, surtout que le prix en est trop élevé, soit des milliards de vies humaines qui ne verront jamais le jour. Pourquoi ne pas regarder la réalité d'une façon positive et encourager notre monde à vivre toute la vérité dans un esprit de justice et de charité ? Il est certain que les capitaux disponibles peuvent s'investir à titre de participations, dans le but de recevoir une part du bénéfice, mais sans jamais exiger la faillite.
L'amour, le vrai amour, le bel amour ne peut accepter l'intérêt. Le vrai amour peut accepter le juste profit. L'intérêt, c'est la mort. Nous avons tout à gagner en favorisant les familles nombreuses, qui formeront une demande dans tous les domaines, source de dynamisme et de vie. Toutes les analyses sérieuses démontrent que la lutte sera gagnée en misant sur la joie de vivre des mères de famille, qui sont un élément stabilisateur du développement. Son modèle en est la Theotokos, la Mère de Dieu, Marie.
François de Siebenthal Institut d'Études Monétaires, Lausanne, Suisse