Le dividende national

le samedi, 15 novembre 1941. Dans Dividende

1. Est-il possible pour l'État de distribuer un dividende national à tous ses sujets ?

Oui, si l'État exerce effectivement et en tout temps sa souveraineté monétaire d'une façon consciente, juste et intelligente.

Non, s'il abandonne à une poignée d'individus ou d'institutions financières privées cette souveraineté.

Car, il ne faut pas l'oublier, le pouvoir économique discrétionnaire "est surtout considérable chez ceux qui, détenteurs et maîtres absolus de l'argent, gouvernent le crédit et le dispensent selon leur bon plaisir. Par là, ils distribuent en quelque sorte le sang à l'organisme économique dont ils tiennent la vie entre leurs mains, si bien que sans leur consentement nul ne peut plus respirer (Quadragesimo Anno)".

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2. Le dividende national est-il un encouragement à la paresse ?

Non, au contraire, il stimule l'activité humaine en lui permettant de s'exercer plus librement qu'elle ne le fait présentement.

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3. Le dividende national dispense-t-il l'individu de travailler ?

Non, mais il l'aide à mieux vivre tout en travaillant.

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4. Le dividende national respecte la hiérarchie des droits naturels en plaçant au premier plan le plus important et le plus précieux de ces droits : le droit à la vie.

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5. Le dividende national respecte le droit de propriété. En mettant entre les mains des individus des titres à la richesse il leur permet de s'approprier cette richesse et d'en disposer librement comme ils l'entendent.

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6. Le dividende national consacre le double aspect individuel et social de la propriété. Si elle ne peut abolir le droit de propriété l'autorité publique peut "en tempérer l'usage et le concilier avec le bien commun".

"Lorsqu'on concilie ainsi le droit de propriété avec les exigences de l'intérêt général, l'autorité publique, loin de se montrer l'ennemie de ceux qui possèdent, leur rend un bienveillant service ; ce faisant, elle empêche, en effet, la propriété privée que, dans sa Providence, le Créateur a instituée pour l'utilité de la vie humaine, d'entraîner des maux intolérables et de préparer ainsi sa propre disparition. Loin d'opprimer la propriété, elle la défend ; loin de l'affaiblir, elle lui donne une nouvelle vigueur (Quadragesimo Anno)".

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7. Le dividende national consacre le respect du bien commun de la société tout entière.

"Quoique divisée en propriétés privées, la terre ne laisse pas de servir à la commune utilité de tous (Rerum novarum)."

"Or, ce n'est pas n'importe quel partage des biens et des richesses qui réalisera, aussi parfaitement du moins que le permettent les conditions humaines, l'exécution du plan divin. Les ressources que ne cessent d'accumuler les progrès de l'économie sociale doivent donc être réparties de telle manière entre les individus et les diverses classes de la société que soit procurée cette utilité commune dont parle Léon XIII, ou, pour exprimer autrement la même pensée, que soit respecté le bien commun de la société tout entière. La justice sociale ne tolère pas qu'une classe empêche l'autre de participer à ces avantages. Elles pèchent donc toutes deux également contre cette sainte loi, — et la classe des riches quand, dégagée par sa fortune de toute sollicitude, elle estime parfaitement régulier et naturel un état de choses qui lui procure tous les avantages sans rien laisser à l'ouvrier ; — et la classe des prolétaires quand, exaspérée par une situation qui blesse la justice et trop exclusivement soucieuse de revendiquer les droits dont elle a pris conscience, elle réclame pour soi la totalité du produit qu'elle déclare sorti tout entier de ses mains ; quand elle prétend condamner et abolir, sans autre motif que leur nature même, toute propriété et tout revenu qui ne sont pas le fruit du travail, quelles que soient par ailleurs leur nature et la fonction qu'ils remplissent dans la société humaine. (Quadragesimo Anno)."

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8. Le dividende national respecte le double aspect individuel et social du travail humain.

"Ils se trompent, en effet, ceux qui adoptent sans hésiter l'opinion si courante selon laquelle la valeur du travail et de la rémunération qui lui est due équivaudrait exactement à celle des fruits qu'il procure, et qui en concluent que l'ouvrier est autorisé à revendiquer pour soi la totalité du produit de son labeur.... Autant que la propriété, le travail, celui-là surtout qui se loue au service d'autrui, présente, à côté de son caractère personnel ou individuel, un aspect social qu'il convient de ne pas perdre de vue. (Quadragesimo Anno)."

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9. Le dividende national ne présente pas le travail comme l'unique titre à recevoir notre subsistance.

"Observons à cet égard combien c'est hors de propos et sans fondement que certains en appellent ici au témoignage de l'Apôtre : "Si quelqu'un ne veut pas travailler, il ne doit pas manger non plus." L'Apôtre, en effet, condamne par ces paroles ceux qui se dérobent au travail qu'ils peuvent et doivent fournir ; il nous presse de mettre soigneusement à profit notre temps et nos forces d'esprit et de corps, et de ne pas nous rendre à charge à autrui, alors qu'il nous est loisible de pourvoir nous-mêmes à nos propres nécessités. En aucune manière il ne présente le travail comme l'unique titre à recevoir notre subsistance.

"Il importe donc d'attribuer à chacun ce qui lui revient et de ramener aux exigences du bien commun ou aux normes de la justice sociale la distribution des ressources de ce monde, dont le flagrant contraste entre une poignée de riches et une multitude d'indigents atteste de nos jours aux yeux de l'homme de cœur, les graves dérèglements (Quadragesimo Anno)."

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10. Le dividende national place la personne humaine au-dessus des richesses de ce monde. Il met l'argent au service de l'homme — afin de lui permettre d'atteindre plus facilement sa fin dernière — alors que présentement c'est l'homme qui est au service de l'argent, ce qui, dans bien des cas, l'empêche d'atteindre cette fin.

"L'organisme économique et social sera sainement constitué et atteindra sa fin, alors seulement qu'il procurera à tous et à chacun de ses membres tous les biens que les ressources de la nature et de l'industrie, ainsi que l'organisation vraiment sociale de la vie économique, ont le moyen de leur procurer. Ces biens doivent être assez abondants pour satisfaire aux besoins d'une honnête subsistance et pour élever les hommes à ce degré d'aisance et de culture qui, pourvu qu'on en use sagement, ne met pas obstacle à la vertu, mais en facilite au contraire singulièrement l'exercice. (S. Thomas cité par Quadragesimo Anno)."

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11. L'état actuel de la vie industrielle ne le permettant pas toujours, le dividende national assure aux pères de famille une rétribution suffisamment abondante pour faire face aux charges normales du ménage.

"On n'épargnera donc aucun effort en vue d'assurer aux pères de famille une rétribution suffisamment abondante pour faire face aux charges normales du ménage. Si l'état présent de la vie industrielle ne permet pas toujours de satisfaire à cette exigence, la justice sociale commande que l'on procède sans délai à des réformes qui garantiront à l'ouvrier adulte un salaire répondant à ces conditions. À cet égard, il convient de rendre un juste hommage à l'initiative de ceux qui, dans un très sage et très utile dessein, ont imaginé des formules diverses destinées soit à proportionner la rémunération aux charges familiales, de telle manière que l'accroissement de celles-ci s'accompagne d'un relèvement parallèle du salaire, soit à pourvoir, le cas échéant, à des nécessités extraordinaires (Quadragesimo Anno)."

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12. Le dividende national empêche qu'on abuse de l'âge des enfants et de la faiblesse des femmes.

"Mais il n'est aucunement permis d'abuser de l'âge des enfants ou de la faiblesse des femmes. C'est à la maison avant tout, ou dans les dépendances de la maison, et parmi les occupations domestiques, qu'est le travail des mères de famille. C'est donc par un abus néfaste, et qu'il faut à tout prix faire disparaître, que les mères de famille, à cause de la modicité du salaire paternel, sont contraintes de chercher hors de la maison une occupation rémunératrice, négligeant les devoirs tout particuliers qui leur incombent, — avant tout l'éducation des enfants. (Quadragesimo Anno)."

Le dividende national c'est le respect du droit à la vie, de la liberté individuelle, de la personne humaine, et la sauvegarde de la famille, cellule première et indispensable sur laquelle repose toute société chrétienne ou qui prétend l'être.

Roger VÉZINA, b.a.LL.L. avocat au Barreau de Québec

"Ce n'est ni de constitutions libérales, ni de concessions à l'ennemi, ni de moyens termes, ni d'expédients qu'on peut espérer le salut. Il ne peut venir que de la vérité hautement proclamée, avec la prière unie à l'action."

"Les opérations financières louches ne peuvent réussir qu'à la condition de demeurer inexpliquées devant le public. Ce sont les méthodes de la tyrannie. Lorsque le tyran veut pressurer son peuple, il fait emprisonner tous les hommes capables de dire la vérité. Lorsque les tyrans ploutocratiques organisent une grande rafle sur le peuple, ils organisent le silence autour des hommes qui peuvent publier la vérité." — (Georges Valois).

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