La vie créditiste - XXXVI

le mercredi, 01 avril 1942. Dans La vie créditiste

Aux I.A.P. et Voltigeurs

Nouvelle méthode dans la distribution des marques d'appréciation

Comme nous l'annoncions depuis deux mois, l'évolution de notre organisation, ainsi que les cir­constances survenues dans l'approvisionnement de certains articles, nous commandent de reviser les méthodes précédentes dans la distribution des marques d'appréciations aux membres de l'Insti­tut qui se dévouent pour la cause. Nous disons "marques d'appréciation", car nous ne voulons pas du tout que les volumes ou autres articles dé­cernés aux travailleurs soient considérés comme des récompenses, encore moins comme une solde. Leur dévouement a trop de valeur pour cela.

Désormais, le facteur temps tiendra une place importante dans toutes les offres. Pas besoin d'ê­tre ingénieur pour en saisir l'importance. Si une prise d'eau débite un gallon dans un quart de minute et une autre un gallon dans dix minutes, il est évident qu'on peut toujours obtenir un gal­lon d'eau de l'une ou de l'autre, mais tout le mon­de fait la différence entre les deux, parce que la première prend quarante fois moins de temps que la deuxième pour fournir le même résultat.

De même, dans un mouvement comme le nô­tre, où il faut aller vite pour dépasser les adver­saires, il y a une grande différence entre recruter 15 abonnements dans un mois et recruter le même nombre dans six mois.

Il est peut-être opportun aussi de rappeler la distinction entre les différents groupes qui for­ment la famille créditiste.

Nous avons d'abord les abonnés au journal VERS DEMAIN, étudiants de la doctrine, com­mensaux de la même philosophie économique, sou­tiens, par le dollar de leur abonnement, de l'œu­vre d'éducation entreprise par le journal.

Puis viennent les membres de l'Institut d'Ac­tion Politique, ceux qui participent à l'expansion du mouvement en prenant d'autres abonnements à l'occasion, dans le milieu où ils vivent et où ils travaillent.

Parmi les membres de l'Institut, nous avons un nombre croissant de personnes qui s'engagent à donner régulièrement plusieurs heures par semai­ne à l'organisation du mouvement. Ils placent une partie considérable de leurs loisirs à la dispo­sition de la direction. Nous les appelons Volti­geurs. Les Voltigeurs constituent l'armée par ex­cellence du Crédit Social.

Lorsqu'un simple abonné exprime la satisfac­tion, l'enthousiasme que suscite en lui la lecture du journal, nous l'invitons immanquablement à faire part de sa découverte à d'autres, à devenir membre de l'Institut.

Le membre de l'Institut, lui, prend générale­ment goût à l'action à mesure qu'il s'y donne. Plus il en fait, plus il veut en faire, et il ne lui faut pas d'habitude un long noviciat pour entrer dans le corps des Voltigeurs, surtout à l'étape ac­tuelle de notre mouvement, alors que nous abor­dons les réalisations. Il n'est pas rare de voir des abonnés d'hier entrer de plein pied jusque dans l'armée des Voltigeurs. Ils ont compris du pre­mier coup que la lumière est faite pour briller, la chaleur pour échauffer, puis qu'il faut lutter pour vaincre.

Nouveaux I.A.P.

À partir d'aujourd'hui, lorsqu'une personne en­tre dans l'Institut d'Action Politique, pour pren­dre des abonnements à l'occasion, le bureau de VERS DEMAIN désigne une date à laquelle ou avant laquelle le nouvel I.A.P. pourra obtenir la première année de VERS DEMAIN reliée, moyen­nant le recrutement de vingt abonnés. Le nombre est donc descendu à 20, mais dans un temps li­mité. Le nouveau membre de l'I.A.P. est averti personnellement de la date qui le concerne.

À partir d'aujourd'hui, chaque mois nous ferons aux Voltigeurs une offre qui pourra varier, mais qui prendra fin avec le dernier jour du mois.

Par exemple, ce mois-ci, nous offrons la Deuxiè­me Année reliée de Vers Demain (les 24 numéros intégraux), à tous les Voltigeurs qui nous enver­ront 15 abonnements au cours du mois. Pour ob­tenir ce volume, il faut donc :

1° Être Voltigeur ;

2° Prendre 15 abonnements ou réabonnements.

3° Prendre ces abonnements d'ici au 30 avril inclusivement.

C'est la troisième condition qui prend en consi­dération le facteur temps, qui demande par con­séquent un certain degré de vitesse chez le Volti­geur. Le mois de mai aura aussi son offre, mais le comptage recommencera à un. Si un Voltigeur s'arrête à 14 pendant le mois d'avril, ces 14 ne compteront pas pour le mois de mai.

La distribution se fera à la fin du mois.

Nos Voltigeurs ne travaillent pas pour des ré­compenses ; mais ils ont tout de même le droit d'aspirer à posséder une collection créditiste. Nous les invitons à commencer sans retard. Ceux qui ont déjà la deuxième année peuvent très bien en gagner un autre exemplaire pour le placer à bon escient, ou encore aider un Voltigeur ami en lui passant le fruit de leurs propres conquêtes. L'esprit social brille parmi nos Voltigeurs.

Réclamation

Ceux qui croient avoir droit à un volume ou à une serviette, aux termes des offres passées, et qui n'ont rien reçu sont priés de faire leurs représen­tations au bureau de Vers Demain sans retard. Nous recevrons, d'ici le 15 avril, toute réclama­tion portant sur les activités d'avant le 1er avril. Le 15 avril, nous devrons fermer les livres sur ce chapitre du passé.

Il apprécie l'instruction

Un Voltigeur de St-Laurent Gallichand (Abiti­bi) nous écrit :

"Je me trouvais ignorant, et j'ai pris mon abon­nement à VERS DEMAIN pour m'instruire. Puis je me suis fais Voltigeur, pour m'instruire davan­tage, me former et aider à pousser les autres à s'instruire.

"J'apprécie beaucoup le zèle que vous mettez, par votre journal, à instruire les autres, les petites gens du peuple comme moi, jusque dans la coloni­sation.

"Au sujet des visites, je m'aperçois que plu­sieurs sont trop indifférents et je m'efforce de les réchauffer. La difficulté pour moi est la distance ; j'ai à voir des familles qui sont à quatre milles de chez moi. Ceux-là, je les vois les dimanche quand je dois garder les enfants.

"Je crois que, lorsque les gens seront tous arri­vés des chantiers, le mieux sera de les réunir une fois tous les quinze jours à la salle publique ; à moins que je puisse trouver d'autres Voltigeurs et distribuer l'ouvrage. De toute façon, je vais es­sayer d'y mettre de l'entrain."

Omer DION

Y a-t-il conspiration ?

Un Voltigeur, chef d'équipe, de Victoriaville, écrit :

"Je lis passablement. Je recherche particulière­ment, en ces temps de désarroi universel, les études et les conférences qui traitent de sociologie. Mais ce qui me gâte tout mon plaisir et me tape sur les nerfs au cours de ces lectures, c'est de constater qu'on écrit absolument comme si la doctrine du Crédit Social n'existait pas. On l'effleure de l'aile, parfois on établit même un franc contact avec elle, on va jusqu'à nager dedans, mais on se garde bien de la nommer par son nom.

"Pouvez-vous me dire si ce silence est voulu, ou si c'est inconsciemment qu'on se tait ? Le silence pourrait aussi être imposé. Car enfin c'est une doc­trine tellement prenante chez tout homme de bon­ne volonté, qu'elle devrait engendrer des contro­verses poignantes d'intérêt, d'où sortirait, j'en suis fermement convaincu, l'évidence du bien fondé de la doctrine créditiste."

Louis BLANCHET

N.D.L.R. — De 1918 à 1923, l'Institut des Ban­quiers anglais dépensa plusieurs millions pour acheter le silence des organes de presse et empê­cher de mentionner le mot Crédit Social ou même le nom de son initiateur, le major Douglas, dans les journaux de Londres et des Îles Britanniques. Ils craignaient une explosion. La doctrine a fini par percer quand même. Les adversaires ont riposté. Mais ils se sont vite aperçus que, plus ils tempê­taient, plus le Crédit Social y gagnait : c'était sa publicité. La conspiration du silence est plus sûre... Chez plusieurs, cependant, c'est pure ignorance. Ils s'abreuvent toujours aux mêmes sources, et le silence, imposé ou volontaire, à ces sources-là, fait que pour eux le Crédit Social est une chose à peu près aussi familière que les textes assyriens pour le commun des mortels.

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