Le Major Douglas et le communisme

le dimanche, 01 mars 1942. Dans Clifford Hugh Douglas

On sait si les adversaires du Crédit Social ont es­sayé, dans la province de Québec, de faire passer le Crédit Social pour une forme de communisme, afin de préjuger les Canadiens-français et les te­nir éloignés du mouvement.

Des théologiens ayant déclaré carrément qu'ils ne trouvaient nullement le Crédit Social entaché de socialisme ou de communisme, certains adver­saires cherchent à insinuer que nous avons ampu­té le Crédit Social pour le faire accepter, avec l'in­tention de le reprendre en entier plus tard, tel qu'exposé par le major Douglas, son initiateur.

Calomnie perfide. Le Crédit Social que nous prêchons dans le Québec est le Crédit Social inté­gral prêché par le major C.-H. Douglas depuis vingt-cinq ans. Et le Major Douglas n'a jamais penché vers le socialisme ni vers le communisme. Bien au contraire. S'il est enclin à pécher, c'est plutôt par la note opposée : Il accorde à l'individu une Souveraineté que ceux qui n'ont pas le culte de la personne humaine seraient tentés de juger outrée. C'est d'ailleurs ce qu'a très bien fait res­sortir le R. Père Lévesque dans sa brochure Cré­dit Social et Catholicisme. Cette brochure est une argumentation, basée sur des faits authentiques — ce qui fait justement défaut chez les calomnia­teurs de Douglas.

Voici maintenant traduction d'une correspon­dance échangée, à l'été de 1939, entre M. Ralph Duclos, président du Social Credit Bureau d'Ot­tawa, et le major Douglas lui-même. C'était avant le rapport des théologiens. Cette correspondance parut dans le Social Crediter du 19 août 1939 ; mais nous la publions en français pour la première fois.

27 juillet 1939

Major C.-H. Douglas,

Fig Tree Court,

Temple, London, England,

Cher Major Douglas,

"..... Le Canadien français est en immense majo­rité catholique et radicalement opposé au com­munisme et à tout ce qui sent le communisme.

Les vieux partis essaient de lier le Crédit Social au Communisme, afin d'abattre le mouvement créditiste. Bien que les chefs du mouvement dans la province de Québec connaissent très bien vos vues sur ce sujet, ils m'ont demandé de vous écrire pour avoir une déclaration définie, dont ils puis­sent se servir au besoin dans leur campagne. Cette déclaration exprimerait vos vues sur :

1.—La propriété privée ;

2.—L'initiative individuelle ;

3.—La liberté religieuse ;

4.—Le communisme, le socialisme, le collecti­visme.

Nous vous serions très reconnaissants de vouloir bien nous transmettre brièvement vos vues par courrier postal aérien.

Avec mes meilleurs sentiments personnels, je demeure,

Sincèrement vôtre,

(Signé) Ralph L. DUCLOS,

Président du Social Credit Bureau of Canada Ottawa, Canada.

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14 août 1939

R. L. Duclos, Esq.,

D. S. C. Bureau of Canada,

55 Metcalfe St., Ottawa, Canada,

Cher Monsieur Duclos,

Référant à votre lettre du 27 juillet, les répon­ses à vos questions sont les suivantes :

1.—Au sujet de la propriété privée, je la divise personnellement en deux catégories : a) celle qui est utilisée par le propriétaire pour ses fins fami­liales personnelles : b) celle qu'il ne fait qu'admi­nistrer, n'en recevant pas le produit, mais en ti­rant un revenu en argent, fondamentalement en retour de la responsabilité de son administration.

Pour ce qui concerne a), je considère toute in­tervention par des corps gouvernementaux com­me complètement indésirable et comme devant être réduite à un strict minimum.

Pour ce qui concerne b), je suis en faveur d'une exemption analogue d'intervention gouvernemen­tale, à l'exception toutefois de la liberté de trans­fert, soit au décès, soit autrement. Un certain de­gré de contrôle social semble s'imposer pragmati­quement dans ce cas.

2. — Je ne reconnais pas d'autre initiative que l'initiative individuelle. Nul corps constitué, com­me tel, soit gouvernemental ou autre, n'a jamais eu et ne saurait avoir d'initiative. En conséquen­ce, des affaires de pure routine peuvent, en cer­taines circonstances, être raisonnablement admi­nistrées par des corps constitués, mais cette ad­ministration est toujours sujette à changement par une initiative individuelle sans trop de diffi­culté.

3. — La seule signification que je puisse donner à la liberté religieuse, c'est là liberté d'expression en ce qui regarde toutes questions philosophiques, ou toutes cérémonies qui s'y rattachent. Là-des­sus, il n'est pas nécessaire, ce me semble, de dire que je suis en faveur de la liberté pleine et absolue.

Il faut reconnaître, cependant, que toute véri­table philosophie entraîne une ligne de conduite. De même que nous refuserions, d'un commun ac­cord, de laisser prêcher une philosophie qui pré­coniserait le meurtre comme partie essentielle de la ligne de conduite découlant de cette philoso­phie, de même certaines philosophies peuvent constituer un danger social. Je considère moi-mê­me que la philosophie juive de "race choisie", avec l'idée que le monde entier est destiné à être gou­verné par une junte juive, et l'idée qu'il y a une morale à observer entre Juifs, mais que toute en­trave morale peut être ignorée dans les relations d'un Juif avec un non-Juif, — je considère telle philosophie comme tombant dans la catégorie de la propagande anti-sociale et séditieuse.

4. — La réponse à la quatrième question deman­derait une définition du communisme, du socia­lisme et du collectivisme. En autant que j'en aie pu obtenir une définition, toutes ces doctrines contiennent l'idée fondamentale qu'une certaine institution ou organisation possède des droits su­périeurs et de présumées vertus supérieures aux individus dont elle procède. Je considère cela com­me le mythe le plus dangereux, et l'exploitation de ce mythe, sous une forme ou sous une autre, com­me le mécanisme des afflictions qui pèsent sur le monde.

Il faut cependant distinguer avec soin la souve­raineté générale d'une institution, qui est satani­que, de la souveraineté fonctionnelle d'une tech­nique.

Avec mes meilleurs sentiments,

Sincèrement vôtre,

(Signé) C. H. DOUGLAS Temple, Londres.

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