La vie créditiste - Ça marche-t-il ?

Louis Even le dimanche, 15 juin 1941. Dans La vie créditiste

Cette question est souvent posée. Ceux qui lisent le journal VERS DEMAIN savent que ça marche, que le Crédit Social gagne la province.

Nous expliquons en page 7 quel est notre programme spécial pour cette année. Et il a tout l'air de se réaliser.

Les conférenciers lancés dans les paroisses chaque dimanche n'ont point du tout envie de s'arrêter, ni les groupes de ratatiner.

Nous recevions dernièrement une lettre de Ste-Anne-de-Beaupré : "Nous sommes plus déterminés que jamais. Nous avons hâte d'un dimanche à l'autre et regrettons qu'il n'y ait pas plus de dimanches cette année. M. Moreau ne tenait plus en place, il a joint notre équipe. Nous sommes donc maintenant quatre conférenciers au lieu de trois. Pour l'année prochaine, on vous en promet quinze. Dès cette année, les deux comtés de Montmorency et Charlevoix vont être créditistes."

À peine mettions-nous pied à terre à Asbestos lundi dernier, que Mme Gosselin nous pose à brûle-pourpoint la question : "Devinez combien nous avons pris d'abonnements hier ?" Et elle jette sur la table 33 abonnements.

Ce même dimanche, premier juin, 39 conférenciers parlaient du même sujet à la même heure, dans 39 paroisses.

Actuellement en opération, les centres suivants :

              Montréal...................... 6 conférenciers

Québec........................ 6    "

Sherbrooke.................. 9    "

Magog......................... 5    "

Drummondville..............6    "

Asbestos...................... 4    "

Ste-Anne-de-Beaupré.....4    "

Ste-Marie de Beauce...... 2    "

St-Victor de Beauce........1    "

Total............................43 conférenciers

Donc, déjà lancés, 43 conférenciers, sans compter les directeurs de l'Institut. D'autres groupes sont prêts et n'attendent que le mot d'ordre, ou complètent activement leur entraînement pour être en mesure de recevoir le mot d'ordre :

             Hull................................6 conférenciers

Joly...............................3    "

St-Gervais-Bellechasse..3    "

Loretteville....................3    "

St-Basile.......................1    "

Trois-Rivières............... 1    "

Cap-de-la-Madeleine... 1    "

Shawinigan.................. 3    "

Thetford Mines.............3    "

Mégantic.......................3    "

Kamouraska..................3    "

Total.......................................30 conférenciers

Ajoutez ces 30 aux 43 précédents, ça doit faire 73. Et ce n'est pas tout.

À L'HONNEUR

Ont atteint l'objectif de 24 abonnements, les membres de l'Institut dont les noms suivent :

Adrien Gingras, Ste-Anne de la Pérade,            Antonio Fournier, Magog,

Léopold Isabelle, Sherbrooke,                    Narcisse Gosselin, Malartic,

Léopold Villeneuve, St-Joseph d'Alma,            John Moore, Sherbrooke,

Viateur Morin, Sherbrooke,                    J.-A. Brossoit, Montréal,

Albert Banville, St-Pierre, Manitoba,                Roméo Mallette, Taschereau (Abitibi),

Jean-Baptiste Faucher, Loretteville,                L.-P. Bouchard, Québec,

Léo-Paul Carroll, Sherbrooke,                    Henri Morissette, Sherbrooke,

J.-H. Mongrain, Drummondville,                Victor Bégin, Magog,

Étienne Giguère, St-Joseph de Beauce.    

Entraîneurs couronnés

Les entraîneurs dont les noms suivent ont conduit leurs entraînés à leur objectif. La direction de l'institut est heureuse d'offrir à ces entraîneurs une serviette de cuir aux armes de l'institut :

Mme ROSAIRE GOSSELIN, Asbestos,        ALPHONSE PROVENCHER, Sherbrooke.

Les directeurs de l'Institut se rendent en Abitibi, pour lancer sur ce comté et sur le Témiscamingue des conférenciers actuellement à l'entraînement dans quatre ou cinq centres.

Immédiatement après, ce sera le tour du Lac-St-Jean et de Chicoutimi ; là aussi, quatre ou cinq groupes attendent l'heure du départ.

En Gaspésie, un noyau est en fermentation à Cap-Chat.

Nous comptons sur 25 à 30 conférenciers dans ces districts éloignés. Continuez l'addition, et vous touchez le total de 100.

Nous n'avons pas dit le dernier mot, même pour cette saison.

Rien ne peut plus arrêter le travail des missionnaires. La direction de l'Institut elle-même se déclare incapable de les freiner ; elle n'en a d'ailleurs point l'intention.

Histoire vraie

Certaines gens ne lisent pas VERS DEMAIN, mais s'aperçoivent quand même que le Crédit Social marche. Le fait suivant le prouve.

Monsieur G., de St-Alban, comté de Portneuf, est un organisateur libéral.

Or un jour, Monsieur G. reçoit la visite d'un de ses garçons qui réside à St-Raymond de Portneuf. On en vient à causer politique, et le garçon parle de Crédit Social. Le père lui demande : "Tu n'es toujours pas pour te laisser prendre à ces utopies-là ?" — "Mais, papa, je suis créditiste, moi, et créditiste convaincu."

Le lendemain, un second fils de M. G. vient voir son père. Celui-là arrive de Saint-Casimir et ignore complètement les opinions politiques nouvelles de son frère de St-Raymond. Mais celui de Saint-Casimir est lui aussi gagné au Crédit Social et le déclare à son père. Le bonhomme est renversé : Est-il possible de laisser ainsi le beau et grand parti libéral pour des affaires qui ne tiennent pas debout ?

Quelques semaines après, nouvelle visite au foyer paternel. Cette fois, c'est un garçon qui vient de Val d'Or (Abitibi). Le père, qui n'avait pas encore digéré la déconfiture, se hâte d'épancher sa douleur. Pauvre vieux, le garçon de Val d'Or est lui aussi pour le Crédit Social et assure son père que le Crédit Social couvre l'Abitibi.

Un seul espoir reste au papa. Il a un quatrième garçon à St-Cyrille de Wendover, et là au moins le poison ne doit pas avoir pénétré.

Lors donc que le garçon de St-Cyrille s'en vient voir son père à son tour, le fidèle serviteur du parti libéral met son fils au courant de l'ignominieuse apostasie des trois frères. "Toi au moins, tu voudras rester au bercail, les autres me font honte." Et le coup de foudre : "Mais, mon père, il y a longtemps que je ne crois plus à la politique de parti. J'ai compris le Crédit Social et je suis entré dans ce mouvement libérateur. »

Il ne reste plus que le papa à gagner, et ce n'est pas chose impossible.

Abitibi et Témiscamingue

Les progrès de l'idée créditiste en Abitibi sont demeurés remarquables depuis la tournée du directeur de VERS DEMAIN l'an dernier. Des écoles de conférenciers se sont formées à Amos, Taschereau, La Sarre, Malartic, et aussi à Rouyn en Témiscamingue.

Nous serons de nouveau avec ces amis du 16 au 23 juin, cette fois-ci pour mettre les conférenciers à l'œuvre et leur laisser un programme de causeries dominicales pour plusieurs semaines. Toutes les paroisses des deux comtés seront ainsi couvertes par les conférenciers locaux, et un peu plus tard, avant l'automne, on organisera une tournée de couronnement avec des assemblées régionales dans les principaux centres.

Un succès grandiose

L'assemblée de Québec, au marché Saint-Pierre, dimanche soir 8 juin, fut un succès grandiose. L'immense salle archipleine, bon nombre de personnes devant rester debout pendant les trois heures de la soirée.

Pourquoi ce succès ? Sans doute à cause du dévouement et du savoir-faire des organisateurs, M. J.-A. Bissonnette "et ses lieutenants." Mais aussi, parce que l'idée créditiste gagne tout le monde.

Malgré la pluie incessante de la journée, des créditistes venaient de partout, non seulement de Québec et de la banlieue, mais de Portneuf, de Montmorency, de Charlevoix, de Bellechasse, de Dorchester, de la Beauce, de Mégantic, de Lotbinière. Jusque de Thetford ; jusque de St-Prosper de Dorchester.

Tout cela, pas pour un congrès annuel ; pour une simple soirée créditiste montée à quelques jours d'avis.

Mlle Gilberte Côté y fit un brillant exposé du Crédit Social ; M. Louis Even y parla de l'organisation, de la formation d'hommes responsables et des perspectives immédiates ; M. J.-Ernest Grégoire termina par un solide exposé des principes qui doivent présider à l'établissement d'un ordre social humain et chrétien.

Il se fait quelque chose de nouveau et de grand dans la province de Québec, pendant que quelques héberlués se prennent encore au sérieux dans des clubs de Réforme ou de Renaissance, ou dans les Jeunesses Libérales ou Conservatrices. C'est le peuple lui-même qui va voir à son affaire.

Louis Even

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