La vie créditiste - XIII

le samedi, 01 février 1941. Dans Formation, La vie créditiste

Entraînement des conférenciers

Nous publions ce plan de causerie sur le Crédit Social, pour aider, dans leur préparation, les conférenciers qui prendront part à la grande offensive de propagande projetée pour cette année.

Ne pas perdre de vue le but poursuivi : accélérer le mouvement créditiste.

Méthode choisie : former une opinion publique prépondérante, par une élite liseuse au sein de la masse.

Il s'agit donc de bâtir une presse créditiste puissante, et les conférences de propagande ont cela comme but.

Le conférencier ne se considère pas comme un docteur au courant de tous les détails techniques de la question. Il prend la parole pour présenter le sujet, clairement mais très simplement, et pour amener ses auditeurs à désirer se renseigner davantage par la lecture.

Le conférencier ne cherche pas à se faire valoir personnellement, mais à faire valoir son sujet.

Il aborde son auditoire sans jactance, mais avec confiance, à cause de la logique de son argumentation.

Précaution : Ne pas permettre de questions, de discussions avant d'avoir fini l'exposé. À ceux qui insisteraient, objecter simplement qu'il est oiseux de poser des questions avant de savoir ce dont il s'agit.

Comme le but de la conférence est de présenter le journal, de lui trouver de nouveaux abonnés et d'établir l'Institut pour continuer le travail, on fera tout cela avant d'entrer en discussion. Ne jamais perdre de vue le but poursuivi, quoi qu'en disent ou qu'en pensent les autres.

Quelques aspirants nous ont demandé un texte complet de causerie. Nous croyons qu'il est mieux, plus naturel et plus fructueux que le conférencier se serve de son propre style. Dans un texte appris par cœur, il risque de se perdre lui-même et les auditeurs s'aperçoivent très bien qu'il s'agit d'une leçon récitée. L'impression est affaiblie.

D'ailleurs, il faut se tenir prêt à modifier ses termes d'après l'auditoire. On voit sur les figures si l'on est compris. C'est le fil de la causerie, l'enchaînement qu'il faut avoir bien gravé en tête.

Le conférencier devra préparer soigneusement sa causerie. Le sommaire suivant fournit à la fois l'enchaînement des idées et les termes appropriés. Il ne reste qu'à faire des phrases, le plus naturellement et le plus simplement possible.

Plan général de causerie

Avec renvois au Syllabaire du Crédit Social

I. — Introduction

(Voir Syllabaire, pages 4 et 6)

Misères, privations, soucis.

Pourtant, on a dans le pays tout ce qu'il faut : nourriture, vêtements, bois de construction, de chauffage ; etc., chemins de fer et camions pour transporter.

Qu'est-ce qui empêche les choses d'aller dans les maisons où se trouve le monde qui en a besoin ?

L'argent manque. Qu'est-ce qui manque à part de l'argent ?

N'est-il pas drôle que l'argent, inventé pour écouler les marchandises, ne vient pas en rapport avec les marchandises ?

Il y a une cause à cela. L'argent ne se fait pas et ne se défait pas tout seul. Il y a des hommes là-dedans.

Qui est-ce qui fait l'argent et qui n'en fait pas assez ?

Pourquoi l'argent ne vient-il pas entre les mains du public aussi vite que les produits viennent devant le public ?

Voilà le but de cette causerie.

II. — Qu'est-ce que l'argent ?

(Voir Syllabaire, page 7)

D'abord, s'entendre sur ce qu'on signifie par argent.

Tout ce qui sert à payer, à acheter — en n'importe quoi c'est fait — dès lors que c'est reconnu par l'État et accepté par le public.

Deux sortes d'argent :

    1. argent de poche — métal ou papier ;

    2. argent de comptabilité — dans les livres.

Insister sur l'importance de l'argent de comptabilité :

dix fois plus considérable que l'autre ; fait 95% des transactions ; argent des affaires, fait marcher l'autre argent.

Un bon compte de banque est bien supérieur à une poche pleine de piastres et de gros sous.

Pour bien faire comprendre ce que c'est que l'argent de chiffres, comment il remplace l'autre et se passe de l'autre facilement, exposer un exemple de transaction. L'achat de l'auto : auto payée sans qu'une piastre change de place (Syllabaire, p. 7).

III. — Naissance de l'argent

(Voir Syllabaire, pages 8, 9, 10, 11, 12)

Puisque l'argent de comptabilité est le plus important et fait marcher l'autre, c'est la naissance de celui-là qui va nous intéresser.

L'argent de comptabilité, comme toute chose hors de Dieu, commence quelque part.

Commence lorsqu'il entre dans un compte sans venir de nulle part. Donc, pas épargne.

L'emprunt à une banque, lorsque la banque ne passe pas d'argent, mais ouvre un compte.

Expliquer l'opération, et faire voir qu'il y a de l'argent où il n'y en avait pas, et qu'il n'en est disparu nulle part ailleurs.

L'État emprunte des banques de la même manière qu'un simple particulier.

Observer la condition de tout emprunt :

rembourser plus que le montant emprunté.

Tout l'argent en circulation y étant venu sous forme de prêt, tout l'argent est dû, et plus que son volume, quelque part, par quelqu'un, à quelque moment, à quelque banque.

Résultats : dette publique croissante inévitable ; dettes privées croissantes ; banqueroutes multipliées. Argent plus que rare. Misère en pleine abondance. Dictature que la pauvreté ou la dette force d'accepter.

IV. — Qui devrait faire l'argent

(Voir Syllabaire, page 14)

Peut-on raisonnablement supposer un instant que, dans un État, l'argent soit fait par des particuliers, à leurs conditions, soumis à leur jugement, demeurant leur propriété, endettant tout le monde, le pays ne marchant qu'avec de l'argent loué, emprunté ?

L'État seul, au nom de toute la société, peut logiquement faire l'argent, non pas d'après les caprices ou les idées des gouvernants, mais d'après les faits de la production et de la consommation. L'argent dépendrait donc de l'état de choses créé par le public lui-même. Analogie avec bons du boulanger, du laitier, etc. (Journal).

Peut-on approuver que l'État délègue ses pouvoirs, puis s'endette envers ceux à qui il a délégué ses pouvoirs ?

V. — À qui l'argent neuf ?

(Voir Syllabaire, pages 15-16)

Peut-on s'imaginer une minute que l'argent qui va être mis au monde dans un pays, pour la bonne marche des affaires du pays, appartienne en naissant à un homme ou un groupe ?

Si cet argent est nécessairement, en naissant, propriété commune, chaque personne doit en tirer avantage.

Montrer l'existence des choses communes : physiques et culturelles. Faire remarquer que le progrès provient surtout de ces choses communes. Et puisque le progrès de la production exige plus d'argent, la part de chacun à cet argent neuf, à son origine, est la part de chacun à une nouvelle conquête du progrès.

Cela ne nuit pas au producteur, au travailleur, puisque, par la vente de ses produits ou de son travail, il va cueillir l'argent qui a été distribué, d'après ses ventes, d'après son travail, — beaucoup mieux qu'aujourd'hui.

Méthode de distribution du dividende. Méthodes peuvent varier. Il est bon d'en exposer une (comme celle des bureaux de poste) pour montrer que c'est facile et que ça fait du bien à tout le monde sans nuire à personne.

VI. — Objections les plus fréquentes

(Syllabaire, pages 18, 19, 20)

Trop d'argent : inflation ! — Oui, mais assez d'argent : équilibre !

Argent doit être basé sur l'or. (Syllabaire, p. 18). Montrer l'exemple des États-Unis qui, avec beaucoup d'or, ont du monde dans le chômage et la misère, faute d'argent ; et l'Allemagne, sans or, a tout le monde à l'ouvrage et produit au maximum. Donc, la base d'or est une duperie.

Abondance d'argent va créer paresse (Syllabaire, page 19).

Argent pour rien, communisme (Syllabaire, page 20). Si la propriété de l'argent neuf a été bien expliquée, cette objection tombe.

VII. — Résultats prévisibles

(Voir Syllabaire, pages 22, 28, 2U, 25, 26)

Familles : le dividende est une allocation familiale.

Travail : le dividende crée augmentation d'achats, donc de commandes, donc d'ouvrage payé. Les ouvriers sont sensibles à cela. Les moralistes aussi.

Vente mieux assurée des produits permet de rencontrer obligations et garder et développer propriété, même libérer des hypothèques. Cultivateurs comprennent.

Orientation de la production : selon les besoins communs, non plus selon les appétits de profit des gros.

L'assainissement de la politique par la suppression de l'importance du patronage.

VIII. — Comment obtenir le Crédit Social

(Syllabaire, page 28)

Le conférencier propagandiste doit se réserver le temps nécessaire pour ce point. La mesure de son succès, c'est le résultat durable que vaudra la lecture du journal après son passage.

Expliquer que, dans une démocratie, l'opinion publique bien éclairée et mobilisée s'impose.

L'opinion publique se forme surtout par un journal d'idées.

Un journal existe : Vers Demain. Reste à le pousser, à le répandre. Signaler indépendance absolue et vigueur combattive et patriotique de Vers Demain.

L'abonnement. Assure la visite régulière de l'instructeur. Forme et ancre les convictions. Fournit arguments. Rétablit les faits.

À quoi sert le dollar :

paie imprimeur et bureau de poste et permet expansion nécessaire de la propagande, pour obtenir résultats décisifs.

Appel pressant à l'abonnement. Question de dignité : se renseigner pour ne plus se laisser rouler. Question de patriotisme. Question de religion : le Pape a condamné le système économique actuel.

Appel final parmi les abonnés pour trouver quelques membres de l'I. A. P.

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